Keï Kaous

Siawusch se rend chez Soudabeh

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Or il y avait un homme nommé Hirbed ; son cœur et sa tête étaient de la fumée, son âme était mauvaise.

Il ne quittait jamais le temple des idoles ; il avait la clef de la porte de l’appartement des femmes.

Le roi de l’Iran dit à ce fourbe :

Aussitôt que le soleil dévoilera ses rayons, tu te rendras secrètement auprès de Siawusch et tu feras ce qu’il t’ordonnera.

Tu diras à Soudabeh de préparer des présents et des joyaux, du musc et des parfums et de faire verser sur Siawusch, par les esclaves et par ses sœurs, des émeraudes et du safran. »

Aussitôt que le soleil montra sa face au-dessus des montagnes, Siawusch se rendit auprès du roi, appela sur lui les grâces de Dieu et le salua ; le roi lui parla en secret et quand il eut fini, il manda Hirbed, à qui il adressa quelques paroles convenables ; ensuite il dit à Siawusch . :

Va avec lui et prépare ton cœur à ce que tu vas voir de nouveau. »

Hirbed et Siawusch partirent ensemble le cœur en joie, l’âme sans souci ; mais quand Hirbed tira le rideau de la porte, Siawusch trembla du malheur qui pouvait arriver.

Toutes les femmes vinrentà sa rencontre, pleines de joie et préparées pour une fête ; tout l’appartement d’un bout à l’autre était rempli de musc, d’or et de safran ; les femmes jetèrent des pièces d’argent sous les pieds de Siawusch et mêlèrent des rubis avec des émeraudes pour les verser sur sa tête.

Le sol était caché sous le brocart de la Chine ; la terre était couverte de perles d’une belle eau ; il y avait du vin et de la musique ; on entendait des chanteurs qui tous avaient des diadèmes de pierres fines sur la tête.

Tout l’appartement était orné comme un paradis et rempli de femmes au beau visage et de choses pré-cieuses.

Quand Siawusch arriva à l’entrée de la grande salle. il y vit un trône resplendissant d’or,

’ tout incrusté de turquoises et orné de brocarts dignes d’un roi.

Sur ce trône était assise Soudabeh au visage de lune, belle de couleur et de parfum comme un paradis ; elle était assise, semblable au brillant Canope du Yemen, couverte de boucles de cheveux qui tombaient l’une sur l’autre, elle portait sur la tête une haute couronne et les tresses de ses cheveux de musc descendaient jusque sur ses pieds.

Devant elle étaient rangées des esclaves, debout, tenant leurs souliers d’or à la main et baissant la. tête vers la terre.

Lorsque Siawusch eut franchi le rideau, Soudabeh descendit précipitamment du trône ; elle alla vers lui d’un pas gracieux et le salua ; elle le pressa contre son sein pendant longtemps ; elle le baisa longuement aux yeux et au visage et ne pouvait se rassasier de la vue du jeune roi.

Elle rendit grâce à Dieu de cent manières, disant :

J’invoquerai Dieu pendant le jour et pendant les trois. gardes de la nuit, car personne n’a de fils comme toi et le roi n’a pas d’enfant qui te soit comparable. »

Siawusch sentit ce qu’était cet amour et que cette tendresse n’était pas dans la voie de Dieu ; il s’empressa de s’approcher de ses sœurs, car il ne se plaisait pas auprès de Soudabeh.

Ses sœurs le bénirent et le firent asseoir sur un siège d’or.

Il resta longtemps avec elles, ensuite il retourna auprès du trône du roi.

Toutes les femmes ne cessaient de parler de lui, disant :

Voilà donc les traits et la cou-

renne de ce prince avide de sagesse !

Tu dirais qu’il ne ressemble pas à un homme et que son esprit répand de l’intelligence sur cette qui l’approchent. »

Siawusch s’en retourna auprès de son père et lui dit :

J’ai été derrière le rideau des appartements secrets.

