Keï Kaous

Afrasiab envoie Keï Khosrou à Khoten

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Lorsque le soleil montra sa face au-dessus des montagnes et qu’il répandit ses rubis sur la poix des ténèbres, on entendit le bruit des armes et le son des trompettes et Tehemten mit en marche son armée.

Les Iraniens poursuivirent Afrasiab, pleurant au souvenir du meurtre de Siawusch.

Afrasiab eut avis de l’approche de cette armée, à la tête de laquelle se trouvait Rustem animé de vengeance.

Il conduisit ses troupes jusqu’au bord de la mer de la Chine, car la large surface de la terre était devenue étroite pour lui.

Il se hâta tant qu’aucun Iranien ne put l’atteindre ; et le cœur dévoré de soucis, les joues inondées de larmes, il traversa la mer à l’endroit où il voulut.

Ensuite, il dit à Piran :

Donne-moi un bon con-

seil sur ce maudit enfant de Siawusch.

Si Rustem parvient à s’en emparer, il l’emmènera dans le pays d’Iran et ils feront un roi de cet enfant du Div, ils le feront asseoir sur le trône, ils lui donneront une couronne brillante.

Amène-le de ce côté de la mer ; hâte-toi et ne me désobéis pas en cette affaire. »

Piran lui répondit :

Ne te presse pas de le mettre à mort.

Je prendrai des mesures telles que le roi approuvera son serviteur dévoué.

Nous allons le faire venir ici, nous l’emmènerons avec nous et le reléguerons à Khoten ; car il ne faut pas que jamais un méchant puisse se lever contre le roi. »

Le roi lui répondit :

Ô maître de la sagesse !

Tu me guides toujours vers ce qui est bien ; fais sur-le-champ tes préparatifs, car il ne faut pas que nous négligions cette affaire. »

Alors Piran expédia un messager, un homme de sens et de noble naissance et lui ordonna d’amener le prince.

Le messager se mit en route incontinent et voyagea rapidement comme la fumée qui vole et comme le Sipehbed le lui avait ordonné.

Il arriva auprès de Khosrou et le vit dans sa pompe et sa majesté ; il prononça sur lui des bénédictions répétées et lui rendit hommage.

Il se tint longtemps devant lui respectueusement ; à la fin il lui dit tout ce qu’il avait à dire, il s’acquitta de tous ses messages.

Quand Khosrou eut entendu ses paroles, il ne sutà quoi se résoudre ; il courut auprès de sa mère pour lui parler et lui dévoila en entier ses secrètes pensées, disant :

Afrasiab envoie quelqu’un pour me faire aller au bord de la mer.

Qu’y faire ?

Quel remède y apporter ?

La sagesse nous fournirait peut-être un moyen de sauver notre vie. »

Ils en parlèrent longuement et émirent beaucoup d’avis ; mais ils ne trouvèrent aucun moyen de se soustraire à la nécessité, ils ne virent aucune possibilité d’éviter le voyage et ils partirent à contrecœur et en grande hâte.

Ils furent tristes pendant la route, leurs yeux ne cessaient de pleurer et leur langue de maudire Afrasiab.

À la fin Khosrou arriva auprès de Piran fils de Wiseh, qui, aussitôt qu’il l’aperçut, descendit de son trône et s’avança vers lui, lui demanda comment il avait supporté les fatigues de son long voyage, lui donna beaucoup d’éloges, le reçut tendrement et le fit asseoir à son côté.

Piran lui fit donner sur-le-champ tout ce qu’il lui fallait, de la nourriture, des vêlements, des tapis, des tentes de toute espèce et des montures.

Quand il eut pourvu à tous ses besoins et : qu’il fut délivré de ces soins, il se rendit chez Afrasiab et lui dit :

Ô roi, sage, illustre et glorieux !

J’ai fait amener ici ce noble enfant, quel ordre maintenant me donnes-tu à son égard ? »

Le roi du pays de Touran répondit à Piran :

Il faut le renvoyer du bord de la mer de la Chine, si loin que les grands de l’Iran n’en entendent jamais parler . »

Et Piran l’envoya vite, connue la fumée que pousse le vent, du côté où le roi l’avait ordonné.

Dernière mise à jour : 7 sept. 2021