Khosrou Parviz

Meurtre de Bahram Djoubineh par Kaloun

Cette page peut présenter des erreurs qui seront bientôt corrigées. Merci pour votre compréhension.
...

Kaloun prit le sceau et partit, courant comme un asclian à qu’au jour de Bahram, qui était néfaste pour Djoubineh.

Celui-ci se tenait dans sa chambre avec un seul serviteur ; il y avait des grenades, des pommes et des coings placés devant lui.

Kaloun arriva seul à la porte et dit au gardien :

Ô homme qui recherches un bon renom !

Je suis envoyé par la fille du Khakan ; je ne suis ni un homme de guerre ni un Perse.

Cette sainte femme m’a confié un secret pour que je le dise au roi.

Elle tient sa porte ferméea cause de son absence, de plus elle est malade et enceinte.

Peux-tu le lui faire savoir pour faisan

, de la vi lle de K Merv.

Il y resta jusque je fasse parvenir son message à ce prince couronné, au nom glorieux ? »

Le vénérable gardien du rideau courut à la porte de la chambre du Pehlewan et dit :

Il est arrivé un messager de mauvaise mine, vêtu d’une peau de mouton ; il dit qu’il est chargé d’un mesage de la fille du Khakan pour le prince fortuné. »

Bahram répondit :

Dis-lui de se montrer à la porte de cette chambre. »

Kaloun s’avança jusqu’à la porte et montra sa tête par l’ouverture de cette porte et quand Bahram vit un vieillard fatigué et misérable, il lui dit :

Si tu as une lettre, donnela. »

Kaloun répondit :

Ô roi, je n’ai qu’un message et ne puis m’en acquitter w devant personne. »

Bahram dit :

Entre vite et parle-moi secrètement à l’oreille sans faire des difficul-

Iés. »

Kaloun s’avança, le couteau dans la manche de sa robe ; le moment pour son crime était arrivé.

Il s’avança comme pour lui dire dans l’oreille son secret, le frappa du poignard et un cri de douleur s’éleva de la chambre.

Quand Bahram poussa ce cri, des hommes arrivèrent du dehors en courant auprès du roi, qui leur dit :

Saisissez-le vite et demandez-lui qui lui a donné des instructions. »

Tout ce qui était dans le palais accourut ; on tirait le vieillard par la tête et les pieds, tous les serviteurs étaient courroucés contre lui et le frappaient du tranchant de la main et des poings.

Il supporta les coups et n’ouvrit pas les lèvres et cela dura de midi jusqu’à mi-

Nuit.

À la finses pieds et ses mains étaient brisés ; on le jeta dans la cour du palais et le : valets revinrent auprès de Bahram, le cœur navré et plein d’angoisse.

Le sang s’écoulait du corps du blessé, ses lèvres soupiraient, ses joues étaient couleur de lapis-lazuli.

Sa sœur était accourue sur-le-champ ; elle s’arrachait tous les cheveux, elle plaçait sur son sein la tête de l’homme blessé, se lamentant en elle-même de ce malheur.

Elle s’écriait :

Hélas ! Ô vaillant cavalier, devant lequel le lion s’enfuyait de la forêt !

Qui est-ce qui a abattu cette colonne du monde ?

Qui est-ce qui a été l’instigateur de cette mauvaise pensée ?

Hélas ! Ô cavalier au corps de Sipehbed, conquérant du monde, dépourvu de crainte, vainque’ur des lions !

Tu n’as été le serviteur ni d’un Chosroës ni de Dieu.

Qui est-ce, qui a frappé ce corps d’éléphant ?

Hélas !

Cette puissante montagne qui levait si haut sa tête, qui est-ce qui l’a arrachée du fond de la mer aux belles eaux ?

Qui est-ce qui a renversé un cyprès si vert, abaissé dans la poussière ce diadème de la royauté, rempli de poussière cette mer profonde, jeté dans un basfond cette montagne qui marchait ?

Nous sommes des étrangers, seuls, sans amis, sans protecteurs ; nous reslons méprisés dans le pays d’autrui.

Je t’avais exhorté, ô chef du peuple, à ne pas arracher l’arbre de la loyauté ; car s’il ne restait de la race de Sâsân qu’une seule fille, elle poserait le diadème sur sa tête, tout le pays serait son esclave et sa couronne brillante s’élèverait jusqu’au ciel ; toutes les villes de l’Iran lui obéiraient ; jamais les cœurs n’abandonneront cette famille.

Maintenant le Sipehdar, qui n’a pas écouté mon conseil ni mes bonnes paroles, se repent de ce qu’il a fait et va porter devant Dieu une âme coupable.

Le malheur a frappé notre maison puissante, nous sommes devenus des moutons et notre ennemi est comme un loup. »

Lorsque le blessé entendit ces paroles, qu’il vit ce grand cœur et cette intelligence pleine de sagesse, qu’il vit cette femme qui avait déchiré ses joues avec ses ongles, qui avait arraché ses cheveux, dont le cœur et les yeux étaient pleins de sang et le visage couvert de poussière, il ouvrit ses lèvres tristement et péniblement et dit :

Ô ma sœur qui es née a sainte !

