Keï Khosrou

Gustehem poursuit Lehhak et Ferschidwerd

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Gustehem revêtit sa cuirasse de combat et prit congé de tous les héros qu’il rencontrait ; il sortit du camp en toute hâte ; il partit pour aller combattre les Turcs qui portaient haut la tête et toute l’armée se disait que Gustehem pourrait bien ne pas suffire contre deux.

Pendant ce temps une armée envoyée par Afrasiab s’était avancée comme une barque sur l’eau, elle marchait bravement au secours de Piran ; mais arrivée dans le désert de Dagbouï, elle apprit qu’il était mort et de quelle manière s’était terminé le combat des braves ; elle s’en retourna tout entière et arriva devant Afrasiab en poussant des cris de douleur.

Cependant, Bijen apprenant que Gustehem était parti pour aller combattre Lehhak, pensa aux dangers qui l’attendaient dans le désert de Daghouï ; il pensa qu’il ne fallait pas permettre à Lehhak et à Ferschidwerd de le réduire en poudre au jour du combat ; il monta sur un cheval ardent à la course et se dirigea vers Gouderz.

Aussitôt qu’il aperçut son grand-père, il lui adressa la parole à haute voix, â disant :

Ô Pehlewan, la raison n’approuve pas que tu livres imprudemment à la mort tous les grands qui t’obéissent et que tu offres au ciel des occasions de nous faire du mal.

Deux grands de l’armée du Touran se sont mis bravement en route : ils sont plus vaillants que n’étaient Houman et Piran ; ils sont par leur naissance les chefs de cette armée.

Maintenant Gustehem est parti pour les combattre tous les deux, mais il ne faut pas qu’il ait le dessous.

Tous les triomphes que nous avons remportés seraient convertis en chagrins, si cet homme généreux disparaissait de l’armée. »

Gouderz écouta ces paroles et approuva le héros qui aspirait à la gloire ; il réfléchit pendant quelque temps et embrassa l’opinion de Bijen.

Le chef de l’armée du roi dit alors à ses braves :

Quiconque désire acquérir de la gloire et des honneurs doit partir, suivre Gustehem et l’assister contre ses ennemis. »

Personne dans l’assemblée ne répondit, personne ne prenait souci de Gustehem, personne ne s’était assez reposé.

Alors Bijen dit à Gouderz :

Il n’y a que moi qui veuille le sauver.

Qui d’entre les héros se mettra en avant dans cette affaire !

Ils sont fatigués et ne veulent pas se lever.

C’est à moi de partir, car mon cœur est plein de soucis pour lui et mes yeux sont remplis de larmes. »

Gouderz lui répondit :

Ô homme au cœur de lion, qui n’as encore éprouvé ni la chaleur ni le ne : froid de la vie, ne vois-tu pas que nous sommes victorieux ?

Ne te jette donc pas si vivement dans cette aventure.

Gustehem sera vainqueur de ces Jeux Turcs ; il les privera de leur tête, de leur couronne et de leur trône.

Attends que j’envoie après lui un cavalier semblable à un lion furieux, qui l’aidera dans le combat et qui mettra en poudre les têtes de ses ennemis. »

Bijen répliqua :

Ô Pehlewan du monde entier, c’est pendant qu’il vit encore qu’un homme a besoin d’un ami et non pas quand on l’a tué.

Quand Gustehem sera tombé dans le combat, quand son jour sera passé et que son sort sera achevé, est-ce alors que tu m’ordonneras de m’occuper de lui et de prendre mes armes pour le secourir ?

Si tu me défends de partir, je me couperai le cou avec ce poignard brillant, car je ne veux pas lui survivre ; ne cherche donc pas un prétexte pour me retenir. »

Gouderz répondit :

Eh bien !

Pars, si tu tiens si peu à ta vie ; puisque tu ne te lasses pas de combattre, ceins-toi, prends tes armes et ne perds pas un instant.

Il parait que tu n’as aucune pitié pour ton père, car tu ne cesses de lui brûler le cœur.

Mais tu réduis en poussière les cimes des montagnes, pourquoi craindrais-je pour toi dans ce combat ? »

À ces paroles de son grand-père Bijen se prosterna, baisa la terre et partit.

Dernière mise à jour : 19 déc. 2021