Khosrou Parviz

Khosrou arrive au Roum

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Lorsque Bahram futenlré dans la salle d’audience du roi, il choisit dans son armée, qui demandait vengeance, six mille hommes couverts de cottes de A9 mailles et prêts à frapper de l’épée, pour les envoyer à la poursuite du roi.

Il confia cette illustre et vaillante armée à Bahram, fils de Siawusch.

De son côté, le roi était entré dans le désert pour soustraire sa vie aux atteintes de son ennemi.

Il courut ainsi jusqu’à ce qu’il fût arrivé près d’un lieu fortifié, dont les murs étaient si hauts qu’on n’en voyait pas les créneaux ; on l’appelait la Maison de Dieu :

c’était un lieu de prières, un lieu béni, un séjour de pénitents, où il y avait des prêtres et un métropolitain.

Khosrou dit au serviteur de Dieu :

Qu’astn sous la main que je puisse manger ? »

Le prêtre lui dit :

Ô homme illustre, nous avons du pain azyme et du cresson du ruisseau. si ce dîner peut le convenir ; puisse un pareil repas n’être qu’un encas pour toi la Le roi et les cavaliers qui l’accompagnaient descendirent à l’instant de cheval et le prince ambitieux de la possession du monde et ses deux serviteurs prirent en main le Barsom pour dire les prières ç puis ils s’assirent sur du sable doux et bleu et mangèrent en toute hâte ce qui s’y trouvait.

Ensuite le roi dit au prêtre :

N’aurais-tu pas du vin, ô vieillard dont les traces du pied sont bénies ? »

Il répondit :

Nous faisons du vin de dattes, nous le préparons au mois de temouz r( juillet), pendant les chaleurs.

Il nous en reste un peu, brillant comme de l’eau de rose et rouge

comme du corail au soleil. »

Il apporta une coupe et du vin qui éclipsait la couleur du soleil.

Le roi en but à l’instant trois coupes et mangea de ce pain qu’on appelle pain d’orge.

Son cerveau étant échauffé par le vin rouge, il s’endormit instantanément sur le sable moelleux, en plaçant sa tête sur la cuisse de Bendouî, l’âme toute endolorie et le cœur blessé.

À peine sa tête était-elle plongée dans le sommeil, qu’un des chefs des prêtres s’approcha et lui dit :

On voit sur la route venir une poussière noire et au milieu de ce nuage de poussière on voit beaucoup de troupes. »

Khosrou dit :

Quel malheur que nos ennemis soient si acharnés !

Ni mes hommes ni mes chevaux ne peuvent se mouvoir, c’est aujourd’hui que commence notre détresse. »

Bendouî, l’homme fertile en expédients, dit :

Le Sipehbed est déjà tout près d’ici. »

Le roi répondit :

Ô mon ami, montre-moi la voie à suivre dans cet état de choses. »

Bendbuï dit :

Ô roi !

Je vais te préparer un moyen de salut.

Mais c’est ma vie qui sera la rançon du maître du monde, le jeune roi ; car quiconque fait échec au roi n’entrera pas au paradis dans l’autre monde. »

Khosrou lui répondit :

Un sage de la Chine a dit quelque chose de mieux là-dessus.

Quand le mur d’une ville tombe, le faubourg ne peut pas rester debout ; quand une grande ville disparaît, l’hôpital ne peut pas rester sur pied.

Si tu connais un moyeu de salut, prépare-le maintenant et Dieu, le toutsaiut, te mettra au-dessus de tout besoin. »

Bendouî répondit :

Donne-moi cette couronne d’or, ces boucles d’orreilles, cette ceinture et cette tunique chinoise couleur de rubis et brochée d’or et ne reste pas ici pendant que je les revêts ; pars en toute hâte avec ton escorte, cours comme une barque que le marinier pousse sur l’eau. »

Le jeune homme fit ce que Bendouî lui avait dit et partit de ce lieu comme s’il était compagnon du vent et Gustehem courut avec lui rapidement comme la poussière, la tête pleine du désir de la vengeance, le cœur rempli de douleur.

