Khosrou Parviz

L'armée iranienne abandonne Khosrou et délivre Schirouïeh de sa prison

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Lorsque le roi connut ces nouvelles, il prit légè-rement cette grave affaire.

Il comprit que c’était le fait de Guraz, qui avait conseillé le Kaïsar, avide de guerre ; car le roi avait faitappelerGuraz, qui s’était excusé et n’avait pas obéi à sa lettre ; ce méchant homme avait peur du roi, de sa cour et de ses grands.

Le roi s’assit avec les grands, avec tous les chefs de l’Iran ; il voulut se délivrer de ce souci et chercha longuement un remède à cette affaire.

Il eut une idée lumineuse et adressa une lettre à Guraz, portant :

J’approuve ce que tu as fait, je t’en ai loué devant les braves ; tu t’es surpassé en artifices et tu as et amené la tête du Kaïsar devant un précipice.

Quand cette lettre le sera remise, réfléchis bien dans ton esprit subtil ; reste où tu es jusqu’à ce que je me sois mis en marche, puis mets-toi en route avec les troupes que tu commandes et le Kaïsar sera perdu, V car il se trouvera cerné des deux côtés par nos armées et nous l’amènerons captif dans l’Iran, nous y amènerons prisonniers tous les Renmis. »

Le roi choisit à sa cour un homme rusé, éloquent et entendu comme il le fallait et lui dit :

Porte secrètement cette lettre comme si tu étais un es-

(r pion, mais marche de manière qu’un Roumi te voie sur la route et te fasse beaucoup de questions ; il te saisira et te mènera devant le Kaïsar, ou devant le chef de son armée, qui te demandera d’où tu viens et tu lui diras que tu es un pauvre homme qui cherche à gagner sa vie, que tu as fait cette longue et pénible route parce que tu es porteur

d’une lettre pour Guraz.

Tu attacheras cette lettre à ton bras droit et si le Roumi le la prend, ce sera Lbe messager.q»uitta’Khosrou, la lettre attachée à son bras et continua sa route.

Lorsqu’il fut arrivé près du Kaïsar, un patricien le vit etle conduisit devant le prince, la tête couverte de poussière, les deux joues pâles, les lèvres bleues.

Le Kaïsar lui dit :

est Khosrou ?

Il faut me dire la vérité. »

Le pauvre sujet de Khosrou fut confondu devant lui, et, dans sa terreur, répondit avec une mine bouleversée.

Le Kaisar dit :

Fouillez cet homme à mauvaise intentions à mauvaises pensées, à mauvaises paroles. »

On le fouilla et un homme intelligent et habile détacha la lettre de son bras et chercha à la cour un chef savant qui pût lire facilement cet écrit en pehlewi.

Le lettré ayant lu la missive, la joue du prince devint comme de la poix ; il se dit en lui-même :

Voilà donc l’embûche de Guraz !

Et moi je suis venu bravement me mettre dans ses filets.

Le roi des rois veut, avec trois cent mille hommes et des éléphants de guerre dont personne ne sait le nombre, me pousser dans son piège ; puisse sa fin être lugubre ! »

Il se retira avec son armée et l’envie de conquêtes disparut de son cœur.

Lorsque Guraz apprit que le Kaïsar s’en retournait dans le Roum, son cœur se remplit de douleur, ses joues pâlirent, il choisit pour messager un cavalier parmi les plus braves et écrivit une lettre remplie de plaintes et de colère, disant :

Pourquoi le -Kaïsar est-il devenu mécontent de moi ?

Dis-moi pourquoi tu as quitté l’Iran, pourquoi tu as fait de moi un homme sans ressources dans le monde ?

Le rroi des rois sait que c’est moi qui suis l’auteur de cette entreprise et son cœur en sera blessé et plein de rancune contre moi. »

Le Kaïsar vit la lettre et la lut ; il choisit un noble de son armée et l’envoya auprès de Guraz, auquel il fit dire :

Est-ce que Dieu t’a donné de la prospérité pour que tu détruises ma couronne et mon trône, pour que tu dévores par le feu mon armée ?

Ta lettre n’a abouti pour moi qu’à me faire jeter au vent mes trésors, ô

abomine de mauvaise racelTu as voulu me livrer à Kosrou, puisses-tu ne jamais obtenir de la puissance ou du bonheur !

Comprends donc que les Iraniens aussi longtemps qu’ils verront un prince de la farmille des Keïanides, ne demanderont pas un étranger, serait-il de la race des Kaïsars, ou le plus intelligent des hommes. »

Guraz chercha longtemps à se justifier auprès du Kaïsar ; mais, malgré tous ses efforts, il ne put sortir du piégé dans lequel il était tombé.

Khosrou choisit pour envoyé un homme noble, éloquent et savant et écrivit à Guraz une lettre, portant :

Ô homme sans valeur, vil et faisant œuvre de Div !

