Keï Kaous

Guiv fait Piran prisonnier

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À ces paroles, Piran se sentit enflammé de colère ; le sang de son cœur bouillonna et ses yeux se remplirent de larmes.

Il lança son cheval, il le serra des jambes et plaçant sur son épaule sa lourde massue, il s’élança du rivage dans l’eau, comme une barque, en se recommandant à la grâce de Dieu de qui vient tout bonheur.

Guiv ne se pressa pas de combattre et lorsque le Sipehbed fut sorti de l’eau, il lui tourna le dos comme par lâcheté et s’enfuit, tout avide qu’il était de se mesurer avec lui.

Son ennemi le suivit de près et le monde devint noir comme la nuit sombre.

Mais Guiv, lorsqu’il l’eut attiré loin du fleuve et de son armée, détacha de la selle sa massue de combat et se jeta sur le Pehlewan : tu aurais dit que c’était un dragon furieux.

Piran le lion s’enfuit à son tour devant Guiv qui le poursuivit et qui, sans que le puissant Pehlewan s’en aperçût. détacha son lacet : roulé du crochet de la selle, tourna plusieurs fois son bras, fit voler la courroie et y prit Piran.

La tête du Pehlewan se trouvait dans le nœud du lacet et Guiv enleva ainsi Piran de la selle.

Ensuite, il le fit ignominieusement marcher à pied devant lui et l’amena à une grande distance du fleuve.

Là il le jeta par terre, lui lia les mains, se revêtit de son armure, monta sur son cheval, prit sa bannière et s’en retourna au bord du Gulzarrioun.

Lorsque les Turcs virent l’étendard de leur Sipehbed, ils s’avancèrent sans méfiance, en poussant des cris et en faisant sonner les trompettes, les clairons et les clochettes indiennes.

Guiv, voyant cela, entra dans le fleuve comme un vaisseau qui fend les vagues et aussitôt qu’il eut abordé l’autre rive, il éleva sa lourde massue au-dessus de son épaule.

Toute l’armée le regarda avec étonnement, il lâcha la bride à son cheval et se raffermit sur les étriers et les grands furent frappés de terreur.

Il renversa les Turcs dans la poussière avec son épée et ses étriers, avec ses épaules et avec son souffle et bientôt toute la plaine fut couverte de monceaux de morts.

Ces braves eurent peur de sa massue et tous lui tournèrent le dos ; il était comme un lion qui se jette au milieu d’un troupeau et cette grande armée et tous ces guerriers s’enfuirent devant lui ; ensuite il s’en retourna victorieux et repassa le fleuve : tu aurais dit qu’il n’avait pas vu d’ennemi, même en songe.

Mo Il revint en toute hâte auprès de Piran, à qui il voulait trancher la tête.

Il le fit marcher ignominieusement à pied derrière lui et força à courir ce vieillard, que la peur avait presque privé de la raison.

Il l’amena ainsi devant le roi, humilié, les joues pâles, honteux et la tête penchée.

Il descendit lui-même de cheval, baisa la terre devant le roi, lui rendit hommage et lui dit :

de traître s’est pris dans les replis de la queue du dragon.

Siawusch a livré sa tête, parce qu’il a cru aux paroles de cet homme, qui doit périr comme Siawusch a péri. »

Piran se mit à.prononcer des bénédictions sur le roi, il gémit et baisa la terre, en disant :

Ô roi qui sais approfondir la vérité, qui brilles au milieu de la foule comme le soleil !

Tu connais les angoisses que j’ai soudâtes à cause de toi et les soins dont je t’ai entouré, tu connais les luttes que j’ai soutenues pour toi contre Afrasiab.

Si ton esclave se fût trouvé à la cour du roi, Siawusch n’eût pas été tué.

Je vous ai sauvés toi et ta mère, je vous ai tirés des mains du Div, à force de prudence et de ruse et j’espère que, par tu grâce et La fortune, j’échapperai aux griffes de ce dragon. »

Dernière mise à jour : 7 sept. 2021