Keï Khosrou

Réponse de Keï Khosrou et repentir de Zal

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Keï Khosrou écouta le discours du Destau et se contint pendant un temps en étouffant ses larmes, ensuite il dit gravement :

Ô Zal, homme plein d’expérience, toi qui as vécu des années innombrables en montrant toutes les vertus d’un homme, si je te parlais sévèrement devant toute l’assemblée et Dieu n’approuverait pas que je te traitasse durement, ensuite Rustem en serait affligé et l’Iran aurait à souffrir de sa douleur.

Et Buste" : est un homme tel, que si j’énumérais toutes les fatigues qu’il a supportées, elles dépasseraient toutes ses richesses ; il a fait de son corps un bouclier pour moi et n’a laissé à mes ennemis ni sommeil ni jouissance.

Aussi vais-je te répondre doucement et ne pas briser ton cœur par mes paroles. »

Ensuite, il dit à haute voix :

Ô héros à la fortune victorieuse, j’ai écouté tout ce que le Destau a dit devant mes sujets !

Je jure par Dieu, le seigneur, le maître du monde, que je suis loin des voies du Div.

Toute mon âme tend vers Dieu, c’est là que je cherche le remède à mes soucis.

J’ai observé ce monde avec un esprit serein et la raison a été la cuirasse qui m’a préservé de ses maux. »

J Alors, il s’adressa à Zal, disant :

Ne te laisse pas aller à la passion ; mets de la mesure dans tes paroles.

Tu as dit d’abord que jamais un homme de sens et de raison n’était sorti de la race de Touran.

Je suis le maître du monde, fils de Siawusch, je suis un roi de la famille des Keïanides et ne suis pas un insensé.Je suis le petit-fils du maître du monde, Keï Kaous, du roi fortuné, plein de sagesse, qui a fait les délices des hommes.

Par ma-mère j’appartiens à la famille d’Afrasiab, dont la haine m’a privé de la faim et du sommeil, d’Afrasiab qui était petit-fils de Feridoun et fils de Pescheng.

Je n’ai pas à rougir de ma race, carles lions de l’Iran se sont réfugiés sur les bords de la mer de peur d’Afrasiab.

Ensuite tu m’as rappelé que Kaous a fait préparer une caisse attelée d’aigle : et qu’il a voulu s’élever au-dessus de son rang de roi ; mais sache que même les plus puissants ne s’emportent pas contre les rois.

Quant à moi, puisque j’ai vengé mon père, soumis le monde par mes victoires, mis à mort quiconque méritait un châtiment ou faisait peser sur la terre l’injustice et la tyrannie, je n’ai plus rien à faire dans le monde, car la domination des méchants est finie.

Toujours, quand je réfléchis pro-

L9à fondément sur la royauté et cette domination qui dure depuis tant de temps, je crains de devenir comme Djemschid et Kaous et de perdre comme eux la raison, ou comme Zohak l’impur et le vaillant Tour, qui ont fatigué le monde par leur oppression.

Je crains que le temps, en amenant la glace de la vieillesse, ne m’emmène comme eux vers l’enfer.

Ensuite tu m’as reproché d’avoir combattu Schideh comme un léopard plein de courage ; or, je l’ai fait parce que je ne voyais dans l’Iran aucun caValier, aucun homme qui pût lancer son cheval dans la bataille, qui aurait voulu se mesurer avec lui tout seul, ou qui, s’il s’était élancé pour le combat, n’aurait de nouveau hésité.

Tout homme sur qui ne reposait pas une dignité donnée par Dieu, ou àqui les astres n’auraient pas souri, n’eût été dans la main de Schideh qu’une poignée de poussière ; c’est pourquoi je l’ai combattu en personne.

Depuis cinq semaines j’ouvre mes lèvres jour et nuit pour adorer Dieu, pour que le maître du monde, le très-saint, me délivre de mes soucis et du séjour sur cette terre sombre.

Je suis las de mon armée, de mon trône et de ma couronne ; je suis impatient de partir et j’ai fait mes bagages.

Toi, ô vieux et sage Destau, fils de Sam, tu dis que le Div m’a tendu un piège ; mais je ne me suis pas égaré dans les ténèbres et les détours du chemin, ’I c’est mon âme qui est épuisée et mon cœur qui est Vide.

Je ne sais pas où tu trouves dans ma vie les punitions de Dieu et les malheurs du sort. »

À ces paroles, le Destau fut confondu et ses yeux se troublèrent.

Il se leva en poussant un cri et resta debout, s’écriaut :

Ô roi, adorateur de Dieu !

J’ai parlé à la hâte et comme un insensé ; tu es un saint et un sage béni de Dieu.

Puisses-tu me pardonner la faute à laquelle m’a entraîné le Div !

Pendant des années innombrables je me suis tenu devant les rois, ceint pour leur service ; mais jamais je n’ai vu un roi demander de cette manière à Dieu, le créateur du soleil et de la lune, la voie à suivre.

Khosrou est devenu notre guide, puisse le malheur rester loin de lui !

J’aurais voulu ne pas me séparer de toi ; ma raison en est témoin pour mon âme troublée ; cependant ta résolution douons quitter doit prévaloir dans l’Iran, auprès de tous les amis du roi, sur la peine qu’elle leur donne.

Mais nous ne désirions pas nous séparer de toi, ô Khosrou, notre juste et bienveillant maître ! »

Quand le roi eut entendu les paroles du Destau, il approuva les excuses de son vieil ami ; il étendit sa main, saisit celle de Zal et le conduisit sur le trône à côté de lui, car il savait qu’il n’avait parlé ainsi que par tendresse pour le roi au visage de soleil.

Dernière mise à jour : 28 déc. 2021