Iskender

Iskender voit des merveilles dans la ville de Heroum

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L partit avec les grands du Roum et marcha sur une grande ville qui portait le nom de Heroum et était occupée entièrement par des femmes, qui ne laissaient passer personne par les portes ; leur sein droit était comme celui des femmes, on aurait dit une grenade qui avait roulé sur une pièce de soie, pendant que leur sein gauche était comme celui d’un homme avide de combats, qui revêt sa cuirasse au jour de la bataille.

Lorsque le roi plein d’orgueil fut arrivé avec ses grands auprès de la ville de Heroum, il écrivit une lettre selon les règles et la justice, comme il convient à un homme de noble naissance, adressée par le roi de l’Iran et du Roum aux maîtres du pays de Heroum.

Elle commençait par le nom du Créateur des sphères célestes, de qui viennent toute grâce, ce toute justice et toute tendresse.

Quiconque a du sens dans l’esprit, quiconque n’a pas foulé. la terre, oc-

Cupé uniquement de frivolités, a appris mes hauts a faits et jusqu’où j’ai porté mon pouvoir et quiconque a voulu se soustraire à mes ordres n’a trouvé d’autre couche que la terre Sambre.

Je ne veux pas qu’il y ait un lieu dans le monde dont l’aspect me soit inconnu et si je viens parmi vous, ce n’est pas pour vous combattre, car mon âme est pleine de paix et du désir de fêtes.

Si vous possédez un homme savant, intelligent, prudent et sachant lire, qu’il lise cette lettre pleine d’avis et que tous les plus nobles parmi vous se préparent à venir à ma rencontre ; personne n’aura à s’en repentir. »

Il ordonna à un philosophe roumi de porter cette lettreqà Heroum.

Lorsque le sage arriva dans les environs de la ville, il vit qu’elle n’était occupée que’ par des femmes et il n’aperçut aucun homme ; toute la population était sortie de la ville et se tenait dans la plaine pour voir le Roumi.

Toutes les femmes s’assemblèrent pour entendre la lettre, toutes celles qui avaient droit à donner un avis ; et lorsqu’une savante de la ville eut lu cette lettre et compris les intentions du cœur du roi, elles s’assirent et écrivirent cette réponse :

Puisses-tu vivre éternellement,.ô roi qui portes haut la tête !

Nous avons fait asseoir-devant nous ton envoyé ; nous avons lu La lettre d’un bout à l’autre.

D’abord, quant à ce que tu dis des rois, de les victoires et de tes combats antérieurs, sache que si tu amènes une armée dans la ville de Herouan, tu n’y verras pas la terre et le sol, tant il y a de sabots de chevaux et de pieds de combattants.

La ville se compose de rues innombrables et dans chacune se trouvent dix mille femmes ; nous couchons toutes les nuits dans nos cottes de mailles et l’accroissement de notre nombre nous met à l’étroit.

Aucune de toutes ces femmes n’a de mari, car nous sommes toutes vierges et nos visages sont couverts de voiles.

Partout ou l’on va dans ce pays, on ne strouve d’autre issue que des eaux profondes ; et toute femme nous qui penche vers le marings, nous ne voulons plus la voir et il faut qu’elle traverse l’eau profonde, qu’il fasse beau temps ou»

Qu’il y ait de la pluie et de la neige.

Si elle met au monde une fille quand elle est mariée et si cette enfant prend des manières de femme et recherche le fard et les parfums, il faut qu’elle reste toujours là ou elle est née et respire l’air du ciel sublime ; mais si elle a un air d’homme et porte haut la tête, on la renvoie à Hemum.

Si c’est un fils que met au monde la mère, il faut qu’il reste où il est et il ne trouve pas de place parmi nous.

Toutes les nuits, dix mille vierges font la garde au bord de l’eau.

Quiconque de nous renverse de son cheval, majeur de combat, un homme brave comme un lion, nous posons sur sa tête une couronne d’or et nous lui plaçons un trône plus haut que les Gémeaux et il y a certainement parmi nous dix mille

Femmes qui portent des couronnes et des boucles d’oreilles en or, parce qu’elles ont fait périr de leurs mains, au jour du combat, un homme fier de sa bravoure.

Tu es puissant et de grande race, ne ferme donc pas la porte de la gloire à ton nom, car on dira que tu as combattu des femmes et que tu t’es enfui de la bataille.

Ce serait pour toi une honte, qui ne serait pas oubliée tant que le monde existera.

