Kesra Nouschirwan

Ram Berzin se prépare à la guerre contre Nouschzad

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On plaça le sceau du roi sur la lettre et le messager partit en toute hâte.

Arrivé auprès de Rem Berzin, il lui dit ce qu’il avait entendu de la bouche du roi, ensuite il lui remit la lettre qui contenait ses volontés relatives à Nouschzad et lui ordonnait de réunir une armée et de faire la guerre sans égard au respect qu’on devait au fils du roi.

Le vieillard lut la lettre et écouta les longs récits du messager et à l’heure où le coq chante ou entendit le son. des

Timbales à la porte du palais ; une grande armée sortit de Madaïn et Bain Berzin partit à l’instant pour la guerre.

Nouschzad en reçut des nouvelles, il réunit une armée et paya la solde.

Tous les catholiques et les patriciens de Roum qui demeuraient sur la frontière de ce beau pays, à leur tête Schemmas, le chef des troupes, se rassemblèrent et formèrent une armée accoutumée à verser le sang.

Un grand bruit s’éleva de la porte de Nouschzad, l’armée s’ébranla comme une mer que le vent agite ; ils sortirent tous de la ville dans la plaine, la tête remplie de l’envie de combattre, le cœur plein de venin et du désir de la vengeance.

Lorsque Ram Berzin vit la poussière que soulevait l’armée, il fit sonner les trompettes d’airain et former les rangs ; la poussière qui s’élevait sous les pas des cavaliers, le sang des chefs versé, les coups des lourdes massues, déchiraient le cœur des rochers et personne ne voyait plus la face brillante du soleil.

Nouschzad se tenait au centre de son armée, il plaça sur sa tête un casque roumi ; ses troupes étaient des catholiques roumis et si nombreuses que le sol disparaissait sous les sabots de leurs chevaux ; on aurait dit que la terre bouillonnait, que l’air au-des- sus de leurs têtes poussait des cris.

Un brave, couvert d’une cotte de mailles, s’avança hardiment ; son nom était Pirouz le lion ; il s’écria :

Ô illustre Nouschzad, plaise à Dieu que tu ne te détournes pas de la justice !

Ne combats pas l’armée du roi : tu te repentirais de cette lutte.

Tu as ahandonné la foi de Kaïoumors, la voie de Houscheng et de Thahmouras ; le Messie imposteur lui-même a été mis à mort lorsqu’il eut renoncé à la religion de Dieu.

Ne choisis donc pas la foi de celui des fondateurs de religion qui ne connaissait pas son propre sort ; car si la majesté divine avait brillé sur lui, comment les Juifs auraient-ils pu le vaincre ?

Tu as entendu ce que ton noble père, le maître du monde, a fait avec le Roum et le Kaïsar et maintenant tu lui fais la guerre et lèves la tête jusqu’au ciel !

Malgré ce visage de lune, cette majesté et cette taille, ces membres et cette poitrine, ces mains et cette massue, ton âme ténébreuse est tellement troublée que je ne vois plus de l’intelligence en toi.

Comment un fils peut-il prétendre’au trône d’un père vivant ?

C’est contre la règle et la raison.

S’il meurt, il est juste que tu demandes son trône, mais le combattre aujourd’hui est un crime de ta part.

Hélas !

Cette tête, cette couronne, ce nom et cette naissance que tu vas jeter au vent !

Tu n’es pas en état de lutter contre le roi Nouschirwan, si tu n’es pas un lion et un tigre bondissant.

0 prince !

Je n’ai pas vu dans le palais du roi une "image qui eût des mains et des rênes, des pieds et des étriers, une poitrine et un cou, un mouvement guerrier et une massue comme toi.

Ja-

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mais peintre n’a vu une peinture pareille, jamais le monde un roi comme toi.

Mais ne brûle pas l’âme de Kesra ; jeune comme tu es, ne ternis pas cette couronne qui éclaire le monde.

Descends de cheval, demande pardon au roi, jette par terre cette massue et ce casque roumi.

Si loin d’ici un vent froid couvrait ton visage de poussière sombre (te faisait mourir), le cœur du roi en brû-lerait et le soleil, en te voyant, pleurerait.

Ne répands pas dans le monde la semence de l’avidité ; il ne faut jamais se soulever contre son roi.

Si tu quitte la route que j’indique, si tu adoptes la voie de la violence et de l’orgueil, tu te rappelleras souvent les conseils de Pirouz et bien des soupirs sortiront de ton cœur. »

Nouschzad lui répondit :

Ô vieillard décrépit dont la tête est remplie de vent !

Ne crois pas qu’une armée composée de héros qui portent haut la tête et d’un fils de roi demande pardon ; je ne veux pas de la croyance de Kesra, mon cœur incline vers ma mère, dont la foi du Messie est la religion et je ne renierai pas son glorieux exemple et sa foi.

Si le Messie, qui sa pporté cette religion, a été mis à mort, la majesté du monde ne l’a pas abandonné ; le saint est retourné auprès de Dieu, le saint ; il a préféré la grandeur céleste à cette terre obscure.

Si je dois mourir, je m’en effraye peu : c’est un poison contre lequel il n’y a pas de thériaque. »

Dernière mise à jour : 7 sept. 2021