Kobad fils de Khosrou Parviz

Les Grands réclament la mort de Khosrou

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Tous ceux qui avaient trahi le grand Roi redoutaient nuit et jour les surprises du sort ; Schirouï, lâche autant que perfide, ne considérait le trône que comme un piège ; quiconque avait de l’expérience sentait que la puissance ne resterait pas long. temps assoupie.

Tous ces hommes criminels, tous ceux qui avaient contribué avec ardeur à ce forfait accoururent au palais, et, se présentant devant Kobad, ils lui tinrent ce langage : Nous l’avons déjà dit et nous le répétons, tu as en tête un autre souci que celui de la royauté.

Quand deux rois, le père et le fils, sont assis ensemble sur le trône ,d’or, l’un au premier rang, l’autre au second, dès que l’amitié se fortifie entre eux, les têtes de leurs sujets tombent d’un seul coup.

Nous ne pouvons consentir à de semblables projets et tu ne dois plus en parler désormais devant nous. »

Schirouï fut effrayé, il trembla parce qu’il était comme un esclave entre leurs mains ; il leur répondit :

Il n’y a que l’homme lâche qui attaque le lion pris au piège.

Retournez dans vos demeures et délibérez en secret ; cherchez par le monde celui qui peut nous délivrer de ce tourment. »

Les ennemis de.Khosrou se mirent en quête d’un assassin qui le fît périr secrètement ; mais personne ne se sentait le courage, personne n’avait l’audace de verser le sang d’un roi et de se charger du fardeau de ce crime, aussi lourd que le poids d’une montagne.

Après avoir cherché de tous côtés, les conjurés finirent par rencontrer sur leur chemin un homme aux yeux bleus, au visage livide, au corps décharné et velu, aux lèvres pâles ; ses pieds étaient poudreux, son ventre resserré par la faim ; le scélérat allait tête nue ; nul ne savait son nom parmi les grands et le peuple.

Cet homme vil (puisse-t-il ne jamais voir le paradis joyeux!) se rendit chez Farrukhzad et dès qu’il fut au courant de l’affaire, il accepta.

Je me charge, lui dit-il, de cette tâche difficile et si tu consens à me rassasier, je prendrai cette proie. »

Farrukhzad lui répondit :

Va et accomplis cet acte, si tu le peux ; mais ne divulgue ce secret à personne ; je te réserve une bourse pleine d’or et je te protégerai comme mon propre fils. »

Le meurtrier, prenant un poignard à lame affilée et brillante, partit en toute hâte ; cet homme pervers se rendit chez le roi, qu’it trouva avec un seul esclave dans la première salle du palais.

À sa vue, Khosrou trembla et des larmes sillonnèrent ses joues : Homme à l’aspect odieux, lui ditvil, toi dont la mère devrait pleurer la naissance, quel est ton nom ? -On me nomme Mihr Hormuzd,je suis étranger, sans parents ni amis dans ce pays. »

Khosrou reprit :

Mon sort est aux mains de cet

être méprisable qui a formé des projets sinistres ; son visage n’a rien d’humain et personne au monde ne rechercherait son amitié. »

Un jeune page se tenait devant le roi, quirlui dit :

Serviteur fidèle, va et apporte-moi un vase plein d’eau parfumée de musc et d’aloès, ainsi qu’une belle tunique blanche. »

Au reçu de cet ordre, dont il ne comprenait pas la pensée secrète, le jeune homme s’éloigna ; bientôt après il revint avec un bassin d’or et une aiguière remplie d’eau. * Khosrou prit ces objets avec empressement ; à la vue du Barsom, il se mit à prier, car ce n’était plus le temps des paroles et des discours frivoles.

Après avoir revêtu ce vêtement, il murmura une prière de repentir et se couvrit la tête d’un voile neuf pour ne pas voir le visage de l’assassin.

Mihr Hormuzd, le poignard à la main, courut fermer la porte de la salle, puis revenant vers le roi et écartant sa tunique, il lui plongea son poignard dans le cœur.

Telle est la marche de ce monde instable ; c’est ainsi qu’il te cache toujours ses desseins mystérieux : pour l’homme prudent et sage comme pour le présomptueux, tout est vain dans ces révolutions.

Que tu amasses des trésors ou seulement des fatigues et des peines, tu ne séjourneras pas longtemps dans cette demeure passagère ; préfère donc une vie innocente et loyale, si tu veux acquérir une bonne renommée.

Dès qu’on sut. dans les marchés comment Khosrou venait de périr, ses ennemis envahirent la prison du palais où se trouvaient d’autres infortunés ; ses quinze fils illustres y étaient gardés enchaînés ; innocents ils furent égorgés le jour même où le trône de leur père s’écroulait.

En apprenant cette nouvelle, Schirouï pleura pendant longtemps, puis il envoya vingt de ses gardes avec ordre de protéger les femmes et les enfants des morts après le meurtre du roi ; quant à lui, le roi du monde, il n’osa rien dire et dut dissimuler sa douleur.

Telle fut la fin de Khosrou, qui possédait une armée nombreuse, une gloire, un courage, une puissance tels qu’aucun autre roi n’en avait possédé et dont on n’avait jamais ouï parler dans le passé.

Un sage l’a dit avec raison :

Il ne faut faire aucun cas de celui qui se fie au dragon de la fortune ; on ne doit considérer le monde que comme un crocodile cruel qui broie dans ses dents la proie que ses griffes ont saisie. »

Telle fut la fin du règne du -roi Parviz ; ainsi périrent son trône glorieux, ses trésors et ses armées.

Dernière mise à jour : 7 sept. 2021