Keï Khosrou

Afrasiab arrive à Gangue Diz

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Lorsque Afrasiab se fut déterminé à repasser le Djihoun, il traversa le fleuve rapidement comme un ouragan, son armés se réunit à l’armée de Karakhan et chacun raconta ce qui lui était arrivé dans la bataille.

Le roi des Turcs et tous ceux de sa race qui survivaient versaient des larmes abondantes sur la mort de son fils illustre, de ses grands, de ses parents et de ses alliés et l’on entendit des lamentations telles qu’on aurait dit que les nuages faisaient pleuvoir du sang des yeux du lion.

Il fit une halte à Bokhara, parce qu’il désirait faire recommencer le combat des lions.

Il convoqua les plus courageux des grands de sa cour qui restaient en vie ; mais lorsque les nobles et tous les braves qui étaient admis à donner un avis lurent rassemblés, ils déclarèrent au roi qu’ils désespéraient de la guerre.

Tous les plus vaillants de notre armée sont morts et notre cœur en saigne.

De cent, il n’en survit probablement pas vingt et il ne nous reste qu’à pleurer les morts.

Nous et un grand nombre de nos alliés avons renoncé à nos richesses et à nos enfants et avons livré sur l’autre rive du Djihoun une bataille telle que le roi l’avait ordonnée.

Tu sais ce qui nous est arrivé par suite de notre folie, car tu es le roi et nous sommes les sujets.

Si donc le roi veut suivre un avis sensé, il conduira l’armée d’ici à Djadj et quand Khosrou viendra pour le combattre, il sera temps de mettre sur pied une armée.

Puisse-t-il plaire au roi de se retirer derrière le Gulzarrioun et de se tenir en ce repos dans son paradis de Gangue, qui est le dépôt de ses trésors et son champ de bataille ! »

Tous se réunirent à cet avis et personne n’en ouvrit un autre.

Ils partirent tous pour le Gulzarrioun, les yeux remplis de larmes, les joues inondées de sang.

Le roi des Turcs resta trois jours sur les bords du Guizarrioun et se délassa en chassant au faucon et au guépard.

De là ils se dirigèrent vers Gangue, sans s’arrêter longtemps nulle part.

Le roi y possédait une ville semblable au paradis, dont le sol était de musc et les briques étaient d’or.

Il s’y reposa heureux et souriant ; tu aurais dit que la sécurité était sa compagne.

Il appela de tous côtés une armée sans nombre, des grands qui portaient haut la tête et des héros et se mit à jouir du vin et des bosquets fleuris, du son des harpes et des rebecs, des roses, des jacinthes et des coupes.

Il jouit ainsi de la vie en attendant qu’il vit comment le sort tournerait et quel secret se cachait sous ce qui était apparent.

Mais bientôt arrivèrent des espions qui lui dirent en secret :

Khosrou a conduit son armée de ce côté du Djihoun, il a quitté le bord du fleuve et arrive dans le désert.

Fais attention et prépare sur-le-champ ce qu’il faut, car l’ennemi va paraître inopinément. »

Dernière mise à jour : 19 déc. 2021