Ardeschir Babekan

Ardeschir organise l'administration de son empire

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Écoute maintenant ce que j’ai à te dire de la justice et de l’intelligence d’Ardeschir, des règles qu’il suivit en faisant le bien partout, de sa grandeur et de son habileté et souviens-toi de tout.

Il se donna beaucoup de peine et établit de bons règlements, il répandit sur tous son affection et sa justice.

Quand il désirait augmenter l’armée au siège de l’empire, il envoyait de tous côtés des messagers, faisant proclamer :

Quiconque a un fils, qu’il ne lui permette pas de grandir sans faire quelque chose ; qu’il lui enseigne d’aller à cheval et la manière de se battre avec la massue, l’arc et les flèches de bois de peuplier. »

Quand un jeune homme avait acquis de la force par ces exercices et qu’il était devenu irréprochable dans chaque partie, il venait de la province à la cour du roi, il se rendait à l’illustre siège de l’empire.

L’inspecteur de l’armée inscrivait alors son nom, le portait sur le rôle et lui assignait une demeure et un lieu pour ses exercices.

Quand une guerre éclatait, les jeunes gens partaient de la cour avec un Pehlewan, un noble Mobed expérimenté et ambitieux de se distinguer.

Avec chaque millier de ces jeunes gens partait un surveillant qui les observait et si quelqu’un était allé mollement au combat et ne s’était pas comporté vaillamment, le surveillant faisait un rapport au roi, tant sur les gens sans valeur que sur ceux qui avaient montré de la bravoure.

Quand le maître du monde avait lu la lettre, il faisait asseoir devant lui le messager, préparait des présents pour ceux qui avaient bien fait et choisissait pour eux ce qu’il y avait de plus précieux dans le trésor ; puis il notait ceux qui s’étaient mal comportés et ils ne reparaissaient jamais dans les combats.

Il continua ainsi jusqu’à ce que son armée fût telle que les astres n’en avaient jamais vu de plus grande.

S’il y avait un homme de bon conseil, le roi ’ l’élevait au-dessus de la foule et des hérauts faisaient le tour du camp et proclamaient :

Ô hommes illustres et guerriers du roi !

Quiconque s’est rendu digne de la faveur du roi et a inondé la terre du sang des braves, recevra de moi une robe d’honneur royale et son nom restera dans la mémoire des hommes. »

C’est ainsi qu’il maintint l’ordre dans le monde enlier par son armée ; il fut le pâtre et les hommes belliqueux furent son troupeau.

Maintenant fais attention aux arrangements d’Ardeschir et comment il organisa le traK’ail des écrivains dans ses bureaux.

Il y prenait des hommes entendus et ne confiait pas d’affaires aux ignorants ; il chargeait du style et des écritures des hommes qui en étaient maîtres au dernier point et quand un chef se distinguait, le roi des rois augmentait son salaire ; mais quiconque était inférieur en écriture ou en intelligence n’entrait pas dans les bureaux d’Ardeschir ; on l’employait chez les gouverneurs des provinces et les bons écrivains restaient près d’Ardeschir.

Quand il voyait à la Cour un bon écrivain, il le louait, disant :

Un comptable qui fait rentrer l’argent dans le trésor, puis le répand avec intelligence et en se donnant de la peine, fait prospérer le pays et l’armée et soulage les sujets qui demandent du secours.

Les écrivains sont comme les tendons de mon âme ; ils sont, à mon inéu, les maîtres de l’empire. »

Quand un gouverneur partait pour une province, le roi lui disait :

Ï Méprise l’argent, ne vends pas les hommes pour acquérir des trésors, car cette demeure passagère ne resteà personne.

Recherche la droiture et la sagesse et que l’avidité et la folie restent loin de toi ; n’emmène personne de tes alliés et parents, l’escorte que je te donne est un appui suffisant.

Donne chaque mois de l’argent aux pau-vres, ne donne rien aux méchants.

Si tu rends prospère le ays par ta justice, tu resteras prospère toi-même cl) heureux par ta justice ; mais si le sommeil d’un seul pauvre est troublé par la peur, c’est que tu as vendu ton âme pour de l’or et de l’argent. »

Quand un homme venait à la cour du roi pour une affaire importante ou pour demander justice, les confidents du roi allaient le voir et le questionnaient sur les gouverneurs, s’ils rendaient justice, ou s’ils se livraient à leurs passions, ou si quelqu’un se couchait dans l’allliction par suite de leur injustice.

