Keï Kaous

Retour de Rustem dans le Zaboulistan

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Le roi partit de là avec son armée et marcha vers l’Iran ; mais Rustem demeura, attendant que Zewareh fût de retour et lui apportât des nouvelles de l’armée du Touran.

Zewareh revint quelques jours après de grand matin et Rustem se mit sur-le-champ en route avec son armée ; il se dirigea vers le Zaboulistan et lorsque Zal eut nouvelle de son approche, tout le Seistan s’avança vers Rustem et se porta à sa rencontre, accablé de douleur et de peine.

L’armée marchait devant le cercueil, les grands avaient répandu de la poussière sur leurs têtes ; ils avaient coupé la queue à leurs nobles chevaux noirs et fêlé toutes les cymbales et les trompettes d’airain.

Lorsque le Destan fils de Sam vit le cercueil, il descendit de son cheval à bride d’or.

Rustem s’avança vers lui à pied, les vêtements en lambeaux, le cœur déchiré.

Tous les braves délièrent leurs ceintures, tous inclinèrent la tête jusqu’à terre devant le cercueil ; ils détachèrent le cercueil du des du dromadaire et le posèrent à terre.

Hélas ce glorieux héros !

Rustem souleva, devant son père, le couvercle du cercueil que fermaient des clous d’or et il lui dit :

Regarde !

Celui qui chevauchait sur l’arc-en-ciel dort misérablement dans cette bière étroite. »

Le Destan versa de ses deux yeux des larmes de sang et invoqua, dans son angoisse, Dieu le guide.

Rus-M7 tem dit :

Ô enfant illustre !

Tu es mort et je suis resté dans la tristesse et dans la douleur. »

Zal lui dit :

Quelle chose étonnante que Sohrab ait pris la lourde massue !

Certes il était une merveille parmi les grands et jamais mère ne mettra au monde un semblable fils. »

Il dit et les cils de ses yeux se remplirent de larmes de sang ; il ne cessait de parler de Sohrab.

Rustem entra dans son palais en poussant des cris et plaça le cercueil devant lui.

Quand Roudabeh vit le cercueil de Sohrab et Rustem qui versait de ses deux yeux des torrents de sang, elle dit tristement :

Ô noble héros !

Lève pour un instant la tête hors de ce cercueil ! »

Elle commença alors à se lamenter et à exhaler de sa poitrine des soupirs froids, disant :

Ô fils de Pehlewan, vainqueur des lions ; jamais plus il ne naîtra un enfant vaillant et brave comme toi.

Tu ne conteras plus à la mère tes secrets ; tu ne lui diras pas ce que t’a apporté le temps dont tu espérais tant de bonheur.

Encore enfant, tu es entré dans le séjour ténébreux ; tu es entré dans la demeure des infortunés.

Tu ne diras pas que !

Sort t’a réservé ton père et comment il t’a déchiré la poitrine. »

Les cris de Roudabeh montèrent du palais jusqu’à Saturne et quiconque les entendait pleurait amèrement.

Puis elle se retira dans ses appartements, plongée dans la tristesse et le deuil, le cœur rempli de douleur, les deux joues pâles un

Lorsque Rustem rit ceci, il pleura dans l’amertume de son cœur, il versa de ses yeux des torrents de sang sur sa poitrine ; tu aurais demandé si le jour du jugement était arrivé pour que la joie eût ainsi abandonné tous les cœurs.

Rustem apporta de nouveau le cercueil du lion Sohrab devant les grands pleins de bravoure, il en arracha les clous et ouvrit le couvercle ; il ôta le linceul en présence de Zal et montra aux grands le corps de son fils.

Tu aurais dit que le firmament s’écroulait ; tous, jeunes et vieux, hommes et femmes, tremblaient ; leurs joues étaient blêmes, leurs habits en lambeaux, leurs cœurs dans la douleur, leurs têtes couvertes de poussière.

Le palais tout entier était devenu un cercueil depuis que le lion était là couché dans sa bière.

A voir ses bras et ses pieds, tu aurais dit que c’était Sam fatigué du combat et endormi.

Rustem le couvrit de nouveau de brocart jaune et ferma le couvercle de ce cercueil étroit, disant :

Si je lui bâtis un tombeau d’or, si je remplis sa bière de musc noir, on les enlèvera quand je serai mort et pourtant il ne me reste pas autre chose à faire. »

Il lui bâtit alors un tombeau voûté comme le sabot d’un cheval et les larmes du deuil rendirent aveugle le monde.

Il creusa des blocs de bois d’aloès, en fit son cercueil et le ferma avec des clous d’or. »

Le monde entier fut rempli de la nouvelle que le Pehlewan avait tué son fils ; le monde entier fut 1&9 consterné et quiconque entendit ce récit fut en proie à la tristesse.

Rustem passa ainsi quelque temps, pendant lequel aucune joie n’entra dans son cœur ; à la fin il se résigna, car il vit qu’il ne lui restait pas d’autre parti à prendre.

Le monde garde le souvenir de maint événement pareil, car le sort a répandu beaucoup de douleur dans l’âme de chacun.

Quel est l’homme de sens et de raison qui pourrait endurer les perfidies du sort ?

Quand les Iraniens surent ce qui s’était passé, le feu de la douleur s’alluma dans leurs âmes.

Houman s’en retourna dans le Touran et rendit compte à Afrasiab de ce qu’il avait vu.

Le roi du Touran en resta stupéfait et chercha à calculer les mites de cette aventure.

Dernière mise à jour : 7 sept. 2021