Keï Khosrou

Zal fait des représentations à Keï Khosrou

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À la tin de cette semaine Zal et Rustem arrivè-rent enfin, le cœur plein de tristesse.

Quand les Ira-DES [3. niens en eurent la nouvelle, ils s’empressèrent d’aller à leur rencontre, tous l’âme ulcérée et lorsque Rustem et Zal parurent, accompagnés de leurs Mobeds accomplis dans toutes les vertus, tous ceux qui étaient de la famille de Zerasp firent caparaçonner 1 leurs chevaux pour les recevoir ; de même Thous, qui portait le drapeau de Kaweh et tous les grands aux bottines d’or.

Lorsque Gouderz fut arrivé près de Tehemten, des larmes de sang coulaient de ses cils sur ses joues ; toute l’armée s’avança, tous les visages étaient pâles, tous les cœurs navrés et désolés à cause de Khosrou ; les Iraniens dirent à Zal et à Rustem :

Le roi a été égaré par les conseils d’lblis.

Toute sa cour est remplie de son armée, mais depuis bien des jours et des nuits personne n’a pu le voir.

Chaque semaine on ouvre une fois la porte de la salle d’audience et nous y allons et nous entrons ; mais Khosrou n’est plus ce roi, rô Pehlewans, que vous avez vu heureux et l’esprit serein.

Sa taille de cyprès est courbée et la rose aux couleurs brillantes de son bonheur est cueillie.

Je ne sais quel mau-vais œil est tombé sur lui et pourquoi cette fleur fraiche s’est fanée.

Est-ce que la fortune des Iraniens serait obscurcie, ou les astres voudraient-ils perdre le roi ? »

Le vaillant Zal leur répondit :

Il paraît que le roi est las du trône.

Tantôt tout va bien dans la vie, tantôt tout nous est contraire, tantôt nous

sommes dans le bonheur, tantôt dans le malheur ; mais n’abandonnez pas ainsi votre cœur aux soucis, car les soucis troublent l’âme sereine.

Nous ferons tous nos efforts, nous donnerons des conseils à Khosrou et nos conseils lui rendront favorables les astres. »

Les nouveaux arrivés se rendirent en toute hâte à la cour ; on ouvrit à l’instant le rideau de la porte et on les admit avec plaisir, dans l’ordre de leur rang.

D’abord le Destau et Rustem au corps d’éléphant, puis Thous et Gouderz et leurs compagnons, ensuite Gourguin, Bijen, Gustehem et tous les héros qu’ils amenaient.

Le roi des rois, en voyant le visage du Destau et en entendant sous le rideau la voix de Rustem, se leva plein d’étonnement de son trône, leur fit les questions d’usage en se tenant debout et leur tendant la main ; il adressa la parole à chacun des sages qui étaient venus de Kaboul, de Kanoudj, de Dambar et du Zaboulistan, les reçut gracieusement et assignaà chacun sa place selon la manière des Keïanides ; ensuite il donna des places d’honneur, d’après leurs rangs, à tous les Iraniens qui étaient entrés.

Zal lui adressa ses hommages à plusieurs reprises, disant :

Puissesotu vivre heureux aussi longtemps qu’il y aura des mois et des années !

Depuis le temps de Minoutchehr jusqu’à Keïkobad, depuis ces rois illustres dont nous nous souvenons, depuis Zew fils de Thamasp et Keï Kaous, depuis tous ces rois puissants dont les traces étaient fortunées, depuis Siawusch, qui était pour moi comme un fils, qui était un prince plein de majesté, de grandeur et de gloire, nous n’avons pas vu un roi aussi sage, aussi illustre, aussi favorisé par la grâce de Dieu que toi.

Puisse ta royauté durer éternellement par tes victoires, par ta bravoure, par ta bonté et ta sagesse !

Tu as parcouru le monde pour y répandre la justice ; maintenant, à ton retour, jouis de ta victoire.

Quel est le roi qui ne soit pas de la poussière sous tes pas, quel est le poison que ton nom ne guérisse pas ?

Mais j’ai appris une chose qui n’est pas convenable et je suis accouru aussitôt : un homme est venu de l’Iran me dire que le roi victorieux a ordonné au grand chambellan de ne plus ouvrir le rideau de la salle d’audience et de nous cacher son visage royal.

Je suis accouru au cri de douleur des Iraniens, comme un aigle, comme un vaisseau sur l’eau, pour demander au roi du monde quel est son secret.

Les astrologues et les gouverneurs des provinces, les chefs de tous les pays que je connais, de Kanoudj, de Dambar, de Margh et de Mai sont arrivés avec leurs tables astronomiques indiennes pour approfondir le secret du ciel et savoir pourquoi il refuse ses faveurs à l’Iran.

Il faut trois choses pour mener à bonne fin toute affaire et pour préserver de tout mal le trône des rois, cc sont : un trésor, le travail et des hommes vaillants ; hors de la il n’y a ni honneur à gagner ni bataille à livrer.

Ensuite, il reste un quatrième point : c’est d’adorer Dieu, de prier devant lui jour et nuit, car il vient en aide à ses serviteurs et repousse ceux qui pourraient les perdre.

Nous ferons des largesses aux pauvres, nous donnerons ce que nous avons de plus pré-cieux, pour que Dieu tranquillise ton âme, pour qu’il protège ton esprit par la raison comme par une cuirasse. n

Dernière mise à jour : 7 sept. 2021