Ils s’enquéraient des hommes savants du pays, ou de ceux qui par pauvreté restaient dans l’obscurité ; ils demandaient qui était digne des faveurs du roi, que ce fût un vieillard de grande famille ou un homme de probité, car le roi disait :

Personne ne doit jouir des fruits de mes travaux ni de mes trésors, si ce n’est les hommes savants et qui savent observer ; car qu’y a-t-il de mieux qu’un vieillard savant ?

Je ; recherche les hommes qui ont de l’expérience et les jeunes gens d’élite et travailleurs et je trouve bon de donner à la jeunesse quia de la sagesse et est avide d’apprendre, la place qu’on assigne aux vieillards Quand son armée allait combattre quelque part, il agissait avec prudence et sans précipitation.

Il prenait pour envoyé un écrivain intelligent, savant et bon observateur et le chargeait d’un message cour-tois et selon les règles, pour qu’il n’y eût pas de guerre injuste.

Le messager se rendait auprès des ennemis pour apprendre leurs pensées secrètes.

Il écoutait leurs paroles ; s’ils avaient du sens’et tenaient pour un malheur les soucis, les fatigues et les calamités de la gume, ils recevaient des robes d’honneur royales, un trailé, des lettres patentes et des présents.

Mais si leurs têtes étaient enflammées de colère, leurs âmes pleines de rancune, leurs cœurs bouillants de sang, le roi payait la solde à toute l’armée, pour qu’il n’y eût pas de mécontents, choisissait un Pehlewan désireux de gloire, prudent, attentif et calme et un employé civil, sachant les règles et habile, qui devait surveiller les méfaits commis dans l’armée, puis il faisait monter sur un éléphant un homme dont on entendait la voix à deux milles et qui criait :

Ô guerriers illustres, vous tous qui avez du cœur, du renom et de l’honneur !

Il ne faut pas qu’un seul homme, soit pauvre, soit illustre et riche, ait à se plaindre de vous.

À chaque station vous mangerez en payant ct en respectant

le peuple et quiconque adore Dieu s’abstiendra de s’emparer de ce qui appartient à autrui.

Quiconque montrera son dos à l’ennemi aura un sort malheureux ; il creusera sa tombe de ses propres mains, ou des chaînes useront sa poitrine et ses membres, ou son nom sera rayé des rôles, sa nourriture sera la poussière, son lit sera la terre sombre. »

Le roi disait au chef de l’armée :

Ne sois pas faible, mais garde-toi de la colère et de la précipitation.

Place toujours les éléphants au-devant de l’armée, envoie des éclaireurs à quatre milles de distance ; le jour de la lutte et de la gloire étant arrivé, parcours ton armée, fais sentir à tes troupes leur dignité, explique-leur le devoir qu’elles ont à remplir sur le champ de bataille, promets en mon nom des robes d’honneur pour tous, vieux et jeunes.

Envoie d’abord cent chevaux pour provoquer l’en-Demi et cent autres à une petite distance au-devant de l’armée ; mais quand on commence des deux côtés à se battre, ne laisse pas, si nombreuse que soit ton armée, les héros avides de combat s’élancer et dégarnir ton centre ; fais que ton aile gauche combatte en masse serrée l’aile droite de l’ennemi, de même ton aile droite son aile gauche et que tous luttent leurs cœurs battant à l’unisson.

Le centre de l’armée restera immobile, pas un homme ne le quittera, ce n’est que lorsque le centre de l’ennemi s’ébranlera, que tu l’avanceras avec le tien.

Quand tu es victorieux, ne verse plus le sang de personne, puisque tes ennemis s’enfuient ; si l’un d’eux demande pardon, accorde-le-lui et renonce à la vengeance.

Quand tu vois le dos de l’ennemi, ne te hâte pas et ne quitte pas ta position, car tu dois soupçonner une embuscade et le champ de bataille doit rester occupé par l’armée ; mais si tu es rassuré contre une embuscade de l’ennemi, alors agis sans écouter l’avis de qui que ce soit.

Distrihue le butin à ceux qui se sont battus et qui bravement ont. mis en péril leur douce vie.

Tous les prisonniers qui tomberont entre tes mains, amène-les sans faute à ma cour ; je ferai construire pour eux une grande ville, dans un lieu qui était un hallier.

