Bahram Gour

Aventure de Bahram avec Ferschidwerd le chef de village et l'homme qui arrachait les ronces

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Le roi des rois partit avec Rouzbeh de la maison du chef du village, le cœur ouvert et joyeux.

Il alla en causant jusqu’à ce qu’il arrivât dans l’appartement de ses femmes, auprès de ses idoles au parfum de jasmin.

Il y coucha cette nuit et le lendemain de grand matin il se rendit dans la plaine pour chasser.

Le cortège traversa le pays par les routes et par où il n’y avait pas de chemins et l’on resta pendant un mois dans la plaine ; on dressa des tentes et leurs enceintes : et l’on dépeupla de gibier toute la plaine.

Personne ne pensait au sommeil sur cette plaine ; on BAHRAM sous. avait du vin, du gibier, des luths et des rebecs.

On allumait des feux sur tout le désert, on brûlait le bois vert et le bois sec.

Beaucoup de gens vinrent des villes ; tous ceux qui avaient besoin d’or vinrmt.

On achetait et l’on vendait et le désert resplendissait sous cette masse d’hommes.

Les marchands achetaient ; le prix de dix antilopes ou d’un onagre était de quatre dirhem.

Quiconque demandait recevait tant de rôtis de gibier de terre ou d’oiseaux d’eau, qu’il pouvait en emporter chez lui des charges d’âne pour ses enfants et pour ses hôtes., a " Lorsqu’un mois fut passé, Bahram devint impatient, il voulait revoir ses femmes.

Il emmena son escorte du lieu de la chasse ; la route disparaissait sous la poussière que soulevaient les cavaliers ; l’escorte marchait rapidement jusqu’à ce que le visage du jour fût obscurci par la" mut.

Bahram trouva devant lui un gros bourg rempli d’hôtels, de rues et de marchés ; il ordonna à son cortège de passer avec le train et de ne laisser personne en arrière.

Il demanda où était le chef du bourg et se dirigea tout droit vers sa demeure.

Il vit une porte délabrée, large et profonde ; le maître du lieu vint le saluer.

Il lui demanda :

À qui cette maison en ruines et pourquoi cette désolation au milieu du bourg ? »

Le maître dit :

Cette maison est à moi et la mauvaise forrctune est mon guide.

Je n’ai ni vache, ni vêtements, ni âne, ni savoir, ni courage, ni pied, ni aile.

ces Tu m’as vu, regarde maintenant ma demeure, .qu’il vaut mieux maudire que bénir. »

Le roi mit pied à terre et visita la maison ; mais les mains lui tombèrent et les jambes-lui manquè-rent d’étonnement.

Toute la maison était pleine de fiente de moutons et pourtant c’était un palais voûté et un grand édifice.

Il lui dit :

Ô homme qui respectes un hôtel apporte donc quelque chose pour m’asseoir. »

Le maître de la maison répondit :

Tu as tort de te moquer de moi, ô gardien des frontières !

Si j’avais un tapis, mes hôtes m’auraient célébré, mais je n’ai,ni tapis, ni nourriture, ni vêtements, ni lit.

Il vaut mieux que tu cherches un gîte autre part, car ici tout est pauvre. »

Bahram dit :

Cherche donc un coussin pour que je puisse m’asseoir un penny Il répondit :

Ce n’est pas ici un lieu pour se mettre à l’aise ; tu pourrais aussi bien demander du lait d’oiseau qu’un coussin chez moi. »

L’étranger dit :

Apporte-moi du lait chaud et du pain tendre, si tu en trouves»

Il répondit :

Suppose maintenant que tu aies dîné et que tu sois reparti ; et puis bonjour !

Si j’avais du pain, il y aurait de la vie dans mon corps et si j’avais de la vie, cela vaudrait mieux que du pain. »

Bahram lui dit :

Si tu ne possèdes pas de moutous, qui est donc venu dans ta maison répandre cette fiente ? »

Il répondit :

Il fait unit noire et à ? !

Ma tête est rompue de tes discours.

Choisis une maison où il y ait une portière en, feutre et le maître de cette maison te bénira ’être venu.

Pourquoi viens-tu chez un malheureux qui se couche la nuit sur des feuilles d’arbre ?

Tu as une épée d’or et des étriers d’or et il ne faut pas que tu restes où tu dois craindre les voleurs, car une maison en ruine comme celle-ci sert d’abri aux voleurs et aux lions. »

Bahram dit :

Si un voleur pouvait emporter mon épée, il y a longtemps que je ne l’aurais plus sous moi.