Je t’ai souvent appelé à cette cour, mais tu te refuses à suivre Vll. 1h) !

La règle et la bonne voie.

Maintenant cette armée que tu as avec toi et qui a toujours été ton soutien est dévouée de cœur et d’intentions au Kaîsar et nourrit dans son âme des pensées contraires à se : devoirs.

Envoie-moi ceux qui ont été ébranlés et qui méditent une révolte. »

’ Lorsque Guraz eut reçu la lettre, ce vieux et puissant chef devint soucieux.

Il choisit douze mille cavaliers parmi les illustres de l’Iran et leur dit :

Soyez unis, ne faites attention aux paroles de personne, marchez d’ici aux frontières de l’Iran, allez vers le roi des braves ; restez quelque temps de notre côté de l’eau, ne vous pressez point dans vos marches ; tant que vous vous appuierez l’un l’autre, vous et vos compagnons de route, vous serez de force à arracher de ses fondements un rocher. »

L’armée marcha jusqu’à Khorrehi Ardeschir, tous ensemble, jeunes et vieux ; on la conduisit jusqu’au bord du fleuve, où elle voulait attendre les ordres du roi.

Lorsque le roi reçut des nouvelles de ces troupes, il n’eut pas le désir de les voir et il ordonna à Ferrukhzad de se rendre en toute hâte auprès de cette armée royale.

Ferrukhzad était porteur du message suivant :

Autrefois-vous aviez de bonnes dispositions envers moi, pourquoi donc avez-vous laissé ouverte la route, de façon que le Kaïsar du Roum pût passer dans ce pays ?

Qui est-ce qui a quitté la voie de Dieu ?

Qui a transgressé mes intentions et mes ordres ? »

Lorsque ces hommes entendirent le message du roi, leurs visages devinrent noirs de terreur, personne n’osa dévoiler le secret et tous restèrent inquiets et leurs fronts pâlirent.

Mais le messager du roi était uni de cœur avec Guraz, quoiqu’il cachât son secret même au vent et à la terre.

Il alla voir secrètement le : chefs et éclaira leurs âmes ténébreuses, disant :

Ohommes puissants, ne craignez rien, car le roi ne connaît aucune faute commise par vous ouvertement.

Soyez seulement unis de cœur et de parole, ne dites pas qui parmi vous a été ennemi du roi, dites que s’il y en a eu, vous êtes tous sous le même manteau et que vous vous soutenez tous bravement l’un l’autre. »

Lorsque les grands entendirent les paroles du messager, chacun comprit son secret. ils se levèrent tous et arrangèrent leur réponse selon ce qu’il avait insinué.

Ferrukhzad s’en retourna auprès du roi, rapidement comme la poussière et lui rapporta tout ce qu’avaient dit les grands.

Le roi lui ordonna d’aller leur dire :

Qui de vous veut donc courir à sa perte, parce que le Kaïsar à la fortune sombre l’a corrompu par la promesse de trésors, d’armes, de couronnes et de trônes ?

Celui-là aimanqué à ses devoirs envers moi et est rebelle à ma couronne et à mon trône.

Envoyez à ma cour tous ceux qui ont failli de cette manière, sinon le gibet ou le cachot .

vous attendent, vous tous dans cette armée, qui vous êtes égarés de la voie droite. »

Ferrukhzad partit et répéta ces paroles du roi et les joues de cette jeune armée se ridèrent de chagrin.

Personne n’osait ouvrir la bouche et ils restèrent longtemps silencieux et pleins de douleur. »

Mais soudain Ferrukhzad donna cours à sa langue et prononça des paroles mauvaises, disant :

Voilà une armée jeune et vaillante, dans laquelle je ne vois pas un homme faible ; pourquoi alors craignez-vous tant le roi qui a éloigné der sa cour ses armées et les a dispersées dans le monde enlier ?

Le ne vois pas à cette cour un grand qui puisse rendre de l’éclat à son étoile et à sa lune.

Méprisez les paroles que j’étais chargé de vous rapporter, ne craignez rien du mal dont je vous menace.

Répondez par des reproches adressés à moi ou à ce roi qui porte si haut la tête. »

Tous ceux qui entendirent ce discours comprirent que la fortune du roi avait vieilli.

Ils se levèrent tous et se mirent à répondre par des outrages et Ferrukhzad partit et rapporta au roi que toute l’armée était unie et se soutenait, ajoutant :

J’ai peur pour ma vie, si le roi me renvoyait à cette armée avec un message. »

Khosrou comprit que cet homme aux paroles perfides ferait verser des ruisseaux de larmes et de sang ; mais il ne répondit rien, par peur du frère de Ferrukhzad et garda pour lui ce qu’il savait être vrai.

Car Rustem se détournait du roi, dans son gouvernement, où il commandait à dix mille hommes qui frappaient de l’épée ; il observait les intentions de Ferrukhzad et détournait son armée du roi.

Dernière mise à jour : 28 déc. 2021