Kesra Nouschirwan

Nouschirwan a un songe et Buzurdjmihr se rend à la cour

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Maintenant nous allons parler d’un sujet plus gai, de l’histoire de Buzurdjmihr.

Garde-toi de traiter les songes comme des folies ; sache qu’ils tiennent de la prophétie, surtout quand c’est le roi du monde qui les voit et que son âme lumineuse les choisit : les astres tiennent conseil dans le cercle de la lune, il) !

Leurs paroles se dispersent sur leur route et les âmes sereines voient en rêve tout l’avenir, comme le reflet d’une flamme dans l’eau.

Or, une nuit, Nouschirwan dormait ; son intelligence était mûre et éveillée, son pouvoir était jeune ; il vit en rêve croître devant son trône un arbre royal qui charmait son cœur.

Le roi appela de la musique et des chanteurs ; mais dans ce lieu de repos et de plaisirs s’assit un sanglier aux défenses aiguës ; il s’assit, se prépara à prendre part au banquet et demanda à boire dans la coupe de Nouschirwan.

Lorsque le soleil éleva sa tête dans le signe du Taureau et que le chant de l’alouette se fit entendre de tous côtés, le roi monta sur son trône, soucieux et le cœur chagrin de ce rêve.

On appela l’interprète des songes, on fit asseoir des nobles devant le trône ; le roi raconta à ces Mobeds, hommes de bon conseil, ce qu’il avait vu en rêve.

L’interprète des songes ne sut que répondre, car il n’avait jamais entendu parler d’un pareil rêve et quand on confesse son ignorance, on est à l’abri des reproches.

Le roi, ne recevant pas de solution de la part du savant, chercha, le cœur plein de soucis, d’autres moyens.

Il envoya partout des Mobeds, des hommes de sens et d’expérience et à l’esprit éveillé ; il les chargea chacun d’une caissed’argent et espérait beaucoup d’eux à leur retour ; chaque caisse contenait dix mille dirhems et devait les aider à rechercher dans

Le monde un savant interprète de songes, un homme versé dans toute science, qui expliquerait le rêve du roi, tirerait ce secret de sa cachette et à qui ils remettraient la caisse. pleine en ajoutant les remercî-ments du roi du monde.

Les Mobeds expérimentés allèrent de tous côtés ; c’étaient des cavaliers intelligents et savants.

Un de ces nobles s’appelait Azad Serv ; il se rendit de la cour du roi à Merv, parcourut la ville, chercha partout et vit un Mobed qui tenait en main le Zend-Avesta et l’enseignait à des enfants avec rudesse, avec des emportements et de grands éclats de voix.

Devant lui était un jeune homme plus âgé que les autres, qui s’appliquait à étudier le Zend-Avesta ; on l’appelait Buzurdjmihr.

Il tenait toujours ses yeux sur ce livre avec passion et dépassait en savoir tous ces enfants ; il était d’une famille de gens savants.

Le Mobed dirigea son cheval vers ce lieu, entra et fit au maître des questions sur le rêve du. roi.

Le maître d’écriture dit :

Ceci n’est pas mon affaire ; je m’en tiens, en fait de savoir, au Zend ; je l’enseigne à ces enfants, mais je n’ose pas aller au-delà »

Buzurdjmihr entendit les paroles du Mobed, en fut frappé et levant les yeux, dit au maître :

Ceci est du gibier pour moi ; c’est mon affaire d’interpréter les songes. »

L’homme de l’Avesta poussa un cri contre lui, disant :

As-tu fini avec ton livre ?

Si tu te mets maintenant à interpréter des songes, comment satisferas-tu ton ventre atfamé ? »

L’envoyé lui dit ; Ô homme intelligent !

Il possède peut-être cette science, ne le traite pas avec tant de mépris.

Que sais-tu de la rotation du sort ?

Le vêtement n’importe pas chez un homme ; la fortunede cet enfant commence peut-être à briller ; ce n’est pas toi, mais le sort qui l’aura instruit. »

Le maître, tout en colère contre Buzurdjmihr, s’écria :

Dis donc ce que tu sais. »

Mais le jeune homme répondit :

Je ne parlerai que devant le roi et quand il m’aura fait asseoir devant son trône. »

L’envoyé lui donna un cheval et de l’argent et tout ce qu’il fallait pour l’équiper et ils partirent ensemble de Merv. courant comme les francolins sous les buissons de roses.

C’est ainsi que marchant et parlant du roi, de son pouvoir, de sa majesté, de sa couronne et de son trône, ils arrivèrent à un endroit où ils trouvèrent de l’eau ; et coulme c’était l’heure de manger et de se reposer, ils mirent pied àterre sous un arbre.

Lorsqu’ils eurent pris de la nourriture et qu’ils firent leur sieste, Buzurdjmihr s’endormit dans l’ombre de l’arbre, la tête couverte par une pièce d’étoile.

Le personnage qui était son compagnon de route était encore éveillé, ses réflexions l’empêchaient de dormir, car son esprit étoit en émoi à cause de ce jeune homme si savant.

Il regardait la forêt et vit un serpent qui retira au dormeur la pièce d’étoile qui lui couvrait le visage

L9â DES BOIS : et le flaira avidement de la tête aux pieds ; puis il le quitta pour se cacher dans les feuilles de l’arbre.

Lorsque le serpent noir eut atteint le haut du tronc, le jeune homme se réveilla et quand le serpent noir vit son trouble, il disparut dans les branches sombres de l’arbre.

L’envoyé resta confondu et invoqua à plusieurs reprises le nom de Dieu sur Buzurdjmihr, disant en lui-même que ce jeune homme intelligent arriverait à un haut degré de puissance.

Dernière mise à jour : 7 sept. 2021