Keï Khosrou

Retour de Rustem en Iran

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Rustem ayant tranché la tête au Div, monta sur son cheval qui ressemblait à une montagne, réunit les troupeaux de chevaux et tous les bagages que les Turcs avaient laissés et se mit en marche avec les éléphants et ce riche butin ;

Le monde entier fut embelli par l’éclat de ses belles actions.

Khosrou apprit que Rustem, qui était parti pour prendre avec le nœud de son lacet le terrible onagre, paraissait sur la route et revenait couvert de gloire ;

Que le Div et les éléphants, que sur terre les léopards et dans la mer les crocodiles l’avaient attaqué ;

Mais que ni les lions, ni le Div, ni les hommes cherchant les combats n’avaient pu passer impunément devant son épée.

Le roi se prépara à aller à sa rencontre ; les grands placèrent sur leurs têtes des diadèmes ; on fit avancer le drapeau impérial et les éléphants indomptables parés de leurs clochettes ;

Toute l’armée alla au-devant de lui et le roi, maître du monde, fut parfaitement heureux.

Rustem voyant s’avancer vers lui, sur la route, le drapeau du roi qui portait haut la tête, descendit de cheval et baisa la terre ;

L’armée et les éléphants firent entendre leurs voix et les timbales retentirent ;

Le héros inclina son front glorieux jusque dans la poussière, en disant :

Ô illustre Khosrou, un roi comme toi ne vient pas à la rencontre d’un humble esclave ;

Car certainement je ne suis que le serviteur des serviteurs du roi keïanide.

Khosrou le combla de bénédictions et d’amitiés, disant :

Que le ciel reste fidèle à ton épée !

Il n’y aura jamais d’époque qui ait à célébrer un homme comme toi.

Puisse mon âme être toujours heureuse de ta présence !

Les chefs de l’armée mirent pied à terre devant Rustem ;

Le roi des rois se raffermit dans la selle et ordonna au chef des grands, au prince qui distribuait les couronnes, de remonter sur Raksch ; et c’est ainsi qu’ils se rendirent dans le palais du roi, le cœur en joie et pleins de bienveillance l’un pour l’autre.

Rustem distribua aux Iraniens les troupeaux de chevaux, ne voulant pour lui-même d’autre monture que Raksch ; il envoya les éléphants dans l’écurie des éléphants du roi maître de la couronne et du trône.

Pendant une semaine il y eut fête dans le palais ;

On fit venir du vin, de la musique et des chanteurs et Rustem raconta au roi, en buvant, cette aventure et l’histoire d’Akwan  :

Je n’ai jamais vu d’onagre aussi beau, portant si haut la tête et aussi majestueux ;

Mais puisque mon épée a déchiré sa peau, ni amis ni ennemis n’en pourront tirer profit.

Sa tête était comme celle d’un éléphant ;

Son poil était long, sa bouche remplie de défenses comme celles d’un sanglier ;

Ses yeux étaient blancs, ses lèvres noires ;

On n’osait pas le regarder.

Aucun dromadaire n’est aussi fort ;

Par le carnage qu’il faisait, il couvrait la plaine comme d’une mer de sang.

Lorsque je lui ai coupé la tête avec mon épée, un torrent de sang a jailli dans l’air.

Khosrou demeura étonné de ce récit ;

Il posa sa coupe et remercia Dieu d’avoir créé un Pehlewan comme Rustem, un homme si merveilleux qu’on n’en avait jamais vu ni entendu décrire un pareil, un héros qui n’avait pas son égal en bravoure, en stature et en beauté.

Il ajouta :

Si le Créateur du ciel ne m’avait accordé sa grâce et sa faveur, je n’aurais pas eu dans le monde un serviteur comme toi, à l’aide duquel je finis toujours par faire ma proie des Divs et des éléphants.

Ils passèrent ainsi deux semaines à boire joyeusement, à parler de vin et de combats ;

Dans la troisième semaine Rustem se décida à s’en retourner gaiement chez lui.

Il dit :

J’ai envie de voir Zal fils de Sam ; et il ne me siérait pas de cacher ce désir.

Je partirai sans délai et m’en retournerai à la cour de Zal, où j’ai à faire des préparatifs de guerre ;

Car il ne faut pas renoncer à la vengeance que nous devons à Siawusch pour un vil butin de chevaux et de troupeaux.

Le roi du monde ouvrit son trésor qui contenait des joyaux magnifiques ;

Il en tira une coupe remplie de perles et cinq habillements royaux tissés d’or ;

Ensuite, il envoya à Rustem des esclaves de Roum avec des ceintures d’or, des femmes parées de colliers d’or, des tapis, un trône d’ivoire, des brocarts, de l’or, des colliers et des couronnes, en disant :

Emporte avec toi ces présents, mais il faut que tu restes encore aujourd’hui ;

Ensuite nous parlerons de ton départ.

Rustem demeura et vida plus d’une coupe de vin ;

Mais le soir venu, il ne pensa plus qu’au départ ;

Le roi l’accompagna l’espace de deux farsangs et l’embrassa en prenant congé de lui.

Lorsque Rustem se fut mis en route, le roi s’en retourna.

Alors Khosrou s’occupa de rétablir l’ordre dans le monde et le monde devint tel qu’il le désirait.

Ainsi tourne cette vieille voûte du ciel ;

Tantôt elle ressemble à l’arc et tantôt à la flèche.

J’ai achevé le combat d’Akwan et de Rustem le vaillant Pehlewan et je vais commencer l’histoire du combat de Bijen, histoire à laquelle chacun donnera des larmes.

Dernière mise à jour : 7 sept. 2021