Kesra Nouschirwan

Nouschirwan annonce son fils Hormuzd son successeur

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Les actions du monde ne ressemblent pas à ses dehors et son dedans n’est que peine et douleurs.

Que tu aies une couronne ou la chaleur du et de la fatigue tu partiras également de ce séjour passager.

Le monde n’a pas de bonne foi dans sa nature et ne tarde pas de moissonner ce qu’il a semé.

Lis une lettre du roi du monde et réfléchis s’il y a quelqu’un qui soit l’égal de Nouschirwan en justice et en intelligence, au banquet et au combat et pourtant, lorsque son jour est arrivé, il n’a pas eu de répit.

O toi, vieillard décrépit, qui ne veux pas te convertir, choisis la soie de la raison et quitte les banquets et les plaisirs.

Le monde était frais quand tu as saisi la coupe et tu as détourné ton esprit à la porte du repentir ; tourne-toi vers elle, si tu as du sens, car l’homme pieux suit toujours la bonne voie.

Il ne te reste pas beaucoup de temps de la vieillesse, ni beaucoup d’étés, d’automnes et de printemps ; réfléchis donc où cette âme précieuse ira quand ton corps aura trouvé sa place dans la Voici ce que dit un vieillard éloquent en parlant terre., des dernières volontés de Nouschirwan.

Lorsque Hormuzd eut cessé de parler, le Mobed prononça de nouveau un discours.

Le conseiller du roi se concerta avec

Le scribe et ils écrivirent sur du satin une lettre dans laquelle Nouschirwan s’adressait, d’une manière qui charmait les cœurs, à Hormuzd, son jeune fils.

Après avoir parlé de Dieu, il dit :

Voici les conseils du fils de Kobad.

Sache, ô mon enfant, que le monde est perfide, plein de fatigues et de douleurs, de peines et de maux.

Il verse le sang de tous ceux qu’il élève, aussi le sage s’abstient desœuvres du monde.

Si content que tu sois de lui, si libre que ton cœur soit des soucis du sort, toute cette joie ne durera pas et il faudra quitter cette demeure passagère.

Je te transmets le monde selon la justice et tu seras obligé de le rendre de même à un autre.

Lorsque j’ai commencé à penser à la mort pendaut les jours brillants et les longues nuits, j’ai cherché une tête sur laquelle je pourrais poser la et couronne des Keïanides, une tête qui fût elle-même le diadème sur le front de l’humanité.

J’ai six fils intelligents, charmant les cœurs, généreux et prêts à rendre justice.

Je t’ai choisi parce que tu es l’aîné et parce que tu es intelligent et.digue du diadème.

Kobad avait dépassé quatre-vingts ans lorsqu’il me parla du trône ; j’en ai atteint soixante et quatorze et je te nomme roi du monde.

Je ne cherche en cela que le repos de mon âme et le bien public, pour que je sois béni après ma mort.

J’espère que Dieu le créateur t’accordera le bonheur ce et la prospérité.

Si, par tu justice, tu donnes de et la sécurité aux membres de ta famille, tu dormiras toi-même en sécurités et ta justice envers les autres te rendra heureux ; en récompense de tes bonnes actions tu gagneras le paradis et grand est celui qui n’a semé que la semence du bien.

Fais attention d’être toujours patient, car la colère ne sied pas à un roi.

Un maître du monde qui a l’esprit éveillé et cherche à s’instruire sera toujours honoré.

Tiens-toi loin du mensonge ; si tu ne le fuyais pas, ta fortune pâlirait ; écarte de tan cœur et de ta tête toute précipitation : la raisOn disparaît là où. il y a de la précipitation.

Attachetoi au bien et lutte pour lui, écoute les conseils des sages dans le bonheur et dans le malheur.

Il ne faut pas que ce qui est mauvais t’approche, car ce qui est mal ’te porterait infailliblement malheur.

Évite l’impureté dans tes vêtements et dans ta nourriture et écoute tous les conseils de ton père.

Ton refuge est en Dieu ; attache-toi a lui, si tu veux qu’il soit ton guide.

