Keï Kaous

Keï Khosrou s'empare du château de Bahman

Cette page peut présenter des erreurs qui seront bientôt corrigées. Merci pour votre compréhension.
...

Lorsque Guiv, Gouderz et le reste de la noble famille de Keschwad apprirent que Thous et Feribourz étaient de retour, Gouderz dit en lui-même :

Voici le temps de nous préparer pour le combat. »

Il donna ses ordres, on entendit des cris de guerre et.

L’armée du jeune maître du monde se rassembla.

On plaça un trône d’or, incrusté d’émeraudes, sur le dos d’un éléphant ; de braves cavaliers, portant des bottines d’or, des colliers d’ambre et des couronnes d’or incrustées de pierreries, se rangèrent tout autour sous une bannière violette et Gouderz dit :

C’est aujourd’hui un grand jour ; c’est l’avènement au trône de Keï Khosrou qui ambitionne la possession du monde. »

Le prince monta sur le trône d’or, une couronne sur la tête, une massue en main.

C’est ainsi que le noble roi partit avec Guiv, Gouderz et une grande armée pour le château de Bahman.

Arrivé près du château, il fit monter ses troupes à cheval, se revêtit de sa cuirasse, prit ses armes, monta lui-même sur son destrier, appela un scribe et lui ordonna d’écrire avec de l’ambre une belle lettre en Pehlewi, telle que les rois en font écrire : Cette lettre vient du serviteur de Dieu, de l’illustre Keï Khosrou qui désire la possession du monde, qui a échappé aux liens du méchant Ahriman, qui, à l’aide de Dieu, a renoncé au mal ; car Dieu est le maître éternel et suprême, il est le distributeur de tout bonheur, le guide des hommes, le maître de Saturne, de Mars et du soleil, le maître de la grandeur et de la force.

Il m’a donné le trône et l’empire des Keïanides, le corps d’un éléphant et les griffes d’un lion furieux.

Tous les hommes sont mes esclaves ; la splendeur A de la royauté et la grâce de Dieu sont à moi.

Y eût-il dans ce pays un Ahriman ennemi de Dieu, j’abaisserais sa tête cachée dans les nues jusqu’à la poussière, par la grâce et l’ordre de Dieu le tout saint ; et les magiciens fussent-ils maîtres de ce château, je n’aurais pas besoin d’une armée pour les vaincre.

Lorsque je ferai voler mon lacet roulé, je prendrai dans le nœud la tête des sorciers ; et quand même le bienheureux Serosch demeurerait dans ce château, voici une armée que j’amène par l’ordre de Dieu et me voici moi-même, moi qui ne suis pas de la race d’Ahriman et dont le corps est fort et l’âme sous la protection divine ; je détruirai ce lieu par l’ordre de Dieu, car la possession du trône impérial en dépend. »

Khosrou prit une longue lance et y attacha cette lettre impérieuse ; il éleva la lance droit en l’air comme un étendard, ne désirant dans le monde que la splendeur de la royauté ; ensuite il ordonna à Guiv de s’approcher incontinent de la haute muraille avec cette lance et lui dit :

Porte cette lettre pleine de conseils salutaires jusqu’au mur élevé du château, déposes-y la lance, prononce le nom de Dieu et tourne bride sans perdre un instant. »

Guiv prit la lance et partit comblé des bénédictions de Khosrou le serviteur de Dieu.

Il appliqua la lettre contre le mur du château, se confiant à la fortune du prince qui ambitionnait la possession du monde, prononça

Le nom de Dieu de qui vient tout bien et fit voler comme le vent son destrier rapide.

La lettre du roi disparut ; on entendit un grand bruit ; le sol du château se souleva et soudain, par l’ordre de Dieu, le mur du château se fendit avec un bruit comme celui du tonnerre ou d’un orage de printemps.

La plaine et la montagne en résonnèrent ; le monde devint noir comme le visage d’un nègre ; on ne voyait plus ni soleil, ni Pléiades, ni lune ; on aurait dit qu’un nuage noir couvrait la terre et le ciel ressemblait à la gueule du lion.

Keï Khosrou lança son cheval noir, en disant aux braves de l’armée :

Faites tomber sur le château ce une pluie de flèches, que vos arcs imitent le nuage printanier ! »

Alors on vit comme un nuage de flèches qui versait une grêle d’acier, une grêle qui donnait la mort.

Ces flèches tuèrent un grand nombre de Divs et renversèrent beaucoup d’Ahrimans.

Une grande lumière apparut et les ténèbres se dissipè- rent ; un vent bienfaisant se fit sentir, l’air et la face de la terre semblaient sourire ; le monde brillait comme la lune et les Divs partirent sur l’ordre de Khosrou.

La porte du château devint visible et la poussière qui avait enveloppé l’armée tomba.

Le roi des Iraniens franchit la porte des remparts avec Gouderz fils de Keschwad et trouva qu’ils renfermaient une grande ville remplie de jardins, de palais, de places publiques et de maisons.

A l’endroit où la lumière brillante avait paru, on trouva le rempart escarpé détruit et le roi ordonna d’y bâtir un temple surmonté d’une coupole dont la cime touchât au ciel ; l’édifice avait une longueur et une largeur de dix lacets, il était entouré de hautes chambres voûtées et son pourtour était de la moitié d’une course de cheval arabe. ,Keï Khosrou l’acheva et y plaça le feu Aderguschasp, assigna les chambres qui entouraient l’édifice à des Mobeds, à des astrologues et à des sages et resta dans la ville jusqu’à ce qu’il eût revêtu le temple du feu de toute sa splendeur.

Un au s’étant passé ainsi, il ordonna le départ de son armée, fit charger les bagages sur des bêtes de somme et monter ses troupes à cheval.

Dernière mise à jour : 7 sept. 2021