Keï Kaous

Combat de Rustem contre Sohrab

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Sohrab se rendit au champ du combat et prit un javelot, tout en pensant avec étonnement aux paroles de sa mère.

Ils choisirent une lice étroite et s’attaquèrent avec leurs courts javelots.

Quand il ne resta plus à leurs javelots ni pointe ni anneau de fer, ils tournèrent tous deux bride à gauche, puis ils fondirent l’un sur l’autre avec leurs épées indiennes et firent jaillir le feu de l’acier.

Leurs épées se brisèrent sous leurs coups, quels coups !

On eût dit qu’ils amer naient la résurrection.

Ensuite ils saisirent leurs lourdes massues et les bras des braves se fatigué. rent, les massues se courbèrent par la force des coups, les chevaux chancelèrent, les héros tremblèrent.

Les armures des chevaux tombaient, les cottes de mailles se détachaient en pièces du corps des héros.

Les chevaux et les cavaliers s’arrêtèrent, ceux-ci ne pouvaient plus remuer ni main ni bras ; leur corps était inondé de sueur, leur bouche remplie de poussière, leur langue fendue de sécheresse.

Ils se mirent à l’écart l’un de l’autre, le père rempli d’anxiété, le fils excédé de fatigue.

O monde !

Que les œuvres sont étonnantes ; ce qui est brisé est ton ouvrage et ce qui est entier l’est de même.

L’amour ne se manifestait dans aucun de ces hommes ; ils étaient privés de sens et la tendresse ne parlait pas.

Les animaux connaissent leurs petits, que ce soit ll8 le poisson de la mer ou l’onagre du désert ; mais l’homme, dans son trouble et sa passion, ne distingue pas son ennemi de son fils.

Rustem dit en son cœur :

Je n’ai jamais vu un crocodile qui aille au combat comme cet homme.

La lutte avec le Div blanc n’a été qu’un jeu pour moi et maintenant le cœur me manque devant un homme, devant le bras de quelqu’un qui n’est pas un des maîtres du monde, ni un héros, ni un homme illustre parmi les grands !

Je me suis retiré fatigué du combat, pendant que deux armées le regardaient. »

Lorsque les chevaux des deux combattants furent reposés des fatigues de la lutte et de la bataille, le jeune homme et le vieillard bandèrent leurs arcs ; mais étant couverts de cottes de mailles, d’armures et de cuirasses de peau de léopard, les flèches de roseau et leurs pointes de fer ne leur firent aucun mal.

Tous les deux s’irritèrent, tous les deux se saisirent par les courroies de leurs ceintures.

Rustem, qui au jour du combat arrachait le rocher noir quand il portait la main dessus, saisit la ceinture de Sohrab, espérant de l’enlever de selle dans cette lutte.

Mais le corps du jeune homme ne s’en ressentit pas et la main de Rustem resta impuissante.

Il la retira de la ceinture de Sohrab et ne cessait de s’étonner de lui.

Les deux vainqueurs des lions se quittèrent, fatigués du combat ; ils se séparèrent, brisés et blessés. ne Mais Sohrab détacha encore une fois de la selle sa lourde massue ; il serra son cheval, frappa Rustem de sa massue et lui meurtrit l’épaule.

Rustem se tordit, mais il eut la force de dévorer sa douleur.

Sohrab sourit et lui dit :

Ô cavalier !

Tu n’es pas ferme sous les coups des braves et l’on dirait que Raksch est un âne dans le combat ; mais les deux mains d’un héros surpassent tout en force et un vieillard, quelque haute que soit sa taille, est insensé s’il veut faire ce que fait un jeune homme. »

Ils se quittèrent épuisés ; ils s’étaient rendu le monde si étroit, qu’ils se détournèrent l’un de l’autre et se séparèrent, le cœur et l’âme en souci.

Rustem alla combattre l’armée du Touran, semblable à un tigre qui aperçoit sa proie.

Sohrab se dirigea vers l’armée de l’Iran ; abandonnant les rênes à son cheval aux pieds légers, il se jeta sur cette armée et beaucoup de braves tombèrent autour de lui ; il s’élança au milieu de l’armée comme un loup et les forts et les faibles se dispersèrent.

Rustem songeait tristement aux malheurs qu’amènerait sans doute sur Kaous ce vaillant Turc, qui venait de paraître, la poitrine et les bras couverts d’une cotte de mailles.

Il se hâtait de retourner à son camp, le cœur rempli de ces craintes, lorsqu’il vit, au milieu de l’armée, Sohrab qui venait de rougir la terre de sang ; sa main était tachée de sang, ainsi que le fer de sa lance et sa cotte de mailles ; tu aurais dit qu’il était ivre de sa

Chasse.

À cette vue, Rustem entra en fureur.

Il poussa un cri comme un lion féroce et lui dit :

Ô homme altéré de sang !

Qui d’entre les Iraniens t’a attaqué ?

Pourquoi n’as-tu pas retenu la main du mal ?

Pourquoi es-tu venu comme un loup au milieu du troupeau ? »

Sohrab lui répondit :

L’armée du Touran s’est abstenue du combat et n’a fait aucun mal ; mais tu l’as attaquée le premier, pendant que personne ne cherchait à te combattre et à lutter contre toi. »

Rustem lui dit :

Le jour est devenu sombre, mais quand le soleil qui éclaire le monde se sera levé, alors se décalera sur cette plaine à qui sera le gibet, à qui le trône ; car ce monde brillant appartient au glaive.

Puisses-tu ne jamais mourir, puisque tu manies l’épée pendant que tu lèvres sentent encore le lait !

Nous reviendrons à l’aube du jour avec nos épées ; va maintenant, en attendant que la volonté de Dieu se fasse. »

Dernière mise à jour : 7 sept. 2021