Aussitôt que Khosrou eut quitté son sauveur, cet homme expérimenté se tourna vers le chef du monastère et lui dit :

Il faut que vous vous retiriez sur le haut de la montagne, hors de la vue de la foule. »

Lui-même courut au sanctuaire, ferma en toute hâte la porte de fer, revêtit la robe brodée d’or, plaça sur sa tête la couronne du roi, monta, fort inquiet, sur la terrasse du toit et vitque des troupes entouraient la maison des quatre côtés.

Il attendit jusqu’à ce que l’armée, prête pourle combat, fût établie auprès des murs, puis il se mit soudain debout sur le toit et se montra aux troupes, qui le virent de loin avec la couronne d’or, avec le collier, les boucles d’oreilles et la ceinture de Khosrou et chacun dit :

Voici le roi avec sa couronne et son beau costume. »

Lorsque Bendouî fut persuadé que l’armée l’avait pris pour le roi, il descendit, se hâta de reprendre ses propres habits et remonta tranquillement sur la terrasse.

Il dit z.

O jeunes guerriers, à qui puis-je m’adresser comme à votre chef ?

Car j’ai un message du roi du monde dont je veux m’acquitter devant lui. »

Le fils de Siawusch, qui l’aperçut sur la terrasse, lui dit :

Je suis le chef, mon nom est Bahram. »

Bendouî répondit :

Le roi, maître du monde, te fait dire : Je suis très-souffrant des fatigues de la route, mes cavaliers sont tous blessés, endoloris et épuisés par cette longue marche et je me suis arrêté à cette maison de pénitents avec cinq compagnons.

Aussitôt que paraîtra la blanche aube du jour, j’écarterai de mon cœur tout espoir dans les affaires du monde et j’irai avec toi faire cette longue route jusqu’auprès de Bahram, qui porte haut la tête.

Je ne demanderai pas un plus long délai que celui que j’ai indiqué, si le ciel se montre secourable.

Tous mes ancêtres, tous les rois qui m’ont précédé, ont observé les règles de la dignité et de la religion et n’ont jamais refusé, pendant leur longue bonne fortune, au plus humble ce dont il avait besoin.

Maintenant que la fortune a tourné contre moi, j’ai dit tout le secret de mon cœur et rien ne se fait que selon la volonté de Dieu, le tout-saint, partout, depuis le. soleil brillant jusqu’à la terre sombre. »

Le chef de l’armée écouta ces paroles et consentit et tous ceux qui avaient entendu le discours de Ben. dont furent émus de pitié.

L’armée s’établit pourla nuit, en faisant bonne garde pour que Khosrou ne s’échappât pas.

Le lendemain Bendouî parut sur le toit, alla sur le mur du côté de Bahram et lui dit :

Aujourd’hui le roi fait ses prières et ne s’occupera pas d’affaires, il n’a pas dormi cette nuit et l’a passée en dévotions devant le maître du monde.

Maintenant le soleil s’est levé dans toute sa puissauce et il ne faut pas que Khosrou souffre de la chaleur ; il se reposera’aujourd’hui et demain, au grand matin, il se rendra à ton armée. »

Bahram dit aux grands :

C’est une affaire peut»être sans importance, peut-être très-grave.

Si nous pressions trop Khosrou, il pourrait se mettre en colère et venir se battre.

Il vaut à lui seul une armée, il est ambitieux, prudent et vaillant et s’il était tué sur le champ de bataille, Bahram nous mettrait tous à mort.

Il vaut donc mieux attendre encore un jour, quoique nous n’ayons que peu de vivres et espérer qu’il se rende de cette manière librement, sans combat et sans querelle. »

Il resta ainsi jusqu’à ce que la nuit descendit de la montagne et que son armée d’étoiles fût réunie autour d’elle ; alors les Iroupes se répandirent de tous les côtés et allunièrent partout des feux.

Dernière mise à jour : 7 sept. 2021