Jamais conseil n’a égalé ceux que tu donnais et pourtant ma mesure est pleine.

Je n’ai pas suivi tes conseils, c’est comme si en toute chose le Div avait été mon guide.

Il n’y a pas en de roi plus grand que Djemschid, qui a rempli le monde de crainte et d’espérance et pourtant les discours des Divs l’ont égaré et il s’est rendu le monde n noir devant les yeux.

Ensuite le prudent Keï Kaous, ce maître du monde à la bonne étoile, aux traces de pied fortunées, a été perdu par les discours d’un Div maudit et tu as entendu les malheurs qu’il s’est attirés ; il a voulu s’élever au ciel pour voir comment la voûte qui tourne dirige le soleil et la lune sur leurs routes.

Moi aussi j’ai été égaré par le Div, qui m’a empêché de faire ce qui est bien.

Je me repens de tout le mal que j’ai fait ; si Dieu me pardonne, ce sera un effet de sa grâce.

Tout cela était écrit dans ma destinée.

Pourquoi m’afflige-

rais-je de ce que j’ai fait autrefois ?

L’eau a monté maintenant au-dessus de ma tête et le chagrin et la joie ne sont pour moi qu’un souffle du vent.

C’était écrit et il est arrivé ce qui devait être, car on ne peut ni ajouter à ce qui est écrit ni en ôter.

Tes conseils sont de précieux souvenirs pour moi, tes paroles sont pour moi des perles uniques.

Mais le temps de faire ce qui est juste ou injuste est passé, ne me rappelle donc plus les paroles.

Tournez vos yeux vers Dieu, appuyez-vous du côté où sourit la fortune.

Le maître du monde est votre seul soutien dans le malheur, ne parlez donc à personne de vos soucis ni de vos joies.

Je n’ai pu avoir dans le monde que la part que j’ai obtenue et maintenant le sort me fait partir. »

Il dit à Yelan Sineh :

Je te remets le commandement de toute l’armée ; implore la Fortune, qui veille sur toi.

Aie soin de ma sœur, cette femme excellente : tu n’auras pas besoin dans le monde d’autres conseils que les siens.

Ne vous séparez jamais et qu’il n’y ait jamais de désunion parmi vous ; ne restez pas longtemps dans ce pays hostile : j’y suis venu et me suis dégoûté de ces lieux.

Rendez-vous tous ensemble auprès de Khosrou ; parlez-lui et écoutez ce qu’il dira et s’il vous pardonne, tenez-le seul pour votre lune et votre soleil.

Portez à Guerdouî bien des salutations de moi et dites-lui tout ce qui est arrivé.

Elevez-moi un tombeau dans le pays d’Iran et détruisez le palais de Bahram à Beî.

J’ai supporté bien des fatigues pour le Khakan et je n’ai pas vu un seul jour qu’il m’en sût Il n’a pu vouloir me récompenser de mes peines par l’envoi de ce Div pour m’attaquer.

Mais il est probable que, quand il apprendra cette affaire, il n’y comprendra rien ; car elle n’a pu être faite que par des Iraniens et le Div a dû en être l’instigateur. »

Il fit alors venir un scribe pour écrire une lettre indispensable.

Il fit écrire au Khakan :

Bahram est mort ; il est mort tristement, misérablement et sans atteindre son but.

Rends heureux ceux que je laisse après moi ; sauvegarde-les de la misère et du mal que leur feraient mes ennemis ; car jamais je ne t’ai fait du mal.

J’ai toujours tâché de suivre la voie de la droiture et de l’intelligence. »

Ensuite, il donna à sa sœur beaucoup de conseils, pressant contre sa poitrine cette tête chérie ; il posa sa bouche sur le lobe de l’oreille de sa sœur, sesyeux se rem. plirent de larmes de sang et il rendit l’âme.

Tous le pleurèrent amèrement ; ils ne lui survivaient qu’avec des cœurs blessés.

Sa sœur poussait des cris de douleur ; elle répétait sans cesse toutes ses paroles, et, dans son deuil, son cœur se fendait.

Elle lui prépara un étroit cercueil d’argent, para son corps de héros de vêtements de brocart et l’enveloppe de linge fin sous la tunique ; puis elle versa du camphre autour de son corps, jusqu’à ce que sa tête en fût recouverte.

Telle est la condition de cette demeure passagère ; ne te fatigue pas, puisque tu sais que tu n’y resteras pas.

Petits et grands, nous sommes nés pour la poussière, nous livrons nécessairement notre corps à la mort ; ne t’abanc donne pas aux soucis, bois du vin jour et nuit, le cœur plein de joie, les lèvres pleines de sourire.

Dernière mise à jour : 25 sept. 2021