Keï Khosrou

Keï Khosrou fête les Pehlewans

Cette page peut présenter des erreurs qui seront bientôt corrigées. Merci pour votre compréhension.
...

Le grand chambellan ouvrit la porte des jardins du roi pour y préparer une fête royale.

Il plaça le trône et la couronne d’or sous un arbre qui versait une pluie de roses ; il étendit dans le jardin des tapis de brocart dignes d’un roi et le jardin de roses brillait comme une lampe.

À côté du trône du roi on plaça un arbre qui projetait son ombre sur le trône et la couronne ; son tronc était d’argent, ses branches d’or et de rubis et incrustées de pierreries de toute espèce, ses feuilles de cornaline et de chrysoprase et de chaque branche pendaient des fruits brillants comme des boucles d’oreilles.

Ces fruits étaient des oranges et des coings d’or ; le milieu en était creux et rempli de musc dissous dans du vin et toute la .surface percée comme de trous de roseau.

Quiconque s’asseyait sur ce trône par ordre du roi était parfumé par le musc que le vent répandait dégouttait de l’arbre sur sa tête ; les échansons étaient sur lui. g rangés devant lui, portant tous des diadèmes de pierreries et des tuniques de brocart de la Chine et de Roum ; ils se tenaient tous debout devant le trône du roi, parés de colliers et de boucles d’oreilles, vêtus de tuniques brodées de pierres fines dignes d’un roi ; leurs joues brillaient comme le brocart de Roum ; ils brûlaient devant le roi de l’aloès et faisaient résonner les luths.

Le roi ordonna au capitaine des gardes d’appeler Gouderz, Thous et les héros ; il fit approcher Rustem de son trône et l’y fit asseoir sous l’arbre.

Tous les cœurs étaient remplis de joie, toutes les mains tenaient des coupes, toutes les joues étaient colorées comme la fleur de l’Arghawan, mais personne n’était ivre.

Ensuite le roi dit à Rustem :

.O mon noble allié, garant de ma fortune, tu es le bouclier qui protège l’Iran contre tout mal ; tu étends sans cesse sur nous tes ailes.

Le roi arriva et s’assit sur le trône d’or ; le musc comme le Simurgh.

Que de fois n’as-tu pas supporté les fatigues de la guerre en combattant pour l’Iran et en secourant ses rois !

Tu sais tout ce qu’ont fait les membres de la famille de Gouderz;-tu les as comme dans la paix et dans la guerre, dans la prospérité et dans le malheur.

Ils se tiennent devant moi, les reins ceints, me guidant toujours vers le bien ; et surtout Guiv, qui plus que tout autre s’interpose comme un bouclier entre moi et tous les dangers.

Jamais cette famille n’a été aussi éprouvée par la douleur qu’aujourd’hui ; car qui connaît une douleur plus grande que la perte d’un fils ?

Si tu ne viens pas à notre secours dans cette affaire, je ne vois personne qui puisse nous y aider.

Cherche un moyen de sauver Bijen, que les Turcs accablent de maux ; prends tout ce qu’il te faut en chevaux, en armes, en hommes et en trésors et ne me refuse pas ce service. »

Rustem à ces paroles du roi, baisa la terre et se relevant promptement, le bénit en disant :

Ô glorieux roi, qui semblable au soleil étends partout ta domination, puisses-tu ignorer l’avidité, la colère et le besoin !

Puisse le cœur de tes ennemis être consumé par la flamme du malheur !

Tu es le roi des rois, leur chef et leur maître et les princes de la terre sont la poussière de tes pieds.

Jamais un roi, jamais le soleil brillant, ni la lune qui tourne, n’ont vu un trône comme le tien.

Tu as séparé les bons des mauvais ; tu as vaincu le dragon par ta magie et tu l’as enchaîné.

Ma mère m’a mis au monde pour que je me fatigue pour toi et ton droit est de jouir du repos et du bonheur.

J’ai entendu les ordres du roi et je prendrai le chemin qu’il me montrera.

J’ai arraché le cœur au Div du Mazenderan par la grâce des Keïauides et à l’aide de ma lourde massue ; et maintenant quand le ciel ferait pleuvoir du feu sur ma tête pendant que je marcherai au secours de Guiv, je n’y ferais pas attention et quand des fers de lance traverseraient les cils de mes yeux, je ne reculerais pas devant l’exécution des ordres du roi.

J’accomplirai cette entreprise, confiant dans ta fortune et je ne le demande ni chefs ni soldats. »

Rustem ayant ainsi parlé, Gouderz, Guiv, Faribourz, Schapour, le vaillant F erhad et tous les grands de l’armée appelèrent les grâces du Créateur sur lui.

Ils portèrent, eux et le roi, leurs mains aux coupes, le cœur épanoui de joie et semblable au jeune printemps.

Dernière mise à jour : 7 sept. 2021