Kesra Nouschirwan

Nouschirwan apprend ce que les Heïtaliens ont fait et conduit une armée contre eux

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Le Grand roi reçut des nouvelles du Khakan de la Chine, qui était un grand et formidable personnage, des Heïtaliens et des chefs de ce peuple, de la victoire que le Khakan avait remportée sur eux et du roi du pays de Tchegan, qui, favorisé par une fortune jeune, s’était assis sur un trône nouveau.

Le roi du monde demeura plein de soucis de ce que ses émissaires vigilants lui avaient rapporté ; il fit arranger une salle dans le palais et les héros dévoués au roi arrivèrent avec Ardeschir, le Grand Mobed, avec Schapour et Yezdeguerd. le scribe et tous ces sages conseillers du roi s’assirent ensemble devant son trône.

Kesra dit :

Ô vous, sages qui connaissez le monde et vous, nobles qui avez fait de grandes actions !

J’ai appris des Heïtaliens, des Turcs, du Khakan de la Chine et des chefs des frontières du pays de Touran, des nouvelles qui ne me plaisent pas, des choses pénibles et fâcheuses.

Des armées innombrables de gens de Djadj, de Turcs, de Chinois et d’hommes de Khoten se sont rassemblées et se sont battues couvertes de casques et frappant de l’épée pendant sept jours, sans ôter les selles du dos de leurs chevaux ; à la fin les Heïtaliens ont été défaits et peut-être deux tiers d’entre eux ont été blessés ou tués.

Les Heïtaliena avaient un si grand renom, les hommes avaient une .si haute opinion de leurs épées et de leurs massues, que leur défaite doit étonner.

Puisse jamais un peuple n’avoir un chef d’un esprit hast Si Ghatfer avait eu de la prudence et du sens, le ciel n’aurait pas détruit cette armée.

Le pays de Heital, dans son trouble, a cherché un prince de la famille de Bahram Gour, a placé sur le trône un nouveau maître et l’a acclamé unanimement roi.

Le Khakan s’est établi de ce côté de Djadj, fier de son armée de son trésor et de sa couronne ; il est de la famille d’Ardjasp et d’Afrasiab et ne rêve que de la frontière de l’Iran.

Ayant vaincu l’armée de Ghatfer, il élève la tête au-dessus du soleil.

Nous ne devrions pas souffrir que le Khakan parlât comme il fait.

Le pays de Kaschan, d’où les Chinois tirent maintenant leur force, m’appartient et mes sujets sont opprimés ; leurs personnes, leur pays et leurs trésors sont entre les mains du Khakan.

Que pensez-vous de tout cela ?

Que faut-il faire en face des Turcs et du Khakan ? »

Les grands, pleins de sagesse, se levèrent et donnèrent une réponse unanime.

Tous le bénirent, disant :

Ô roi prévoyant, à l’étoile fortunée !

Tous les Heïtaliens sont des Ahrimans, gens de mauvaise foi et ennemis de notre pays, qui méritent tout le malheur qui peut les frapper.

Sont-ils donc dignes»

De bonnes paroles de ta part ?

Si nous n’avions contre eux aucun autre grief que le meurtre de ce roi des hommes libres, Pirouz, qu’ils ont tué traitreusement, un si grand roi, la lumière du monde, cela wfirait pour souhaiter qu’ils ne jouissent pas d’un seul jour de bonheur, car jamais l’injustice ne peut produire dola justice et telle est la rétribution qu’inflige Dieu le tout juste, que tous les malfaiteurs finissent mal.

Ensuite, si tu parles du Khakan, qui nourrit dans son cœur le grief d’une ancienne vengeance, il se peut qu’il ait trouvé dans la famille d’Afrasiab de mauvais conseillers, dont les yeux sont encore remplis de larmes et qu’il ait repris courage par suite de sa victoire et il ne nous étonne pas que tu le redoutes.

