Bahram Gour

Bahram adresse aux chefs un discours sur la justice

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Lorsque le roi eut terminé l’affaire du Roumi, son esprit s’inquiéta de l’état du peuple.

Il fit venir son conseiller le Mobed et rassembla les grands ; il distribua toute la terre à ces Pehlewans ardents pour les combats ; il donna de l’argent, des chevaux, des sceaux et des diadèmes et aux plus nobles des provinces des couronnes et des trônes.

Il répandit dans le monde la droiture et les grands et les petits étaient heureux sous lui ; il éloigna ceux qui étaient injustes, qui ne donnaient pas librement et avaient la parole froide ; puis il dit aux Mobeds :

Ô hommes habiles, au cœur pur et plein de sens !

Parlez aux grands en toute occasion de ce qu’ont fait les rois justes et injustes.

Bien des rois ont en la main puissante pour le mal, pendant qu’ils restaient eux-mêmes invisibles, dans le repos et le luxe ; le monde était terrifié par les méchants et le cœur des bons se fendait ; toutes les mains étaient

tournées vers les mauvaises actions et personne ne combattait pour l’œuvre de Dieu ; tous avaient pris la voie du Div et les cœurs et les âmes étaient dépravés outre mesure ; personne ne gouvernait les femmes et les enfants et le cœur des hommes purs était plein de chagrin.

Le Div étendait partout ses griffes et les âmes avaient perdu toute crainte du Maître du monde.

La source du bien, la main du mal, la porte du savoir, les efforts de la raison,

. tout repose sur le roi ; c’est par lui que la perversité ou la droiture règnent dans le monde.

Si mon père a commis des injustices, s’il a manqué de vertu, de sagesse et de piété. ne vous en étonnez pas, par l’acier brillant de son esprit était attaqué par la rouille de la folie.

Voyez ce qu’ont fait, depuis Djemschid et le roi Kaous, ceux qui ont suivi la voie du Div ; mon père a choisi la même route et n’a pas lavé son âme sombre avec l’eau de la raison et tous ses sujets ont eu à trembler devant lui et dans sa colère il en a fait périr un grand nombre.

Il est parti et il n’est resté de lui qu’un mauvais renom ; personne ne le bénit, c’est à moi de prononcer des bénédictions sur son âme ; à Dieu ne plaise que les haines qu’il a laissées derrière lui l’assent trembler ses mânes] et maintenant que je suis assis sur son trône, j’espère que son âme trouvera la route du ciel.

J’implore le Créateur du monde, pour qu’il il m’ accorde en toute occasion la force d’être bon pour mes sujets et de convertir la terre vile en musc pur, pour que personne, quand mon corps sera couché dans la poussière, ne puisse saisir le pan de me robe parce que j’aurais manqué de justice n envers lui.

Et vous aussi, couvrez-vous du manteau de la droiture et lavez votre cœur de toute fausseté car personne ne naît de sa mère que pour la mort, qu’il soit de race perse, ou arabe, ou roumie.

La mort se jette sur lui comme un lion et personne ne peut soustraire son cou à ses griffes ; le lion qui déchire tout est sa proie,’et le dragon n’échappe pas à son piège.

Où sont donc ces trônes des rois des rois, où

sont ces grands et ces princes heureux, ces cavatiers et ces hommes qui portaient haut la tête et dont je ne vois plus de trace sur la terre ?

Où sont ces belles aux visages de Péris, qui ont charmé le cœur des grands ?

Sache que quiconque a caché son visage sous le linceul est devenu le compagnon de la poussière.

Aidons tous à ce qui est pur et bon et ne livrons pas le monde à l’action du mal.

Je jure par Dieu, le maître de tout, qui m’a accordé la majesté que donnent le trône, la couronne, la naissance et la race royale, que si un employé fait tort d’unë poignée de poussière à un

1mm placé haut ou bas, je brûlerai son corps dans le feu, ou je le pendrai par le cou au sommet

d’un gibet.

Si un voleur emporte, quand quelques veilles de la nuit sontpassées, un cément en feutre à un pauvre, j’indemniserai le pauvre en pièces d’or de mon trésor, je délivrerai de leur souci les âmes des affligés et si on enlève des moutons d’un troupeau, soit pendant la nuit noire, soit pendant un jour de vent et de neige, je donnerai pour indemnité un cheval de prix et à Dieu ne plaise que j’en demande des remerciements.

Quand on livrera bataille à l’ennemi et qu’un cavalier sera blessé, je lui enverrai en dirhems royaux une année de solde et ne laisserai pas dans la détresse -ses enfants.

Remerciez Dieu, le distributeur de la justice, car il sait de toute éternité ce qui se fait de bien.

Ne touchez pas l’eau et le feu, à moins que vous ne soyez des Hirbeds, voués au culte de Dieu.

Ne versez pas le sang des bœufs de labour, car c’est une honte pour un pays de tuer des bœufs, à moins qu’ils ne soient trop vieux pour travailler et sans valeur aux yeux de leur maître.

De même il ne faut pas tuer des bœufs de bât, l’honneur du pays en souffrirait.

Consultez tous les hommes sages, ne brisez pas le cœur des hommes généreux.

Gardez-vous de vous enivrer si vous êtes vieux, car c’est mal à un vieillard de s’adonner au vin.

Tenezvous loin des pensées qu’inspire le Div ; ne rechere’r chez pas une fête au jour du combat contre l’ennemi. l3 Si je demandais des impôts à mes sujets, je serais abandonné, moi et mon trône d’ivoire, de Dieu, le maître ; et si mon père, Yezdeguerd, a fait du mal, je répands partout la justice en expiatien de ses méfaits, espérant que le Créateur lui pardonnera et lui montrera le chemin de l’enfer au ciel.

Ne commettez jamais de péchés contre Dieu : votre provision pour le départ, quand vous serez vieux, en sera meilleure.

Si le distributeur de la justice nous approuve, il ne faut pas être inquiet de la vie future.

Puissent mes actions vous a rendre tous heureux !

Puissiez-vous tous vous attacher noblement au culte du feu ! »

Tous les grands, à ces paroles du roi, tournèrent leurs cœurs vers le bien et leurs yeux se remplirent de larmes en regardant ce roi d’un esprit si sage et vif.

Ils le bénirent à haute voix et le saluèrent du nom de roi du monde.

Dernière mise à jour : 7 sept. 2021