Yezdeguerd fils de Bahram Gour

Commencement du récit

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Lorsque Yezdeguerd devint roi du monde, il réunit son armée dispersée ; les Mobeds et les nobles, les grands et les hommes intelligents, dignes du commandement, s’assirent devant lui ; le prince monta sur le trône d’or ; il ferma la porte des peines et lia la main du mal en commençant à parler ainsi :

Celui qui renonce à ses péchés n’a plus à craindre un vengeur ; quiconque laisse son cœur s’obscurcir par l’envie souffre des douleurs dont il cherchera le remède auprès du Div ; car l’envie fait naître l’avidité, l’ardeur et les désirs et un homme passionné devient un Div qui ne cherche que la vengeance.

Ne fais à personne de la peine pour une chose qui te déplaît.

La douceur est la sœur de la raison et la raison est le diadème que le savoir porte sur la tête.

Si tu fais du bien à quelqu’un, ne le lui reproche pas, pour ne pas briser son cœur.

Si tu es bienfaisant et patient, tu ne seras jamais méprisable aux yeux des hommes qui ont de l’intelligence.

Si la fortune victorieuse vient à mon aide, si elle satisfait mes désirs dans le monde, j’agirai dans ma justice de manière que le livre qui énumère mes actions n’ait rien de pervers à raconter.

Il gouverna pendant quelque temps le monde avec équité ; son époque était heureuse par lui et lui aussi était heureux.

Il envoya de tous côtés des armées innombrables pour protéger l’empire contre tout ennemi.

Dix-huit ans ayant passé sur sa tête, il sentit son diadème s’obscurcir, soupira, fit appeler les grands et les sages, les fit asseoir sur leurs talons devant le trône d’or et leur dit :

La roue du ciel, qui ne s’arrête jamais, ne connaît ni les fils ni les pères ; elle ne respecte pas la couronne des rois puissants, elle fait la chasse à tout gibier qu’elle rencontre.

Maintenant mes jours sont finis et mes forces sont brisées.

Je donne le diadème et le sceau à Hormuz, de même l’armée, le trésor et le pays d’Iran.

Écoutez mes paroles et obéissez et que mes ordres donnent du repos à vos âmes.

Il est vrai que Pirouz, qui est puissant et fort, a quelques années de plus que Hormuz, mais je trouve en Hormuz de la douceur, de l’intelligence, de la modestie et du mérite.

Il parla ainsi et vit encore une semaine, puis il mourut et le trône le pleura longtemps.

Que tu vives cent ans ou vingt-cinq, il faut quitter cette demeure passagère, car tout ce qui peut se compter ne doit pas être regardé comme une chose durable.

Dernière mise à jour : 7 sept. 2021