Keï Khosrou

Lettre d'Afrasiab à Keï Khosrou

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Le roi des Turcs choisit dans cette assemblée trois hommes pleins d’expérience et 0voya par en à Khosrou ce message :

Tu as fait beaucoup de chemin pour me suivre.

Il y a, ô roi, mille farsangs du pays d’Iran jusqu’à Gangue et deux armées nombreuses comme les fourmis et les sauterelles ont traversé les montagnes et les plaines, les sables et les marais ; les terres sont devenues des mers de sang versé par la vengeance depuis Gangue et la Chine jusque dans l’Iran et si l’ordre de Dieu le très-saint réunissait dans une vallée le sang de tous ces morts qui est répandu sur la poussière, il formerait une mer comme la nier de Kolzoum et les deux armées disparaîtraient dans le sang.

Si tu veux mes trésors, ou mon armée, ou le pays de Touran, ou mon trône et ma couronne, je te les abandonnerai et je disparaîtrai ; mais ma vie, tu ne * l’auras que par l’épée.

Ne le tente pas, puisque je 4 t’ai servi de père et de mère et que je suis de la race de Feridoun l’enchanteur ; ne le tente pas, quoique ton cœurlsoit troublé par l’envie de venger ton père et que le respect que tu me dois ait été terni par la mort de Siawusch, qui, après tout, était coupable et avait rempli mon âme de douleur et de soucis.

Ensuite réfléchis sur la rotation des astres puissants, qui apportent tantôt le salut, tantôt la perte.

Soixante années ont passé sur ma tête depuis que j’ai fait ma première campagne à la tête des grands ; tu es jeune et roi de l’Iran, tu

LlO as la griffe dg lion dans la bataille ; choisis un champ de combat écarté et loin des hommes qui adorent Dieu et nous nous y battrons, loin de nos armées.

Si je tombe sous la main, tonlfilet tirera le crocodile du fond des eaux, mais n’attaque pas ma famille ni mes alliés, pardonne-leur et ne te laisse pas aller à cette rage de vengeance.

Si, au contraire, je te tue, je jure par la protection que je demande à Dieu que. je ne permettrai pas qu’un seul parmi les tiens ait à souffrir, ou qu’il entende le bruit des armes dans le combatm Khosrou écouta ’les paroles du messager, puis il dit au fils de Zal, fils de Sam :

Ce Turc malfaisant et fourbe ne distinguera donc jamais quand sa fortune s’élève et quand elle s’abaisse ?

Il a échappé par une ruse au malheur dont il était menacé par nous, mais qui voudra attendre qu’il soit remonté sur le trône du Touran ?

Il parle maintenant d’un combat ; est-ce qu’il cherche le tombeau de Schideh ?

Il est petit-fils de Feridoun et fils de Pescheng et je ne dérogerai pas’en le combattant. »

Rustem lui répondit :

Ô roi !

Ne place pas ainsi du feu dans ton sein.

Ce serait une honte pour toi de combattre en personne, quand même ce serait Pescheng qui se trouverait en face de toi.

Ensuite, il te prie de ne pas attaquer son armée, sa famille et son pays ; mais tu as une armée qui remplit la terre d’une mer à l’autre et qui est d’une autre IlI opinion.

Pour faire avec ton grand-père un traité devant Dieu, il ne faudrait pas qu’il y eût de la fausseté dans les cœurs.

Conduis ton armée entière au combat et méprise ces paroles trompeuses et vaines. »

Dernière mise à jour : 7 sept. 2021