Keï Khosrou

Combat de Rustem contre Saweh

Rustem dit aux Iraniens :

Nous n’avons fait dans ce combat aucune perte.

Maintenant les Iraniens seuls posséderont ces éléphants, ces trésors, ce trône et cette couronne brillante et je n’ai besoin pour cela que des pieds de Raksch et de la grâce de Dieu.

Je ne laisserai plus fouler du pied la terre à aucun homme du pays de Seklab, de Schikin et de la Chine ;

Car ce jour est le jour de notre victoire et le ciel sublime couvre de gloire notre armée.

Leurs crimes les ont marqués pour la destruction et les mauvaises actions des méchants les perdent.

Si Dieu le distributeur de la justice me donne des forces, si Raksch montre son brillant courage, je ferai de cette plaine un cimetière, je convertirai en marais cette terre fertile.

Chacun de vous se rendra à son poste en toute hâte et en courant comme le vent ;

Vous écouterez et lorsque je m’élancerai de cette place, vous ferez sonner les conques et les clochettes, vous rendrez la terre noire comme l’ébène par la poussière que soulèveront vos chevaux, on battra les timbales, vous frapperez sur les masses d’armes et les lourdes massues des Touraniens comme le marteau du forgeron frappe sur l’acier ;

Vous n’aurez pas peur de leur nombre ;

Vous ferez voler l’écume des flots de la rivière jusqu’aux nuages, vous romprez les rangs des Seklabs et des Chinois et il faut que la terre ne puisse apercevoir le ciel d’azur.

Tenez tous les yeux sur moi ;

Quand je pousserai le cri de guerre, vous vous ébranlerez et vous frapperez.

Ensuite, il partit, semblable à un éléphant en rut, tenant en main une massue à tête de bœuf ;

Il s’approcha de l’aile gauche des Touraniens en poussant des cris et aborda leur armée du côté où commandait Kender ;

Il rompit entièrement l’aile gauche et bien des têtes couvertes d’un casque ne revirent plus les corps auxquels elles avaient appartenu.

Or il y avait là un parent de Kamous qui portait le nom de Saweh, homme orgueilleux et d’une ambition immodérée.

Il s’avança contre Tehemten une épée indienne à la main, tournant autour de lui à droite et à gauche et désirant venger la mort de Kamous.

Il dit à Rustem :

Ô éléphant furieux, tu vas voir le tumulte des flots de l’Indus ;

Je vais venger le malheureux Kamous et c’est la dernière bataille à laquelle tu assistes.

Lorsque Rustem entendit les paroles de Saweh, il saisit sa lourde massue, la détacha et l’en frappa sur la tête ;

L’âme de Saweh quitta son corps misérablement.

Rustem le jeta par terre, le fit fouler aux pieds par Raksch et il ne resta pas de trace de lui dans le monde.

Le drapeau de Kaschan fut baissé et le sort de Saweh rempli son armée de tristesse.

Personne ne tenait plus devant Rustem ;

Il était capable de faire porter des fruits à la poussière et aux ronces.

Dernière mise à jour : 7 sept. 2021