Yezdeguerd le méchant

Yezdeguerd charge Mondhir et Noman d'élever son fils Bahram

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Lorsque lYezdeguerd eut entendu ce discours, il rassembla tout ce qu’il avait de sens et d’esprit ; il comprit quelle devait être la fin de ce commencement, ’et remit à Mondhir le noble Bahram.

Il ordonna qu’on lui préparât un présent et qu’on exaltât sa tête jusqu’au ciel.

On couvrit Mondhir b d’une robe d’honneur, on fit venir à la porte du roi le cheval du roi du Yémen ; depuis le palais jusque dans la plaine tout n’était que chevaux, chameaux et litières qui passaient ; des serviteurs et des nourrices sans nombre remplissaient l’espace depuis le marché jusqu’à la porte du roi, et, des portes de la ville jusqu’à la cour du roi, les bazars étaient parés pour la fête.

Quand Mondhir arriva’dans le pays de Yémen, tous, hommes et femmes, allèrent à sa rencontre.

Aussitôt qu’il fut arrivé dans sa demeure, il fit appeler beaucoup de cavaliers choisis ; il réunit les plus puissants et les plus influents parmi les Perses et les Arabes et parmi les hommes riches et choisit dans les familles de ces grands quatre femmes dont la naissance noble était connue, deux Arabes et deux Perses de la famille des Keïanides et qui étaient prêtes à servir de nourrices.

Elles gardèrent l’enfant ainsi pendant quatre ans ; lorsqu’il eut assez vécu de lait et que ses membres se furent développés, elles le sevrèrent avec difficulté et l’élevèrent délicatement sur leurs genoux.

Lorsqu’il eut sept ans, il interpella Mondhir : Est-ce ainsi qu’on doit agir envers un prince ? »

Puis, il continua : Ô prince qui portes haut la tête, ne me traite pas comme un enfant à la. mamelle !

Remets-moi à des maîtres savants, car il est temps que je m’instruise. », Mondhir répondit :

Ô noble enfant !

Tu n’as pas encore besoin de devenir savant.

Quand le temps de l’instruction sera arrivé pour" toi et que tu au-

ras envie de devenir savant, je ne te laisserai plus te livrer au jeu dans le palais, mais c’est en jouant que tu grandiras. »

Bahram répliqua :

Ne fais pas

’ de moi un enfant désœuvré.

J’ai de l’intelligence, quoique je sois jeune et que ma poitrine et mes membres ne soient pas encore ceux d’un héros.

Tu es vieux, mais tu manques d’intelligence et ma nature ne s’accommode pas de tes plans.

Ne sais-tu pas que celui qui sait chercher le vrai moment choisit toujours parmi les affaires celle qui doit être faite la première et si tu choisis le véritable moment, tu épargneras à ton cœur les soucis ; ’

mais ce qu’on fait hors de son temps ne porte pas fruit ; c’est la tête qui est la meilleure partie du corps d’un homme.

Il est juste que tu me fasses instruire de façon que je sache tout ce que doit savoir un roi.

Le commencement de la droiture est le savoir et heureux celui qui dès le commencement a en vue la fin. »

-Mondhir le regarda avec étonnement et prononça entre ses lèvres le nom de Dieu.

Il envoya à l’instant dans le Souristan un messager rapide monté sur un dromadaire.

Celui-ci observa troisMobeds très-instruits et jouissant dans le Souristan d’une grande réputation, l’un qui pouvait instruire le prince dans les lettres et dissiper les ténèbres de son esprit ; A l’autre qui lui enseignerait à chasser au faucon et au guépard, pour que son cœur s’en réjouît, ensuite à jouer aux raquettes, à tirer de l’arc et des flèches, à se battre à l’épée avec un ennemi, à faire la voltige à droite et à gauche et à porter hanLIa tête au milieu des braves ; le troisième, qui devait. parler à Bahram de tout ce qu’il savait des affaires du monde sur les devoirs d’un roi des rois et sur ce qu’avait à dire et à fairetun administrateur.

Ces Mobeds arrivèrent auprès de Mondhir, lui explique»

Rent ce qu’ils savaient et il leur confia le prince, car il était lui-même ami de l’instruction et un vail- Bahram, le fils du roi, devint bientôt tel que par lant homme.

I - ses talents il pouvait faire son devoir d’homme ; quand il entendait parler d’un haut fait, son esprit aspirait à apprendre à faire de même.

Quand cet eul’ant illustre eut deux fois six ans, c’était un brave plein de cœur, au visage de soleil ; il n’avait plus besoin de ses Mobeds pour l’instruction, pour le jeu des raquettes, pour la chasse au guépard et au fau-con, pour manier les rênes sur le champ de bataille, pour lancer son cheval et pour attaquer.