Ne dévie en aucune façon de ces conseils, si tu veux t’épargner de la peine et du dommage et lorsque tu es victorieux, tourne-toi vers Dieu, car, n’en doute pas, c’est lui qui est ton guide. »

I Quand un ambassadeur arrivait de quelque part que ce fût, du pays des Turks ou du Roum, ou d’un, pays perse, le gardien des frontières en recevait des nouvelles et ne négligeait pas une pareille affaire.

L’envoyé trouvait partout sur sa route des logis préparés, c’était un soin dont les gouverneurs étaient chargés ; il n’y manquait ni les vêtements, ni la nourriture, ni les tapis.

Quand l’administrateur de la province avait appris pourquoi il se rendait auprès du roi, il faisait partir pour la cour d’Ardeschir un eut--

Ployé sur un dromadaire qui portait haut la tête, pour qu’on envoyât un cortège au-devant de l’étranger.

Le roi faisait alors préparer son trône de turquoises, plaçait sur deux rangs des serviteurs couverts de vêtements brodés d’or et appelait auprès de lui l’env voyé, le faisait asseoir sur un trône d’or et lui adressait des questions sur tous ses secrets, sur le bonheur et le malheur qu’il avait éprouvés, sur son nom et son renom, sur ce qui se faisait de juste et d’injuste dans son pays, sur les coutumes, le roi et son armée.

Il le faisait conduire dans un palais avec la pompe qui était due à un ambassadeur et le pourvoyait de tout ce qu’il fallait.

Ensuite, il l’invitait à sa table et à boire avec lui et le faisait asseoir sur un trône d’or ; il l’emmenait avec lui à de grandes chasses, pour lesquelles il réunissait une escorte innombrable et le congédiait : comme l’exigeait son rang d’ambassadeur, en lui donnant une robe d’honneur royale. »

Il envoyait de tous les côtés des Mobeds bienveillants, le cœur éveillé et pleins d’intelligence et dépensa de grands trésors pour leur faire fonder partout des villes, afin de pouvoir donner de la nourriture et une demeure à quiconque était sans toit et sans ressources et à qui la fortune était contraire, pour que le nombre de ses sujets en fût augmenté.

Son nom sera béni dans le. monde, en public et en secret.

Il n’y a sur terre qu’un seul roi qui lui ressemble et qui rappelle aux hommes son souvenir.

Je cherche sincèrement à faire vivre son nom ; puisse-l-il être heureux jusqu’à sa fin !

Regarde les merveilles qu’Ardeschir a produites par sa justice, qui a rendu la terre florissante.

Il parlait en secret à beaucoup de monde ; il avait partout des agents qui lui faisaient des rapports et quand un homme riche perdait sa fortune. le roi, aussitôt qu’il l’apprenait, relevait ses affaires convenablement et ne le laissait pas dans ce triste état ; il lui donnait des terres fertiles, une demeure, des serviteurs et des subordonnés et arrangeait tout comme il le fallait, sans que la ville fût mise dans le secret ; enfin il pla-çait ses enfants entre les mains de maîtres, s’ils avaient de l’intelligence.

Il établissait une école et un lieu pour le culte du feu dans chaque rue.

Il ne laissait aucune personne dans le besoin, à moins qu’elle ne cachât elle-même sa détresse.

Il rendait la justice sans acception de la personne, que ce fût un pauvre ou le fils d’un ami ; le monde devint prospère par sa justice et le cœur de ses sujets en fut réjoui.

Quand le maître du monde’est le compagnon de la justice, le temps ne peut pas effacer sa trace.

Réfléchis sur les règles suivies par ce noble homme et quels solides fondements de gloire il a jetés !

Il avait dans le monde entier des émissaires intelligents, qui avaient les yeux ouverts et observaient tout ; quand ils lui faisaient connaître un lieu ruiné ou dont le ruisseau manquait d’eau, il accordait une uti Il remise d’impôts et ne trouvait pas au-dessous de lui de ménager les terres de qui que ce fût.

Quand un propriétaire s’était appauvri et que sa substance avait disparu, il lui donnait de son trésor des instruments et du cheptel et ne permettait pas que sa trace disparût du pays. Écoute, ô roi, les paroles d’un prince sage et rends prospère le monde de la même manière.

Si tu veux être libre de difficultés et de toute vexation et remplir ton trésor sans faire de la peine aux hommes, gardevtoi d’opprimer tes sujets et chacun bénira ta justice.

Dernière mise à jour : 7 sept. 2021