Si tu rends le monde prospère par ta justice, ton trésor prospérera et ton trône sera le siège du bonheur.

Quand quelqu’un fait le bien, récompense-le de manière qu’il oublie la peine que lui a coûté le bien.

Contente les hommes de mérite et retiens-les auprès de toi ; rends le monde noir pour les malveillants.

Délibère sur tout avec un homme sage ; ne te plains pas des fatigues qu’impose la royauté-Aussi longtemps que

w les hommes intelligents auront accès auprès de toi, ton trône, ton trésor et ton armée te resteront.

Ne laisse croupir dans la misère aucun de les su-jets et fais participer à tes bontés les grands et les nobles du pays ; mais refuse les grâces à tout être ignoble et ne confie aucune affaire à un homme injuste.

Préteton oreille et ton cœur aux pauvres et occupe-toi de leurs soucis comme s’ils étaient les tiens ; car, quand un homme puissant s’est acquitté de tout son cœur de son devoir, le monde en est heureux et lui-même est heureux.

Ne ferme pas ton trésor en face des hommes honorables, sois libéral envers les hommes vertueux ; mais, si ton ennemi se fait ton ami, ne sème pas la semence des bienfaits dans un terrain salé.

Si tu veux suivre mes conseils, ta couronne restera toujours puissante.

Puisse le distributeur de tout bien t’être favorable.

Que l’intelligence soit ton trône et la fortune ton diadème !

Puissesotu ne pas oublier mes paroles, quand je serai loin de tes yeux !

Que ta tête reste jeune et ton cœur heureux, que ton corps reste pur et que tes ennemis ne puissent pas te faire du mal !

Que la raison soit toujours ton gardien, que tu sois toujours disposé à croire au bien !

Quand je partirai de ce vaste monde, il faut me construire un beau tombeau, dans un lieu solitaire, où les hommes ne passent pas et au-dessus duquel les vautours aux ailes rapides ne volent pas. il 5»

Aura une porte inaccessible dans la voûte de la chambre sépulcrale, qui s’élèvera à la hauteur de dix lacets.

Dans cette chambre ou représentera ma cour, mes grands et ma vaillante armée ; on y étendru de nombreux tapis de toute espèce, on emploiera des couleurs et des parfums et tout ce qui doit être répandu sur la sol.

Vous embaumerez le corps avec du camphre, vous placerez sur la tête une couronne de musc, vous apporterez du trésor cinq robes intactes en brocart d’or, qui n’aient jamais servi et vous m’en revêtirez selon la manière des Keïanides et la coutume des rois Sassanides.

Vous y placerez de même un trône d’ivoire, au-dessus duquel vous suspendrez ma couronne.

Tous les ustensiles d’or dont je me sers, les plats, les coupes et les cassolettes, puis vingt coupes remplies d’eau de rose, de vin et de safran et deux cents pleines de camphre et d’ambre, doivent être à ma droite et à ma gau- che et ni plus ni moins que je n’en indique.

Il faut étancher le sang du ventre et remplir le corps de camphre et de musc ; ensuite vous placerez la porte, personne ne doit plus voir le roi et ma porte servira à tout autre chose que maintenant, car elle n’admettra personne auprès de moi.

Mes enfants et ceux de ma noble famille, tous ceux à qui . ma mort fera de la peine, s’abstiendront pendant deux’mois de festins et de plaisirs, car telle est la règle après la mort du roi et j’espère que tous les

Hommes purs pleureront en voyant cette lettre royale.

Ne désobéissez jamais à Hormuzd, ne respirez que selon sa volonté ! »

Tous versèrent beaucoup de larmes sur cette lettre.

Kesra survécut d’une année à la désignation de son fils, puis il mourut et mes paroles restent comme souvenir de lui ; et toi respecte ce souvenir.

Puisque le ciel qui tourne n’a pas épargné un homme comme lui, il ne faut attendre de sa part ni justice ni tendresse.

Maintenant je vais apprêter la couronne et le trône de Hormuzd et le faire monter sur le siège des rois.

Dernière mise à jour : 7 sept. 2021