Khosrou Parviz

Khosrou répond à la lettre du Kaïsar

Cette page peut présenter des erreurs qui seront bientôt corrigées. Merci pour votre compréhension.
...

Au bout du mois Khosrou écrivit sa réponse ; il écrivit des paroles fortunées et pleines de sens :

Que les hommages des grands soient rendus à celui qui garde un cœur pur, qui accepte de Dieu, le tout saint, le bien et le mal, vit dans sa crainte et bénit le maître du soleil, qui maintient le ciel tel que nous le voyons.

D’abord je te dirai KHUSBOI !

Que j’ai compris les louanges que tu m’adresses et l’amitié que tu me témoignes dans ta lettre et je me suis réjoui de cette manière de parler, digne d’un sage couronné. l’ai reçu tes magnifiques présents ; je n’aurais pas voulu que tu fisses tant de dépenses.

Tu peux les faire, parce que Dieu, le maître du monde, le tout saint, a élevé ton pays au-dessus de l’Arcture et que ton royaume est ainsi devenu supérieur à l’Inde et au pays des Seklab, à la Chine et au pays des Khasars.

Quelle bravoure, quel savoir, quelle vertu, quelle foi !

Dieu vous a véritablement bénis.

Quand j’avais besoin de toi, tu es venu vers ton ami et tu m’as délivré de mes soucis par toutes les ressources de ta sagesse.

J’ai été heureux de mon alliance avec toi par ta fille, pleine de mérite et de vertu, car il n’y a rien de plus grand que ta fille, ton pays et cette pure alliance avec toi.

Tous les princes s’étaient détournés de moi, ils m’avaient abandonné avec dédain ; toi seul m’a tenu lieu de père et de plus que de père.

Continue à me traiter ainsi, maintenant que toi, mon père, tu me vois roi libre et plein d’amitié pour toi.

Ensuite j’ai compris tout ce que tu as dit sur mon fils Schirouï, cet enfant au corps pur, qui sera mon soutien et ma force et je t’en remercie et je t’appelle pour cela homme à la foi pure.

Mon scribe m’a lu de même toutes les belles et touchantes paroles que tu as dites sur ta sainte religion, sur le jeûne du premier jour de la semaine et sur tes dévotions.

Je n’ai pas honte de mon antique foi ; il n’y a rien de mieux dans le monde que la foi de Kouscbeng, qui consiste tout entière dans la justice et la bonté, la décence et la charité et dans l’observation des astres.

Je suis très-convaincu de l’existence de Dieu, je m’appliqne sincèrement à la justice.

Nous ne reconnaissons à Dieu ni compagnons, ni alliés, ni compagnes ; il n’est jamais caché et ne disparaîtra jamais ; nos pensées ne peuvent pas embrasser son être et c’est lui-même qui est ton guide vers la reconnaissance de son existence., ’

Quant à la croix du Messie, dont tu parles selon les traditions anciennes, réfléchis que toute croyance bien établie doit être telle que la raison y conduise.

Mais qui peut dire à un homme qui s’afflige de ce qu’on a attaché à la croix son prophète, qui peut lui dire que ce fut le fils de Dieu et qu’il a souri sur cette croix élevée ?

Car si c’était le fils, il s’en retournerait chez son père ; ne te chagrine donc pas pour ce bois pourri et si le Kaiser prononce des paroles folles, tout vieillard en rira.

La croix de Jésus ne valait pas la peine que les rois la missent dans leur trésor, et, si j’envoyais de

.l’Iran au Roum un morceau de bois, tout le pays rrirait de moi et les Mobeds croiraient que je suis devenu chrétien, que je suis devenu prêtre à cause de Mariam.

Demande-moi toute autre chose, quelle qu’elle soit, le chemin vous est ouvert auprès de moi.

J’admire tes présents pour lesquels tu t’es donné tant de peine ; j’ai donné à Schirouï ces richesses, réunies avec tant de labeur et j’en ai fait pour lui le commencement d’un beau trésor.

Mais je suis plein de soucis sur le Roum et l’Iran et je passe les nuits sombres à me livrer à mes pensées.

Je crains que, quand Schirouï sera devenu grand, il ne renouvelle dans le Roum et dans l’Iran ces grands maux qui ont été provoqués d’abord par le féroce Selm et continués par lskender, ce vieux loup, avide de vengeance ; je crains qu’on ne réveille dans le monde toutes ces haines nouvelles et anciennes. °

Enfin, quant à ce que tu as entendu de ta fille, sache qu’elle a rajeuni ton diadème ; elle pratique la religion du Messie et n’écoute guère ce que je lui dis lit-dessus ; elle est heureuse du repos dans lequel elle vit et triomphante de ce nouveau rejeton de l’arbre royal.

Puisse le maître du monde être toujours ton protecteur, puisse ton étoile ne jamais te quitter ! »

On plaça sur la lettre le sceau du roi et on la confia à Kharrad, fils de Berzin.

Ensuite on ouvrit le trésor que le roi avait accumulé pendant de Yll.

Longues années.

Il prit d’abord cent soixante bourses pour les monnaies que les Perses appellent Peïdâwesi et les remplit toutes complétement de pierres fines ; on ferma soigneusement chaque bourse par un sceau ; elles étaient inscrites chacune pour la valeur de cent mille dirhams dans les livres du roi.

Ensuite, il prit deux mille cent pièces de brocart de Chine, dont quelques-unes tissées d’or et brodées de pierreries ; cinq cents perles de bel orient, dont chacune était comme une goutte d’eau et cent soixante rubis semblables à des grenades et admirés des connaisseurs ; enfin il envoya de l’Iran au Kaïsar illustre trois cents charges de chameau d’étoiles de la Chine, de l’Inde et d’autres pays, comme l’Égypte et Schousler, toutes choisies dans ce que produisent de mieux ces pays et telles que le monde n’offre rien de pareil. ’ Il revêtit Khaneghi d’une robe d’honneur plus belle que celle qu’on offre à des perenls ou à des étrangers et lui donna des chevaux, un trône, des robes, des brides et des étoffes renommées et en composa des charges de chameau, dont une consistait en pièces d’or.

Puis, il donna aux philosophes de l’argent, de l’or et des présents de toute espèce.

Ils quittèrent ce pays pleins de contentement, revinrent de l’Iran auprès du Kaïsar à Roum et tous les grands chantèrent les louanges de ce roi du monde, plein de mérite.

Je vais maintenant rajeunir une histoire ancienne et parler des aventures de Schirin et de Khosrou.

Dernière mise à jour : 7 sept. 2021