Il dit à Mondhir :

Ô homme aux intentions pures !

Renvoie mes maîtres. »

Mondhir fit à chacun d’eux beaucoup de présents et ils partirent de sa cour le cœur en Ensuite le prince dit à Mondhir :

Fais demander joie. »

ü03 des chevaux aux cavaliers armés de lances, dis-leur de faire leurs exercices devant moi et de se menacer avec la pointe de leurs lances.

Ils fixeront le prix des chevaux qui me plairont ; je leur donnerai plus d’argent qu’ils n’en demanderont. »

Mondhir répondit :

Ô vaillant prince qui recherches la gloire !

Le chef de mon haras est à tes ordres et le maître de ces chevaux est à toi de tout son cœur.

Si tu achètes des chevaux chez les Arabes, pourquoi me suis-je donné tant de peine à en avoir de bons ? »

Bahram lui dit :

Ô homme au nom honoré, puisse le monde toujours remplir tes désirs !

Je veux a choisir un cheval que je puisse lancer à la descente sans avoir besoin de m’occuper des rênes, de peut. qu’il ne tombe ; quand je lui aurai ainsi donné le pied sur, malgré sa rapidité, j’en ferai le rival du ventaux faire : de Naurouz ; mais il ne faut pas forcer un cheval qu’on n’a pas mis à l’épreuve. »

Mondhir ordonna à Noman d’aller choisir un troupeau de chevaux parmi les vaillants maîtres de haras, de traverser tout le désert des hommes armés de lances et de voir partout qui avait des chevaux de bataille.

Noman partit et ramena cent chevaux qu’il avait choisis parmi les troupeaux des hommes de guerre.

Quand Bahram les vit, il se rendit dans la plaine, allant à droite et à gauche et tournant longtemps parmi les chevaux ; mais les chevaux qui égalaient le vent par leur vitesse, montés par Bah-.

Ram, se trouvaient sans force.

À la fin, il choisit un alezan à crinière noire, aux pieds de vent, au large poitrail et un bai brun à queue noire, avec d’autres marques, on aurait dit un crocodile qui sortait du fleuve ; ses sabots faisaient jaillir des étincelles et le sang tombait en gouttes de son poitrail, brillant comme le rubis.

Mondhir les paya selon leur valeur ; ils venaient des forêts de Koufah.

Bahram reçut de lui ces deux chevaux brillants comme AdergousMcondhir le gardasit copmme.une pIomme fraîche, p our jeune homme lui dit :

Ô homme intelligent et à l’esprit serein !

Tu me gardes ainsi sans raison ; par excès de soin tu ne me quittes pas un instant ; mais parmi tout ce que tu vois dans le monde, il n’y a pas un cœur qui n’ait son secret.

Les joues des hommes jaunissent par les soucis et c’est par la joie que prospère une nature noble ; or rien ne répand la joie comme une belle femme, car la femme est secourable dans les peines ; une femme calme les passions d’un jeune homme, qu’il porte une couronne ou qu’il soit Pehlewan ; elle lui inspire le culte de Dieu, elle est son guide pour tout ce qui est bien.

Ordonne donc qu’on amène cinq. ou six, qu’a ucun s ouill ne le tou jeunes filles, gracieuses et avec des visages de soleil ; j’en choisirai une ou deux, pour que mes pensées se tournent vers les grâces dues à Dieu et chât.

Or un jour le â05 dans l’espoir de me voir naître un enfant, ce qui le : rendra un peu de calme à mon cœur.

Le roi sera alors content de moi et toute la cour me glorifiera. »

Lorsque Mondhir eut entendu les paroles du jeune homme, le vieillard le bénit ; il ordonna qu’un homme bon coureur allât en toute hâte au dépôt d’un marchand d’esclaves.

Il amena quarante jeunes filles roumies, toutes désirables et propres à satisfaire le cœur et Bahram choisit de ces belles jeunes filles deux à la peau de rose et aux os d’ivoire, à la taille de cyprès élancés, toutes pleines de charmes de grâce et de dignité.

Une de ces deux étoiles jouait du luth, l’autre avait des joues de tulipe et ressemblait au canope du Yémen ; sa taille était celle des cyprès, les boucles de ses cheveux étaient des lacets. (Mondhir paya le prix quand le jeune homme eut fait son choix.

Bahram sourit et lui rendit grâce ; sa joue devint comme un rubis du Badakschan.

Dernière mise à jour : 7 sept. 2021