Keï Kaous

Kaous apprend qu'Afrasiab s'est mis en marche

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Le roi du monde était ainsi occupé de son amour lorsqu’il apprit de ceux qui savaient ce qui se passait, qu’Afrasiab s’approchait avec cent mille cavaliers turcs qu’il avait choisis et comptés.

Le cœur du roi Kaous se serra, car il fallait qu’il quittât le banquet pour la guerre.

Il tint une grande assemblée d’Iraniens, il y réunit tous les amis des Keïanides et leur dit :

Est-ce que Dieu n’a pas formé Afrasiab d’air et de feu, de terre et d’eau ?

Est-ce que le ciel l’aurait formé autrement que le reste des créatures, pour qu’il jure une alliance, qu’il se lie par des paroles de paix et qu’ensuite il fasse lever la poussière dans son ardeur pour la guerre, qu’il viole son serment et la foi donnée ?

Il faut maintenant que je parte pour me venger, que je rende obscur pour lui le jour brillant, que je fasse disparaître son nom de la surface de la terre ; sinon il préparera sans cesse et inopinément des armées, il attaquera le pays d’Iran et dévastera ses plaines et ses campagnes. »

Un Mobed lui répondit :

Ton armée est immense : pourquoi irais-tu en personne à la guerre ?

Pourquoi jeter au vent tes joyaux ?

Pourquoi ouvrir les portes de tes trésors ?

Tu as déjà deux fois livré à tes ennemis ton glorieux trône, cherche parmi ces Pehlewans un homme digne de conduire la guerre et de nous venger. »

Le roi répondit :

Je ne vois dans cette assemblée personne qui soit l’égal d’Afrasiab en pouvoir et en gloire ; il faut que je coure comme court un vaisseau sur l’eau.

Quant à vous, sortez ; je ne suivrai dans cette affaire que le penchant de mon cœur. »

À ces paroles, Siawusch devint pensif et son âme fut désolée par les soucis.

Il se dit en lui-même :

Je vais me préparer pour cette campagne, je parlerai avec douceur au roi et lui demanderai le commandement.

J’espère d’abord que Dieu me délivrera alors des artifices de Soudabeh et des soupçons de mon 4 père, ensuite que j’acquerrai un nom dans cette guerre, que je ferai tomber dans le piège cette grande armée. »

Il se ceignit, se rendit auprès du roi Kaous et lui dit :

Mon rang est tel que je puis prétendre à combattre le roi du Touran et à jeter !

Dans la poussière le chef des braves. »

Dieu le créateur avait ordonné que Siawusch devait perdre la vie dans le pays de Touran par les machinations et les artifices des méchants, lorsque son temps serait accompli.

Le père consentit au désir qu’avait Siawusch de prendre les armes dans cette guerre ; il fut content de lui et le lui témoigna en l’investissant de nouvelles dignités.

Il lui dit :

Les trésors de ton père sont devant toi et tu peux dire que l’armée entière est à toi. »

Ensuite, il appela devant lui Rustem au corps d’éléphant et lui adressa beaucoup de bonnes paroles, disant :

L’éléphant n’est pas ton égal en force et le courant du Nil n’est pas aussi puissant que ta main.

Siawusch est venu chez moi, ceint pour le combat et m’a parlé comme un lion indompté.

Il n’y a dans le monde personne d’aussi prudent et d’aussi discret que toi, qui as élevé Siawusch.

Si mon fils veut ouvrir avec le fer des mines de pierres précieuses, elles s’ouvriront, pourvu que tu lui viennes en aide.

Il veut combattre Afrasiab ; va avec lui et ne le perds pas de vue.

Quand tu veilles, je peux me reposer ; quand tu te reposes, il faut que je me hâte d’agir.

Le monde a confiance dans la flèche et dans ton épée et la lune et le ciel étoilé sont au-dessous de toi. »

Rustem répondit :

Je suis ton esclave, j’applau-dis à tout ce que tu m’as dit.

Siawusch est l’asile de mon âme et le sommet de sa couronne est mon firmament. »

Le roi ’écouta et le bénit en disant :

Puisse la raison être toujours la compagne de ton âme pure ! »

Dernière mise à jour : 7 sept. 2021