Donne-moi pour cette nuit une place dans ta maison et ne nous occupons pas d’autre chose. »

Le maître de la maison répondit :

N’insiste pas là-dessus, car personne n’est reçu chez mois»

Le roi lui dit :

Ô vieillard intelligent, pourquoi es-tu si troublé par ma présence ?

Je pense pourtant que tu me feras la grâce de me donner de l’eau fraîche, ô homme plein de noblesse ! »

Le maître de la maison répondit :

Est-ce que tu n’as pas vu ce réservoir à un peu plus de deux portées de flèche d’ici ?

Bois ce que tu veux et emportesen.

Mais que veux-tu dans cette maison dénuée de tout ?

N’as-tu jamais vu un homme pauvre que la vieillesse rend incapable de travail?w Bahram dit :

Si tu es un homme de rang, ne te fais pas une querelle avec un homme armé, pour un peu d’eau.

Comment t’appelles-tu ? »

Il répliqua :

Ferschidwerd et je n’ai ni terres, ni

[

5 vêtements, ni eau, ni rien à manger. »

Bahram lui dit :

Pourquoi ne cherches-tu pas à gagner du pain et à te procurer du repos ? »

Le maître de la maison répondit :

Dieu, le père nourricier, mettra peut-être lin à mon triste sort et si je vois ma maison délivrée de toi, j’en rendrai grâce amen Dieu.

Pourquoi viens-tu dans une maison vide ?

Puisses-tu n’avoir jamais ni pouvoir ni bonheur ! »

En disant cela il se mit à pleurer si amèrement que le roi s’enfuit devant ses sanglots ; il continua sa route en riant de ce vieillard et son escorte le rejoignit peu à peu.

Lorsqu’il quitta ce bourg notable il trouva un pays couvert d’épines.

Un homme en coupait avec une hache et le roi quitta son escorte pour aller vers lui.

Il lui dit :

Ô ennemi des épines !

Connais-tu l’homme le plus considérable dans cette ville ? »

Il répondit :

C’est Ferschidwerd, un homme avide qui ne se permet ni de dormir ni de manger.

Il doit avoir cent mille moutons et le dixième de ce nombre de chameaux et autant de chevaux.

La terre est pleine de l’or qu’il enfouit : puisse-HI n’avoir ni moelle dans ses os ni peau dans son corps !

Son estomac est affamé, son corps est un ; il n’a ni enfants et alliés, ni amis et dépendants.

S’il vendait ses terres labourées, il remplirait de joyaux toute une maison.

Tous ses pâtres font cuire de la viande dans du lait et lui mange du pain de millet avec du fromage.

Jamais il n’a

-en en même temps deux vêtements, car il est dur même pour son corps. »

Le roi dit au bûcheron :

Tu connais le nombre de ses moutons, mais sais-tu où se trouvent ses troupeaux de chevaux et de chameaux qui courent librement ? »

Le bûcheron dit :

L’endroit on sont ses chameaux et ses moutons n’est pas loin d’ici, mais mon cœur est en peine du mal qu’il pourrait me faire. »

Le roi lui donna quelques pièces d’or et lui dit :

Tu vas devenir un personnage. »

Il fit appeler un homme savant de son cortège, du nom de Behrouz, un cavalier, un homme vaillant qui charmait les cœurs.

Il l’envoya avec cent cavaliers illustres qu’il avait choisis comme propres aux affaires ; et un scribe devait tout surveiller, un homme conscien-cieux qui savait tenir des comptes.

Puis le roi dit au bûcheron :

Mets-toi en route ; tu es venu chercher des épines, va récolter de l’or : un centième de ces richesses sera à toi.

Va montrer à ces hommes le chemin. »

Le nom du bûcheron était Dilafrouz ; c’était un homme à la démarche fière et fort de corps.

Le roi lui donna un cheval magnifique et lui dit :

Il faut que tu te fasses le compagnon du vent. »

Il avait été Dilafrouz (la lumière des cœurs), il devint Gnitiafrouz (la lumière du monde) et partit triomphant pour cette affaire.

Il conduisit la troupe dans les montagnes et les plaines où se trouvaient des troufifi.

Peaux de moutons innombrables.

Il y avait dans la plaine dix caravanes de chameaux, chacune avec un chamelier et le scribe écrivit sur ses listes douze mille bœufs de labour et vaches à lait ; ensuite il écrivit le nombre de deux fois dix mille pour les chevaux et les chameaux.

Tente la plaine était creusée par les sabots des chevaux ; les jarres étaient pleines de beurre de vache et dans ces montagnes il y avait trois cent mille charges ’âne de lait tant caillé que séché.

Partout dans les plaines, les montagnes et le désert, il y avait des demeures dont personne dans le monde ne savait le nom.

