Keï Kaous

Piran visite Siawuschguird

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Piran, en revenant de l’Inde et de la Chine, entendit parler de cette noble ville de Siawuschguird, dont le renom s’était répandu dans le Touran et qui avait été fondée sous de bons auspices le jour d’Ard.

Piran entendit de la bouche de chacun des récits concernant cette ville, ses palais, ses coupoles, ses jardins et ses parcs, ses eaux vives. ses plaines, ses montagnes et ses vallées ; et il fut impatient de voir ce que le roi avait fait dans un si beau lieu.

Lorsque le temps de se mettre en route fut venu, il emmena avec lui tous ceux qui devaient l’accompagner, tous ceux qui étaient de rang à participer à cette fête ; c’étaient mille cavaliers prudents et vaillants.

Il s’approcha de la ville et Siawusch se mit en marche avec une escorte pour aller à sa rencontre ; Piran mit pied à terre aussitôt qu’il l’a perçut de loin et Siawusch descendit de son éléphant paré et serra étroitement dans ses bras le Pehlewan.

Les deux héros s’en retournèrent ensemble à la ville, dont ils firent le tour et Piran trouva beau ce lieu naguère désert.

Toutes les maisons, tous les palais et les jardins brillaient comme des lampes resplendissantes.

Le Sipehdar Piran visita tout et appela sur Siawusch les bénédictions de Dieu, disant :

Si tu n’avais pas été doué d’une puissance et d’une majesté royales en même temps que de sagesse pour découvrir un pareil ence droit, comment aurais-tu pu trouver un lieu comme celui-ci pour y fonder une ville si belle ?

Puisse ton drapeau rester, jusqu’au jour de la résurrection, entouré de grands et de braves !

Puissent tes fils, de génération en génération, rester heureux comme toi, maîtres du monde, victorieux et de noble na- R ture. »

Ayant parcouru une partie de cette belle ville, il se rendit au palais et au jardin de Siawusch, et, rempli de bonheur, de gaieté et d’ambition, il se dirigea vers la demeure de Ferenguis.

La fille d’Afrasiab vint à sa rencontre, lui adressa les questions d’usage et lui oll’rit des pièces d’or.

Piran s’assit sur le trône el. regarda autour de lui ; il vit une foule de serviteurs debout devant lui et recommença à bénir Siawusch et à adresser des actions de grâce au Créateur.

Après cela on fit un festin avec du vin et des tables chargées de mets, des musiciens et des échus-V sons.

Ils restèrent pendant sept jours la coupe en main, tantôt heureux et gais, tantôt ivres de vin.

Le huitième jour Piran fit apporter des présents, des offrandes dignes d’un roi et convenables au rang de Siawusch, des rubis et des joyaux dignes d’un roi des brocarts et un trône incrusté de pierreries, des pièces d’or et des chevaux à la selle de bois de peuplier, au caparaçon d’or et à la housse de peau de léopard.

Il donna à Ferenguis des diadèmes et des boucles d’oreilles, des colliers et des bracelets ornés de pierres tines ; ensuite il partit pour Khoten, avec un cortège qui formait une assemblée de héros.

Il arriva joyeusement à son palais, se rendit à l’appartement de ses femmes et dit à Gulschehr :

Quiconque n’a pas, vu le gai paradis et ce que Rithwan y a planté, qu’il aille voir cette ville, ce séjour fortuné, dont le trône et le palais sont un paradis sublime ; qu’il aille voir Siawusch brillant comme le soleil et assis sur son trône dans sa puissance, dans sa gloire et dans sa prudence et semablable au bienheureux Serosch.

Fais joyeusement un av peu de chemin pour aller voir la ville de Siawusch et le maître de la ville plus brillant qu’elle ; tu dirais qu’il illumine tout l’Occident.

Tu y verras Ferenguis, belle et brillante et semblable à la lune de deux semaines, se tenant à côté du soleil. »

De là Piran se rendit auprès d’Afrasiab rapidement comme une barque qui vole sur l’eau.

En arrivant il lui rendit compte de ce qu’il avait fait et lui remit les tributs qu’il apportait des provinces ; il lui raconta comment il avait combattu dans les pays de l’Inde, comment il avait abaissé dans la poussière la tête des méchants.

Le puissant roi lui adressa des questions sur tout ce que faisait Siawusch, sur sa nouvelle ville, son pays et son palais.

Piran lui répondit :

2 Quiconque a vu de ses yeux le gai paradis au mois d’Ardibehischt ne peut le distinguer de cette ville ; il ne peut distinguer le soleil de ce noble prince.

J’ai vu une ville telle que personne n’en avu de semblable dans le Touran et dans la Chine ; il y a tant de jardins, de palais et d’eaux vives, que tu dirais que l’âme de Siawusch avait, pour pouvoir les créer, absorbé toute l’intelligence qu’il y a dans le monde.

Faudrait-il chercher à blâmer quelque chose là où il n’y a rien à blâmer ?

Quand j’ai vu de loin le palais de Ferenguis, il ressemblait à un amas de joyaux, il brillait comme la lumière ; et si le Serosch descendait du ciel, il n’égalerait pas l’époux de la fille en majesté, en gloire et en prudence, en grâce et en dignité et il est aussi bon que ton cœur joyeux peut le désirer.

Enfin les deux pays qui se combattaient et étaient en guerre sont maintenant en repos, comme un insensé qui recouvre la raison.

Puissent le cœur des hommes de sens et la volonté des grands rester ainsi disposés à tout jamais ! »

Le roi fut ravi de ces paroles, car il vit que son rejeton fertile portait du fruit.

Dernière mise à jour : 7 sept. 2021