Mais si tu veux venir avec les grands du Roum et faire le tour de la ville de Heroum ; si tu agis avec droiture et courtoisie, tu seras reçu avec bienveillance et avec des fêtes et nous irons à la rencontre avec un cortège tel que le soleil et la lune en seront éclipsés. »

’ Lorsque cette réponse à la lettre du roi fut achevée, une femme fut désignée comme messagère et se mitnen route, portant une couronne et une robe digne d’une reine et accompagnée de dix belles femmes à cheval.

Quand elles arrivèrent solennellement près du roi, il envoya un cortège au-devant d’elles et la femme illustre lui remit la lettre et lui répéta tous les messages de ses sœurs vaillantes.

Iskender, voyant cette réponse à sa lettre, choisit un homme sensé et d’un esprit pénétrant et leur adressa le message suivant :

Puisse l’intelligence être la compagne du cerveau des hommes !

Il ne reste pas un roi sur la surface de la terre ni un grand dans le monde qui ne soit mon inférieur, si puissant tôt) qu’il soit et si bonne quesoit son étoile.

La poussière du camphre et la terre noire, les fêtes et les combats, tout est égal devant moi.

Je ne suis pas or venu avec des éléphants, des timbales et des lambours et une armée telle que les plaines et les montagnes tremblent sous les sabots des chevaux, pour lutter contre des femmes.

Je veux voir votre ville ; si vous venez au-devant de moi, tout est te bien et aussitôt que j’aurai vu ce que je désire, j’emmènerai mon armée et ne resterai pas longtemps en ce lieu.

Je veux voir vos coutumes et vos pompes, votre manière de monter à cheval, votremagnificence et votre puissance.

Je vous. interrogerai en secret sur vos affaires et sur vos habitudes, comment il peut y avoir des femmes sans hommes et comment vous remplacez celles qui meurent ; et, je verrai quel estle mot de ces énigmes. »

Le messager partit ; il répéta ces paroles et dévoila tout ce secret.

Les plus puissantes des’femmes se réunirent, se concertèrent et répondirent :

Nous choisirons deux mille femmes, éloquentes, instruites et prudenles.

Chaque centaine est chargée de dix couronnes incrustées de beaucoup de picrliteries et ensemble il y aura deux cents couronnes, chacune digne d’un roi.

Nous les avons pesées l’une après l’autre et les avons mises en tas et chacune avec ses pierres tines pèse trois roll.

Quand nous saurons que le roi s’approche, nous irons à sa ren-

contre, car la renommée de sa sagesse et de sa majesté est parvenue jusqu’à nous. »

La messagère partit et donna cette réponse au roi ; toutes ses paroles étaient empreintes d’intelligence.

Le roi quitta sa station et mit en marche son armée, tout étonné de cette affaire des femmes.

Après qu’il eut fait deux marches, il survint un ouragan et la neige combla les vallées jusqu’à la crête des montagnes.

Un grand nombre de serviteurs du roi périrent dans cette journée par le froid et la neige ; il parcourut deux stations avec ce grand froid, puis il arriva dans un pays brûlant, d’où il s’éleva une grande fumée et un nuage noir ; on aurait dit que l’armée traversait du feu ; les cottes de mailles brûlaient les épaules des Perses, la terre s’enflammait sous les sabots des chevaux et cela continua jusqu’à ce qu’il eût. atteint une ville où il trouva des hommes noirs comme la nuit, aux yeux chassieux, à la bouche baveuse ; leur salive et leur chassie étaient couleur de suie et de jais, leurs yeux couleur de sang et des flammes sortaient de leurs bouches.

Ils amenèrent alu-devant du roi beaucoup d’éléphants et un cortège immense d’un vilain aspect et dirent :

La a neige et l’ouragan qui vous ont fait du mal venaient de nous ; jamais personne n’a passé par ce chemin et toi et ton armée êtes les premiers étrangers que nous voyons. »

De là Iskender continua, en toute hâte et le cœur tout joyeux, sa marche vers la ville des femmes.

Deux mille femmes passèrent l’eau, portant toutes des couronnes et des boucles d’oreilles. lise trouvait la un bois plein d’eau et d’arbres, un lieu fortuné qui charmait les âmes et les femmes y préparèrent un festin sur la prairie et étendaient des tapis beaux de couleur et de broderie.

Lorsque Iskender entra dans le pays de Heroum, elles accoururent, de toutes les parties habitées du pays, à sa rencontre et apportèrent devant lui beaucoup de couronnes, des vêtements, des joyaux et autres belles choses.

Il accepta tout, reçut bien les femmes, et, dans sa belle humeur, leur donna l’hospitalité.

Lorsque la nuit eut fait place au jour, il entra dans la ville, l’examina attentivement, s’informa de toute chose grande et petite et resta jusqu’à ce qu’il eût pénétré ces mystères.

Dernière mise à jour : 19 déc. 2021