Keï Khosrou

Afrasiab passe le lac de Zereh

Cette page peut présenter des erreurs qui seront bientôt corrigées. Merci pour votre compréhension.
...

Afrasiab, à ces paroles, se repentit de ce qu’il avait fait autrefois.

Il renonça aux pompes du pouvoir pour sauver sa vie et prit la route du désert à travers le pays.

Chaque jour ce n’étaient que soucis, lassitude et chagrins et c’est ainsi qu’il arriva au mont Asprouz, étant aux aguets jour et nuit, de peur de ses ennemis et ne vivant que du produit de sa chasse.

Il continua ainsi, jusqu’à ce qu’il atteignît le lac de Zereh, les reins brisés de fatigue et de la gêne des courroies et des boutons de son armure.

Lorsqu’il fut sur le rivage de cette mer profonde, il n’en vit ni le milieu, ni le bord et un marinier lui dit :

Ô roi, tu ne peux passer cette mer profonde.

J’ai soixante et dix-huit ans et je n’ai jamais vu une barque ni un vaisseau la traverser. »

Le noble Afrasiab lui répondit :

et Heureux celui qui meurt sur l’eau !

Puisque l’épée de l’ennemi ne m’a pas tué, je ne me laisserai pas faire prisonnier. »

Il ordonna à tous ses grands de mettre des barques à l’eau et fit voile vers Gangue Diz ; c’était un homme qui portait haut la tête dans le bonheur et dans le malheur.

Arrivé à Gangue Diz et se trouvant en sûreté, il se mit à dormir, à festoyer et à se reposer des fatigues de la guerre, disant :

Restons ici, libres de soucis et dans la joie ; ne pensons plus au passé.

Quand mon étoile obscurcie sera redevenue brillante, je repasserai sur mes vaisseaux le lac de Zereh, je me vengerai de mes ennemis, je jetterai de la gloire sur ma route et sur mon règne. »

Lorsque Keï Khosrou apprit ce qui s’était passé et que le vieillard avait tenté une nouvelle voie, il dit à Rustem :

Afrasiab a passé l’eau et est allé à Gangue Diz.

Il a prouvé par le fait ce qu’il m’avait dit :

que le ciel puissant ne l’abandonnait jamais.

Il a passé sur des vaisseaux l’eau de Zereh et toute notre peine est perdue ; mais je ne parlerai jamais à mon grand-père qu’avec l’épée et ne laisserai pas vieillir ma vengeance.

Avec la force que m’a donnée Dieu, le maître de la victoire, je me ceindrai pour venger Siawusch, je répandrai mon armée dans toute la Chine et dans le Mekran, je traverserai la mer de Keimak et quand la Chine et le Madjin me seront soumis, je n’aurai plus besoin de l’aide du pays de Mekran.

Je ferai passer à mon armée le lac de Zereh, si le ciel qui tourne veut m’être favorable et quelque longs que soient les retards que nous aurons à subir, il faut espérer que cet homme de sang tombera dans nos mains.

Vous avez supporté bien des fatigues, vous avez laissé derrière vous les pays cultivés ; prenez sur vous encore cette nouvelle peine, cela vaut mieux que d’abandonner le monde à votre ennemi et l’on célébrera jusqu’à la résurrection votre victoire et la défaite d’Afrasiab. »

’ Ce discours irrita les Pehlewans, leurs bouches se remplirent de paroles vaines, leurs sourcils se froncèrent ; ils dirent :

C’est une mer pleine de vagues.

La LIVRE bas sors et l’armée est trop nombreuse pour la livrer au vent et à une navigation de six mois.

Qui sait qui en reviendra ?

Afrasiab porte malheur à l’armée.

Sur terre, nous sommes toujours dans la bataille ; sur mer, nous sommes dans la gueule du crocodile. »

Chacun tint des propos de toute espèce et les clameurs devinrent grandes, mais Rustem dit f Ô grands de l’empire, ô chefs expérimentés et éprouvés dans les fatigues, il ne faut pas que nos peines restent infructueuses et s’en aillent au gré du vent de la mollesse ; ensuite il faut que ce roi victorieux recueille le fruit de sa bonne fortune.

Nous sommes venus de l’Iran jusqu’à Gangue et nous n’avons rencontré que des mains avides de combat.

Il faut que Khosrou jouisse de ce qu’il a préparé ; c’est pour cela qu’il est venu ici et pour cela qu’il ira plus loin. »

À ce discours de Rustem, l’armée fit une réponse unanime dans un nouveau sens ; les sages et puissants chefs se levèrent et prononcèrent de bonnes paroles, disant :

Nous tous sommes les esclaves du roi, ses esclaves et ses amis ; le commandement est à toi sur la terre et sur l’eau, nous sommes. tes Sujets et tes féaux. »

Dernière mise à jour : 7 sept. 2021