Keï Kaous

Rustem se rend auprès de Kaous

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Ensuite on apprit dans le Nimrouz, on dit devant le Pehlewan qui était la lumière du monde, que l’on avait entendu des cris dans le pays d’Iran, que la terre noire y avait tremblé, que Kaous avait répandu de la poussière sur son trône, qu’il avait déchiré ses robes royales, parce qu’on avait ignominieusement tranché la tête à Siawusch, parce que la tête du fils du roi avait été jetée dans la poussière.

Quand Tehemten eut entendu cette. nouvelle, il perdit la raison et des cris de douleur retentirent dans le Zaboulistan ; Zal déchira ses joues avec ses ongles, il versa de la poussière sur sa couronne et sur son corps.

Rustem demeura plongé pendant sept jours dans le deuil et dans la tristesse ; le huitième jour, le bruit des trompettes d’airain monta vers le ciel, toute l’armée se rassembla du Kaschmir et du Kaboul devant la porte du héros au corps d’éléphant, 3 : qui se mit en route pour la cour de Kaous, les yeux remplis de sang, le cœur plein de vengeance.

Quand il fut arrivé près de la capitale de l’Iran, il déchira ses vêtements de Pehlewan et dit en jurant par le nom de Dieu maître de l’univers :

Jamais je ne quitterai mon armure de guerre, jamais je ne laverai mes joues couvertes de poussière, car il faut que je porte ce deuil.

Un casque sera ma couronne, ma main tiendra une épée au lieu detenir une coupe, le lacet roulé autour de mon bras sera le filet avec lequel je prendrai ma proie et j’espère venger le jeune roi de ce Turc à l’âme noire. »

Il arriva devant le trône du roi Kaous, couvert de poussière depuis la tête jusqu’aux pieds et lui dit :

Ô roi !

Tu t’es laissé aller à ta mauvaise nature et la semence que tu as semée a porté du fruit.

L’amour de Soudabeh et ses vils penchants t’ont arraché de la tête le diadème des rois.

Maintenant tu dois voir clairement que tu t’es assis sur les vagues de la mer.

Les soupçons et les passions de ce roi cruel ont fait subir à l’Iran une perte immense.

Il vaudrait mieux pour le roi d’un peuple être dans son linceul que sous la domination d’une femme ; ce sont les paroles d’une femme qui ont fait périr Siawusch .

Heureuse celle qui ne serait pas mise au monde par une femme !

Il n’y a jamais eu de roi comme Siawusch, intelligent, noble et gai comme lui.

Hélas !

Cette tête, ces bras et ces membres !

Hélas !

Cette poitrine, ces mains et cette massue!’ Hélas !

Ces joues et cette haute stature, ces étriers, ce lacet et les traces de son pied royal !

Quand il assistait-à une fête, il était comme le printemps ; x dans le combat c’était la couronne des braves.

Assis sur le trône, il répandait des perles et dans la bataille il faisait tomber des têtes.

Dorénavant je consacrerai à venger Siawusch mon cœur et ma tête et aussi longtemps que je vivrai.

Je ne combattrai plus qu’en versant des larmes, je ferai souffrir le monde comme je souffre moi-même. »

Dernière mise à jour : 7 sept. 2021