Minoutchehr

Sam consulte les Mobeds relativement à Zal

...

Aussitôt qu’il se fut levé, il tint une assemblée de Mobeds et de sages ; il raconta tout aux astrologues et leur demanda :

Comment cette aventure finira-t-elle ?

Si je mêle deux éléments tels que le feu et l’eau, il en résultera un malheur, une chose semblable à la lutte qui aura lieu entre Feridoun et Zohak au jour du jugement.

Cherchez dans les astres et donnez-moi votre décision ; placez la pointe du roseau sur les signes du ciel qui accordent le bonheur.

Les astrologues employèrent une longue journée à rechercher le secret du ciel.

Ils le trouvèrent et revinrent en souriant, se présentèrent, joyeux de leur bonne fortune, devant Sam fils de Neriman et l’un d’eux dit :

Ô héros à la ceinture d’or !

J’ai de bonnes nouvelles à t’apprendre sur la fille de Mihrab et sur Zal, qui seront deux époux illustres.

Ce couple vertueux aura un fils pareil à un éléphant de guerre qui se ceindra bravement, soumettra les hommes par l’épée et placera le trône du roi au-dessus des nuages ; il déracinera de terre le pied des méchants et ne leur laissera dans le monde aucun refuge ; il n’épargnera ni les Segsars ni le Mazenderan et purifiera la terre avec sa lourde massue.

Par lui tous les maux accableront le Touran et toutes les prospérités se répandront sur l’Iran.

Il rendra le sommeil aux malheureux, il fermera la porte de la discorde et la voie du mal.

Les Iraniens mettront leur espérance en lui et le Pehlewan aura de lui de bonnes et joyeuses nouvelles.

Son cheval bondira dans le combat, et, assis sur son dos, il foulera sous ses pieds la face du tigre féroce.

L’empire sera heureux pendant qu’il vivra et le monde honorera son nom comme celui d’un roi.

Le Roum et l’Hindoustan et le pays d’Iran graveront son nom sur leurs sceaux.

Le roi entendit ces paroles des astrologues ; il sourit et agréa leur hommage et leur donna de l’or et de l’argent sans mesure, car ils lui rendaient le repos au moment de son angoisse ; puis il appela le messager de Zal et lui parla longuement, disant :

Porte à Zal des paroles tendres et dis-lui :

Ta passion est insensée ; mais puisque je t’ai donné jadis une promesse, il ne me sied pas de chercher un prétexte pour ne pas faire ce qui est juste.

Demain matin je quitterai ce champ de bataille pour conduire mon armée dans le pays d’Iran, où je saurai ce que le roi ordonnera et ce que le maître décidera sur ton désir.

Il donna à l’envoyé des pièces d’argent et lui dit :

Pars et ne te repose pas un instant.

Puis, il le congédia et se mit en route lui-même et l’armée et son chef se réjouissaient de ce qui était arrivé.

Il fit prendre mille hommes parmi les Kerguesars, que l’on traînait avec mépris après l’armée, en les faisant marcher à pied.

Quand la moitié de la nuit obscure fut passée, le bruit des cavaliers s’éleva sur la plaine et les timbales et les trompettes se firent entendre dans la cour des tentes du roi.

Sam se mit en marche vers l’Iran et conduisit son armée à Dehistan.

Le messager s’en retourna vers Zal, de son bonheur et du sort fortuné qui l’avait guidé.

Arrivé auprès de Zal, il lui rapporta le message de Sam et lui dit tout ce qui concernait cette affaire.

Zal rendit grâce au Créateur de ce bonheur et de son heureux destin.

Il donna aux pauvres de l’or et de l’argent, il fut gracieux envers tous les siens ; il appela les bénédictions de Dieu sur Sam et sur le porteur de ce bon message.

Pendant la nuit, il ne dormait pas ; pendant le jour, il ne se reposait pas, il ne buvait pas de vin, il ne mandait pas les chanteurs ; son cœur était rempli de passion pour sa fiancée et il ne parlait que de Roudabeh.

Dernière mise à jour : 7 sept. 2021