Kesra Nouschirwan

Nouschirwan fonde la ville de Soursan

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Maintenant, l’histoire de Zerwan et du Juif étant terminée, chantons les louanges de la raison.

Si tu distribues la justice, ô roi, tu ne resteras pas en vie, mais la gloire te survivra, tandis que le roi injuste ne recueillera d’autre fruit de sa vie que la tombe et la malédiction.

Si ton cœur fait profession de droiture, sache que tu rends heureux le monde.

O toi qui portes la couronne !

Si tu veux être célébré après ta mort, il faut que tu te couvres de la raison comme d’un casque et c’est ainsi qu’après la mort de Nouschirwan sa justice revit dans mes paroles.

Depuis le moment où la terre s’était soumise à lui, il ne désirait obtenir par le pouvoir que des bénédictions.

Les grands et les petits pouvaient dormir dans le désert, la brebis et le loup buvaient au même abreuvoir, les grands avaient soin des inférieurs et le nom du roi était plus glorifié que son diadème.

Le cou des hommes fut délivré des attaches de la cotte de mailles et les braves défirent les boutons de leurs cuirasses ; les épaules furent soulagées du poids des massues et des épées et l’on n’entendit que des cris de joie ; personne ne pouvait résister au maître du monde et il reçut de partout des tributs et des redevances.

Le roi faisait facilement les choses difficiles ; il aimait l’appareil des chasses et les jeux du Meïdan ; il s’asseyait dans sa salle d’audience, incrustée de pierreries et tenait conseil en buvant avec ses convives.

Il construisit sur la route de Roum une grande ville, dont l’étendue dépassait deux farsangs ; elle contenait des palais, un Meïdan et des jardins ; elle était limitée d’un côté par un fleuve, de l’autre par des collines.

Il y avait dans le Roum quelques villes de ce genre, Kesra en fit faire le plan et l’adopte : il construisit des palais élevés et il n’y avait personne dans le monde qui ne les admirât.

Le roi y éleva un palais avec une salle d’audience, avec des ornements en pierreries ; toutes les voûtes étaient en argent et en or et incrustées de pierres fines de toutes espèces ; un dôme était construit en ébène et en ivoire, avec des figures d’ivoire, d’ébène et de bois de teck ; il réunit dans cette ville tous les hommes du Roum et de l’Inde qui étaient maîtres dans leur art et avaient la tradition de l’art de leurs propres maîtres ; il y réunit de l’Iran et du pays de Nimrouz tous les artisans les plus célèbres, car cette grande ville était en même temps un centre d’industrie.

Il assigna cette ville comme demeure aux captives qu’il avait ame-

Nées du pays des Berbers, du Roum et des villes qui avaient péri et fit de ces charmes des cœurs le charme de ce pays.

Comme la population débordait la ville de tous côtés, on construisit des villages alentour ; le roi fit ensemencer partout des champs et cultiver des terres fertiles et plantées en arbres fruitiers.

Il y envoya les otages qu’il avait amenés du Coutch, du Ghilan et d’autres pays dévastés, bâtit à chacun une maison et peupla ainsi toute la ville d’étrangers ; à chacun il assigna un travail et à ceux qui étaient isolés il adjoignit un compagnon de son métier ; il y eut des artisans, des laboureurs, des arpenteurs, des marchands, des hommes voués à la dévotion, des maî- ires et des subordonnés.

Il para cette ville comme le paradis et l’œil n’y voyait pas un seul endroit déplaisant.

Kesra donna à ce lieu le nom de Soursan, parce qu’un prince trouve sa satisfaction dans les fêtes (sour).

Il n’avait d’autre désir que de rendre justice et de faire prospérer le monde ; pourtant le sort a enlevé à la royauté un tel homme et a livré à un autre sa couronne ; sache qu’il est entièrement trompeur et ne laisse durer ni la grandeur ni la faiblesse.

Maintenant écoute le récit de la lutte entre le Khakan et les Heïtaliens ; quand tu auras à le battre, saisis la massue.

Dernière mise à jour : 7 sept. 2021