Yezdegird

Yezdegird arrive à Thous où il est reçu par Mahouï Souri

...

Le roi fit donner par les tambours le signal du départ et se rendit à Thous par Bust et Nischapour.

Mahouï Souri, apprenant que l’armée royale était entrée sur le territoire de Thous, alla à sa rencontre avec une nombreuse escorte de guerriers revêtus de cuirasses et armés de lances.

Aussitôt que le roi apparut dans la majesté de son cortège, sous l’étendard royal et entouré de ses guerriers, Mahouï mit pied à terre et donna, comme un humble sujet, les marques du respect et de l'obéissance.

Il s’avança lentement sur le sol brûlant et l’émotion remplit ses yeux de larmes ; il baisa la terre, rendit au roi les honneurs divins et resta longtemps debout en sa présence, pendant que ses troupes acclamaient le roi et courbaient successivement leur front dans la poussière.

Farrukhzad, dès qu’il vit Mahouï, fit ranger son armée en files régulières ; il se réjouit en son cœur de la conduite de Mahouï, lui fit beaucoup de sages recommandations, et, lui révélant ses projets les plus secrets, il ajouta :

Je mets sous ta protection ce roi de la famille des Keïanides, afin que tu prennes les armes pour sa défense ; il ne faut pas que le vent du malheur souffle sur lui, ni qu’un autre que toi devienne son protecteur.

Quant à moi, mon devoir m’appelle dans le pays de Rey et j’ignore si je ne reverrai jamais cette couronne royale, car plusieurs de mes compagnons d’armes ont péri en combattant les Arabes porteurs de lances.

Rustem n’avait pas d’égal au monde, personne n’avait entendu parler d’un guerrier tel que lui et pourtant il est tombé sous les coups d’un de ces hommes à face de corbeau et le jour de sa mort a été un désastre pour nous. Que Dieu mette ce héros parmi ses élus et qu’il punisse les sinistres corbeaux par le supplice des lances !

Mahouï répondit :

Sache bien, ô Pehlewan, que le roi m’est aussi cher que mes yeux et que ma vie ; j’accepte ta demande de protection, je prends sous ma sauvegarde ta fortune et ton roi.

Alors Farrukhzad, fils de Hormuzd, s’éloignant, prit le chemin de Rey, pour obéir aux ordres du roi.

Mais bientôt après le perfide Mahouï renonça à ses dispositions bienveillantes, il convoita le trône dans le silence des nuits et changea complétement de ton et d’allures ; enfin il feignit pendant quelque temps d’être malade et négligea de rendre hommage au grand roi.

Dernière mise à jour : 7 janv. 2022