Keï Khosrou

Gustehem tue Lehhak et Ferschidwerd

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La nuit noire étant venue, il fit clair de lune ; les deux héros fatigués étaient alors livrés au sommeil.

Gustehem arriva près de l’endroit où se trouvaient les deux amis touraniens.

Son coursier flaira leurs chevaux, hennit et se mit à bondir.

À l’instant le cheval de Lehhak fil de son côté entendre un liennissement, comme s’il eût été en démence.

Ferschidwerd courut vers Lehhak et le réveilla, en disant :

Réveille-toi de ton doux sommeil, frappe bravement la tête de la mauvaise fortune.

Un sage a dit ce mot profond, que quand un lion s’enfuit devant les griffes du loup, il ne faut pas que le loup le poursuive, car il attirerait la destruction sur lui-même.

Allons !

Lève-toi !

Hâte-toil une armée arrive de l’Iran et nous barre le chemin. »

Mais il avait beau courir et se presser, personne n’évite le jour Les deux cavaliers montèrent à cheval et sortirent du malheur. ’ en toute hâte de la forêt.

Ils tournèrent les yeux vers la plaine pour se préparer à tout événement.

Dans ce moment Gustehem parut au loin ; ils virent qu’au-cun cavalier ne l’accompagnant ; les deux braves levèrent la tête ; ils le reconnurent aussitôt qu’ils l’eurent aperçu et se dirent l’un à l’autre :

C’est un seul homme qui se dirige de notre côté, c’est Gusertehem sans compagnon qui vient nous combattre, [la le drapeau des braves en main.

Il ne faut pas nous ce enfuir devant lui ; car s’il continue de s’avancer dans la plaine, il ne nous échappera certainement pas.

Il paraît que sa mauvaise fortune a voulu le perdre. »

Ils sortirent de leur retraite et se dirigèrent vers la plaine.

Gustehem courut sur eux avide de combat ; il s’approcha et arrivé près d’eux, il poussa des cris de rage comme un lion furieux et fit pleuvoir sur eux des traits de bois de peuplier.

Ferschidwerd s’élança pour l’attaquer ; mais Gustehem décocha contre lui une flèche qui le frappa à la tête et qui mêla son sang avec sa cervelle.

Il tomba de cheval et mourut à l’instant ; cet illustre héros fils de Wiseh avait cessé de vivre.

Lehhak regarda le visage de son frère et reconnut que les combats étaient finis pour lui ; il trembla et la douleur qu’il éprouvait de le voir mort le troubla ; le monde devint noir devant ses yeux ; l’excès de ’l’allliction rendit son âme indifférente à la vie ; il banda son arc et le tendit ; il lança une flèche contre Gustehem pendant que ses yeux versaient un torrent de larmes.

Ils s’attaquèrent tour à tour et pas une seule flèche ne tomba à terre.

Les cavaliers étant tous deux blessés, se mirent alors à combattre avec l’épée.

Tout à coup Gustehem saisit une occasion favorable, secoua la bride de son cheval, fondit sur Lehhak, lui assena un coup sur la nuque avec son épée tranchante et le tua à l’instant.

Sa tête roula sous les pieds de Gustehem comme une boule qu’a frappée le mail.

Telle est la manière d’agir du ciel qui tourne ; il prive tout à coup de sa tendresse ceuxlà même qu’il a élevés dans son sein : quand tu cherches sa tête, tu rencontres son pied ; et quand tu crois lui saisir le pied, c’est la tête qui se présente.

Gustehem restait à cheval, mais il était tellement blessé qu’on eût dit qu’il allait tomber en pièces ; il continua de chevaucher courbé sur la selle et tout en perdant son sang il poussait son cheval.

Il arriva à la fin sur le bord d’un ruisseau où il vit de l’eau courante, où il vit de l’ombre ; il mit pied à terre, attacha son cheval à un arbre et parvint heureusement à s’approcher de l’eau.

Il but longtemps et rendit grâces à Dieu ; on.aurait dit qu’il était cloué à la terre.

Ensuite, il se mit à se tordre et à se rouler sur la terre noire ; tout son corps était déchiré de coups d’épées.

Il dit :

Ô gracieux maître du monde, fais que Bijen fils de Guiv, ou un autre des héros pleins de valeur, quitte notre armée glorieuse, vienne ici poussé par son inquiétude pour moi et m’emmène de ce lieu, mort ou vivant, au camp des Iraniens, pour qu’ils sachent que je ne suis pas mort sans gloire.

C’est la seule chose au monde que je désire encore. »

Il passa toute la nuit à gémir et se tordit de douleur, jusqu’à ce que le jour commença à briller, comme un serpent qui se roule dans la poussière.

Dernière mise à jour : 19 déc. 2021