Keï Kaous

Afrasiab fait interpréter son songe

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Tous ceux qui connaissaient cet art, qu’ils fussent éloignés ou qu’ils fussent auprès de la cour du roi, se rassemblèrent dans le palais du maître pour entendre ce que le roi avait à leur demander.

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Siab les fit appeler, leur assigna des places d’honneur près de lui et leur parla à eux tous, grands et petits.

Il s’adresse en ces termes aux sages renommés, aux astrologues et aux Mobeds :

Personne au monde ne doit entendre parler, ni en public ni en secret, de ce songe et de ce que je vais vous raconter ; et si quelqu’un laisse échapper de ses lèvres un mot sur cette affaire, je lui trancherai la tête. »

Il leur donna beaucoup d’or et d’argent, pour qu’aucun d’eux, effrayé par ces paroles, ne s’éloignât ; ensuite il leur raconta son rêve.

Lorsque le grand Mobed eut entendu ce récit, il eut peur et demanda au roi une promesse, disant :

Qui pourrait interpréter ce rêve selon la vérité ? à moins que le roi ne fasse une convention avec son esclave et ne nous donne sa parole pour garantir que nous pouvons lui dévoiler tout ce que nous avons à dire, sans que nous ayons à souffrir de violences. »

Le roi prit l’engagement qu’on lui demandait et promit de ne leur faire au-cun mal.

Le Mobed qui portait la parole était un homme de tête qui savait résoudre les affaires les plus délicates.

Il dit :

Nous allons, d’après le rêve du roi, dire tout ce qui est secret.

Sache que dans ce moment les chefs pleins de courage amènent de l’Iran une grande armée et qu’à leur tête marche un fils du roi, entouré d’un grand nombre de conseillers pleins d’expérience.

Kaous l’envoie parce qu’il espère, d’après son horoscope, que son fils détruira ce royaume.

Or si le roi combat Siawusch, le sang rendra la face du monde rouge comme du brocart ; Siawusch ne laissera pas en vie un seul Turc et le roi se repentira de lui avoir fait la guerre ; et quand même Siawusch mourrait de la main du roi, le trône ne resterait pourtant pas dans le pays de Touran et la terre entière se remplirait de discorde, de combats et de vengeance au sujet de-Siawusch.

C’est alors que tu reconnaîtrais la vérité de mes paroles, car les pertes d’hommes auraient réduit ton pays à un désert.

Quand même le roi deviendrait un oiseau ailé, il ne pourrait sortir de cette sphère qui tourne.

C’est ainsi que le ciel accomplit sa rotation, tantôt rempli de colère, tantôt plein d’amour. »

À ces paroles, Afrasiab devint soucieux et ne se hâta pas de commencer la guerre.

Il dévoila à Guersiwez ces secrets et lui raconta les paroles mystérieuses qu’il avait entendues, disant :

Si je n’envoie pas d’armée contre Siawusch, personne ne viendra nous combattre ; alors ni lui ni moi ne perdrons la vie dans la lutte et les peuples seront délivrés de ces discordes.

Kaous n’aura pas de vengeance à exercer contre moi et la terre ne sera pas remplie de désordre.

Il faut donc qu’au lieu de rechercher la possession du monde et les combats, je ne cherche que la paix.

J’enverrai à Siawusch de l’ar-.

2l0 gent et de l’or, une couronne, un trône, un casque et une ceinture.

Minoutchehr n’a pas divisé le monde selon la justice et a fait trop grande la part du roi de l’Iran ; mais en ne touchant pas à la distribution de la terre, telle qu’elle a été faite anciennement, j’espère que ces malheurs ne me frapperont pas et que ces deux flammes s’éteindront dans l’eau du Quand j’aurai cousu avec de l’or l’œil de tout prétexte de guerre, il faudra bien que le ciel m’épargne les malheurs.

Je ne demande pas d’autre sort que ce qui est écrit ; car il faut que toute chose croisse, telle que Dieu l’a semée. »

Dernière mise à jour : 7 sept. 2021