Iskender

Songe de Keïd, roi de Kanoudj

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Voici ce qu’un conteur a récité en pehlevi ; tu seras étonné de l’entendre.

Il y avait un roi de l’Inde, nommé Keïd, un homme intelligent, clairvoyant et d’humeur joyeuse ; il avait un cœur de sage, un cerveau d’homme de sens, un trône de roi et une illustration de Mobed.

Pendant dix nuits. l’une après l’autre, il eut des songes : réfléchis aune pareille merveille.

Il ordonna à tous les sages de l’Hindoustan, à tous ceux qui étaient puissants par la parole et le savoir, de se réunir ; il rassembla tous les savants, tous ceux qui pouvaient donner un conseil, leur raconta tous ses songes et dévoila devant eux tout ce qui était secret.

Mais aucun d’eux ne sut en donner l’interprétation ; leurs cœurs se remplirent de soucis et leurs joues pâlirent.

L’un d’eux lui dit :

Ô roi plein d’intelligence, ô héritier des rois !

Il y a un homme illustre, dont le nom est Mihran, qui a atteint la limite du savoir dans le monde ; dans sa demeure il n’y a ni nourriture ni aises ; il ne vit qu’au milieu des bêtes fauves, il ne mange que les graines des herbes de la montagne et il regarde des hommes comme nous à peine comme des hommes ; il demeure avec les mouflons et les daims, il se tient loin des hommes et des lieux de repos ; rien dans le monde ne lui fait du mal, car il adore Dieu et sa fortune est puissante. »

Le roi Keid répondit au sage :

Il est impossible de négliger un homme de cette valeur. »

Il monta à cheval à l’instant même et se mit en route, attiré par la réputation de Mihran.

Les sages l’accompagnèrent de peur que leur chef ne fût mécontent.

Arrive’ près de Mihran, le roi s’adresser au sage d’une façon convenable, en disant :

Ô homme qui adores Dieu, qui demeures dans la montagne avec les béliers sauvages, écoute avec ton esprit l)

N profond mes rêves, expliqueles et montre ta sagacité.

Sache, ô saint homme plein d’intelligence, qu’une nuit je dormais tranquillement et paisiblement ; je vis en songe un édifice comme un palais élevé, dans lequel se trouvait un éléphant furieux et formidable ; on n’apercevait aucune porte dans ce palais, il n’y avait qu’une ouverture étroite sur le devant.

Le terrible éléphant sortait par cette ouverture, dont le peu de largeur ne le gênait pas ; son corps affreux sortait par cette fenêtre, mais sa trompe restait dans le palais.

La nuit suivante, je vis que, dans ce même palais, le trône avait perdu un maître fortuné et qu’un autre était monté sur ce trône d’ivoire et avait placé sur sa tête la couronne qui ravit les cœurs.

La troisième nuit arriva, j’eus besoin de dormir, je vis en rêve une belle toile de lin ; quatre hommes la tiraient chacun vers soi et leurs joues devinrent bleues par les efforts qu’ils faisaient ; mais la toile ne se déchira nulle part sous leurs mains et ils ne se fatiguèrent point de tirer.

En quatrième lieu, ô illustre Mihranl j’ai vu, près d’un cours d’eau, un homme qui avait soif ; un poisson versait de l’eau sur lui, mais la tête de l’homme altéré se détournait de l’eau. l’homme bondissait, l’eau courait après lui.

Que dis-tu de ce rêve, ô sage bienveillant ?

Dans la cinquième nuit, mon âme vit en songe une ville placée au bord de l’eau ; tous les habitants étaient aveugles, 9l mais on n’observait pas que leur cécité fit du chagrill à aucun d’eux et l’on aurait dit que toute la ville resplendissait de munificence et de commerce.

Sixièmement, ô homme puissant et noble, j’ai vu ce une ville où tans étaient. malades ; ils allèrent faire des questions à un homme bien portant et s’informèrent d’abord de sa santé, il répondit à l’un d’eux :

Comment te portes-tu au milieu de ces peines, le corps malade, le cœur plein d’angoisses ? »

Le malade fut ému et se mit à demander des remèdes qui guérissent les malades.

Lorsque la moitié de la septième nuit fut passée, je vis un cheval qui paissait sur la plaine ; il avait deux pieds de derrière, deux de devant et deux têtes ; il saisissait les herbes avec ses dents et broutait avec sa bouche double ; mais sa nourriture ne trouvait pas de passage pour ressortir deson corps.

En huitième lieu j’ai vu, ô homme à la foi pure, trois cruches placées l’une à côté de l’autre sur le sol.

Deux étaient pleines d’eau, celle du milieu était vide et restée à sec depuis bien des annéessDeux hommes bienveillants y versaient de l’eau fraîche, qu’ils puisaient dans les cruches pleines ; mais ils avaient beau puiser, la hauteur de l’eau ne diminuait pas dans les cruches pleines et le bord de la cruche vide ne se mouillait pas.

Dans la neuvième nuit j’ai in une vache couchée au soleil, sur l’herbe et près de l’eau, devant elle un petit. veau maigre et sec 9.

De corps et d’un aspect misérable ; la vache le tetait ; elle était grande et forte et le veau faible et chétif.

Si tu veux écouter mon dixième rêve, tu n’auras pas le temps ’être fatigué avant que j’aie fini ce récit.

J’ai vu une source dans une large plaine, d’où s’élevait un palais avec un belvédère ; la plaine.entière était couverte d’eau et d’humidité ; mais les bords de la source étaient désolés par la sécheresse.

J’espère que tu voudras, dans ta réponse, me dévoiler le secret de ce qui va se passer dans le monde. »

Dernière mise à jour : 7 sept. 2021