Tout ce que le monde a de beau est à toi ; ne te plains donc pas de Dieu.

Tu es plus grand que Djemschid, que Feridoun et Houscheng, par ton épée, tes trésors et ton armée. »

Le roi se réjouit de ces paroles et para son palais comme un jardin printanier.

Ils firent venir du vin, des cithares et des flûtes et écartèrent de leurs cœurs tout souci de l’avenir.

Lorsque le jour devint sombre et que la nuit parut, le roi glorieux se rendit dans l’appartement des femmes ; il se mit à faire des questions à Soudabeh, en disant :

Ne me cache pas tes pensées ; parle-moi de la sagesse et de la prudence de Siawusch, de sa taille, de sa mine et de ses paroles.

En es-tu contente ?

Est-ce un homme de sens ?

Sa vue vaut-elle mieux que ce que tu en as entendu dire de loin ? »

Soudabeh répondit :

Ni le soleil ni la lune n’ont vu sur le trône un roi qui soit ton égal.

Qui dans le monde ressemble à ton fils ?

Pourquoi ne pas dire tout haut la vérité ? »

Le roi lui dit :

Quand il sera devenu homme, il ne faut pas qu’aucun mauvais œil puisse le frapper. »

Soudabeh] répondit :

Si tu approuves mes l7 !

Paroles, si ton avis est le même que le mien, tu lui donneras une femme de ses parentes et non pas une des filles des grands, pour qu’il lui naisse un fils qui soit parmi les grands ce que Siawusch est aujourd’hui.

J’ai des filles qui le ressemblent, qui sont de ton sang et de ton pur lignage ; il pourrait aussi demander une fille de la famille de Keï-Arisch ou de Keï Peschin, qui dans leur joie rendraient grâce à Dieu. »

Le roi lui dit :

Je désire la même chose et mon pouvoir, mes projets et ma gloire l’exigent. »

À l’aube du jour, Siawusch se rendit auprès de son père et invoqua les grâces de Dieu sur sa couronne et son trône.

Le père voulut avoir un entretien secret avec son fils et éloigna tous les étrangers.

J’ai, dit-il, une seule grâce à demander au Créateur, c’est que tu laisses un héritier de ta gloire, ’et qu’un roi sorte de tes reins, pour que ton cœur s’ouvre à sa vue, de même que la tienne me rajeunit.

J’ai lu dans les astres le sort qu’ils te préparent et des Mobeds qui savent calculer leur marche m’ont au : noncé qu’il te naîtra un prince qui restera dans le monde comme un souvenir de toi.

Choisis maintenant une femme parmi les filles des grands, regarde derrière les rideaux de l’appartement des femmes de Keï Peschin ; il y en a aussi dans le palais de Keï Ariscli ; informe-toi de tous côtés et ensuite décide-toi. »

N. : 6 Siawusch lui répondit :

Je suis l’esclave du roi. je baisse la tête devant ses ordres et ses conseils.

La femme qu’il me choisira me conviendra, car le maître du monde est le roi de ses esclaves.

Mais il ne faut pas que Soudabeh le sache, elle sera d’un autre avis et n’approuvera pas ce projet.

Ses paroles indiquent d’autres intentions et je ne veux plus entrer dans ses appartements. »

Le roi sourit à cette réponse, sans s’apercevoir qu’il y avait de l’eau sous la paille (un danger caché) ; il lui dit :

C’est à toi de choisir ta femme ; n’aie pas peur de Soudabeh ni de personne autre, car ses paroles seront tendres et elle veillera sur ton âme. »

Siawusch se réjouit de ces paroles qui le délivrè- rent de ses soupçons secrets.

Il offrit ses actions de grâces au roi du monde ; il prononça ses prières courbé devant le trône.

Mais il avait encore peur des ruses de Soudabeh et son cœur était brisé ; car il sentait que ces paroles étaient inspirées par elle et la peau de son corps se fendait quand il pensait à cette femme.

Dernière mise à jour : 7 sept. 2021