Behrouz fils de Hour écrivit une lettre à Bahram Gour, le roi des rois, commençant par les louanges du Créateur, le victorieux, le père nourricier de tous;-ensuite il bénit le roi qui avait diminué les peines des hommes, puis il dit :

Ô roi du monde !

Les grands et les petits jouissent du bonheur sous toi ; ta justice dépasse tellement toute mesure que ce qu’il y a de mieux à faire est de se taire.

Toute chose dans le monde doit avoir sa mesure, mais il est bon que le bonheur du roi dépasse toute mesure.

Ferschidwerd est un homme inconnu dans les lieux des fêtes et sur les champs de combat ; personne ne sait son nom parmi les grands et les petits ; il ne reconnaît ni le roi ni Dieu ; il ne sait rendre grâce pour quoi que ce soit.

Pendant qu’il couvre de ses richesses la terre, il a la main vide et se

: lient caché plein de soucis et son injustice égale. la justice du roi.

Veuille bien ne pas me compter comme une faute une parole hardie.

Fonde un trésor avec ces richesses, qui exigeront trois ans pour être mises en ordre.

J’ai fait venir des scribes du dehors et les ai établis sur ce mont Alborz.

La somme des trésors de cet homme n’est pas encore connue et déjà le dos des scribes se courbe et l’on me dit qu’il a caché sous terre plus d’or et de joyaux que ce que nous avons trouvé.

Je reste sur la montagne, tenant. les yeux sur la route en attendant les ordres du roi.

Mes bénédictions sur le roi de l’Iran ; puisse-t-il vivre aussi longtemps que sen nom forme la trame et la chaîne du monde ! »

Il lança un dromadaire rapide sur la route pour faire porter cette lettre au roi.

Lorsque Bahram Cour lut cette lettre, son cœur fut troublé de ce qu’il lisait.

Il devint sombre, ses yeux se remplirent de larmes et il fronça ses sourcils farouches.

Il ordonna à un scribe de venir auprès de lui et demanda un roseau roumi et de la soie de Chine.

Il rendit d’abord hommage au Créateur, le maître victorieux, le père nourricier du monde, le maître du savoir et de la gloire, maître du diadème des rois des rois.

Puis, il continua : Tu m’écris que, si j’étais juste, j’effaceæ rais à l’instant cet homme de la lista des vivants.

Mais il n’a pas amassé par le vol et le meurtre et n’a entraîné personne à faire du mal : c’est un homme

. »

I qui n’a en du respect pour rien et n’a en dans le cœur aucune crainte de Dieu ; il n’a été que le gardien de ces trésors et son cœur et son âme périssent dans son désir d’accumuler.

Qu’importe qu’il y ait des loups ou des moutons sur ces plaines, s’ils ne servent à rien et ne profitent à personne ?

Qu’importe qu’il y ait sous terre des pierres ou des joyaux, s’ils ne donnent aux hommes ni nourriture ni vêtement ?

Mais je n’emploierai pas ce a été amassé avec tant de peine à fonder un trésor ; ne veux pas attacher mon cœur à cette demeure passagère.

Feridoun a disparu du monde, de même Iredj, Selm et Tour ne sont plus au nombre des grands ; ni Kaous, ni Keïkobad, ni les hommes illustres dont nous connaissons le nom, ni mon père qui me remplissait le cœur de douleur, un homme sans justice et sans générosité.

Aucun de ces grands ne survit et personne ne peut en faire un reproche au Maître du monde.

Réunis donc toutes ces richesses, distribue-les et ne garde pas pour toi un seul poil.

A ceux qui cachent leurs besoins et ont de la peine à se tirer de la misère, aux vieillards qui ne peuvent plus travailler et sont méprisés par les riches, à ceux qui, ayant de la fortune, l’ont dépensée et restent avec leurs chagrins et leurs soupirs, à ceux qui sont endettés et n’ont ni argent ni amis parmi les marchands, aux enfants que tu trouveras orphelins, dont le père est mort, qui n’ont ni argent ni or, enfin aux femmes qui n’ont ni mari, ni vêtements, ni métier, ni travail, donne-leur toutes ces richesses et réjouis iles cœurs de ces malheureux.

Quand tu seras de retour à la ville, ne t’inquiète pas des trésors cachés.

L’or que Ferschidwerd aura enterré, laisse-le-lui, pour qu’il ait une consolation.

L’or et les joyaux sont pour lui comme de la poussière, il ne sait que les mettre dans une fosse.

Puisse le ciel qui tourne t’être favorable !

Puisses-tu n’agir qu’avec justice et conscience ! »

On apposa le sceau du roi sur la lettre et le messager s’en retourna et se remit en chemin.

Dernière mise à jour : 7 sept. 2021