Ne parle pas des Heïtaliens et de l’armée de Ghatfer et ne t’en fais pas de soucis ; mais occupe-toi dans ton esprit lucide de la famille d’Ardjasp et d’Afrasiab et du Khakan, qui s’est établi de ce côté du fleuve, car tu es le puissant maître du monde et notre esprit et notre intelligence seront éclairés par toi.

Vive à jamais celui qui cultive la raison !

Tu as plus de sagesse que cette grande assemblée et tu n’as pas besoin de sages et de conseillers ; la couronne et le trône du monde te sont dus, car tu possèdes la majesté, la gloire, la raison et la fortune.

Mais si le roi va dans le Khorasan, il aura à craindre pour l’Iran ; car dès que les Roumis voient qu’il a quitté ce pays, ils viennent avec une armée pour se venger des Iraniens et ce pays est dévasté.

Jusqu’ici personne n’a mis le pied sur le sol de l’Iran, personne , ne menace cet empire et il suffit que le roi se -prépare pour la guerre et le combat, pour que les crocodiles dans le fleuve se tiennent tranquilles. »

Lorsque le roi eut entendu les discours des Iraniens sur la paix, la guerre et les combats, le maître du monde comprit ce que voulaient ces sages, qu’aucun d’eux ne désirait faire la guerre et qu’ils tenaient à avoir des fêtes et à jouir de la vie.

Il répondit :

Grâces soient rendues à Dieu, que je crains

Dans les deux mondes !

Les lions ont oublié, dans le pays, le sommeil et les festins, la poussière des combats et l’idée d’un champ de bataille vous pèse par l’excès du repos et des banquets.

Que celui qui s’est battu se repose et que les fêtes reviennent après les combats.

Je jure parfin puissance que Dieu m’a donnée que nous nous préparerons à marcher à la [in du mois.

Je conduirai une armée dans le Khorasan, je rassemblerai des troupes de toutes les provinces et tant que nous sommes d’hommes de guerre illustres, nous attacherons les timbales sur le dos des éléphants furieux.

Je ne demanderai ni aux Heïtaliens ni au Khakan de rendre hommage au pays de l’Iran ; mais je délivrerai le monde des méchants en arrachant les mauvaises herbes ; je rajeunirai le pays par la justice et la générosité. a.

Les grands restèrent confondus, ils s’excusèrent et le bénirent, disant :

Ô roi victorieux, majestueux et juste, que le monde se soumette à les ordres !

Tous les grands sont tes esclaves, nous baissons la tête devant tes volontés et ta sagesse.

Chaque fois que le roi nous ordonnera de nous battre, il ne trouvera pas de lenteur de notre part. »

À partir de la, tous les héros s’assemblèrent quand le roi réunit ses conseillers et il continua ainsi à tenir des conseils jusqu’au commencement d’un mois nouveau.

Alors, il vint s’asseoir sur un trône nouveau ; on vit la lune briller tau-dessus du visage du roi et un cri d’admiration partit du palais.

Lorsque la lampe brillante du soleil s’éleva au- dessus des montagnes, la terre devint comme une housse d’or, on aurait dit qu’on avait placé une coupe de topaze sur une étoile couleur lapis-lazuli ; on entendit les cris des hommes et le. son des trompettes, on attacha les timbales d’airain sur le dos des éléphants et l’armée se rendit au camp, par corps et marchant au bruit des tambours.

Yezdeguerd, le scribe, se présenta à la cour avec le Grand Mobed Ardeschir, homme de bon conseil ; et l’on écrivit des lettres à tous les grands, à tous les hommes illustres, dans chacune des provinces, pour leur annoncer que le roi partait avec l’armée et son appareil de guerre et qu’ils avaient à s’abstenir de toute fête pour marquer leur dévotion à lui, il n’adressa aucune lettre au Khakan de la Chine, ni des salutations à Feghanisch.

Dernière mise à jour : 11 sept. 2021