Iskender

Iskender se met en garde contre Theïnousch

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Iskender partit, le cœur haut comme une montagne, car même le sage devient soucieux par le danger de la mort ; Keïdafeh avait effacé le froncement de ses sourcils et il ne songea pas un instant à s’écarter de sa volonté.

Il resta ainsi cette nuit et le lendemain de grand matin il sortit de son palais et se rendit chez la reine, qui était dans la salle d’andience, toute parée et entourée de bouquets de fleurs.

Au haut de la salle on voyait des ornements en onyx et en or et en pierreries de toute espèce, incrustées dans l’or, autour de la reine, des bouquets à parfum de musc et devant elle se tenaient respectueusement ses deux fils, Theïnousch, le cavalier et Keïderousch, attentifs aux paroles de leur mère.

Le plus jeune des fils dit à Keïdafeh :

Ô reine à l’étoile fortunée, dispensatrice de la justice lfais en sorte que Bithekoun parte d’ici content et satisfait, sous la garde d’un guide, pour que personne ne le maltraite en route ni le prenne pour un ennemi ; car c’est lui qui m’a sauvé la vie et il m’est aussi précieux que le monde brillant. »

Sa mère répondit :

Je vais à l’instant lui rendre de grands honneurs. »

La reine illustre dit alors à Iskender :

Dévoile maintenant le secret ; que M3 désires-tu et quels sont les desseins d’Iskender ?

que sais-tu de sa volonté et quels sont ses ordres ? »

Iskender lui répondit :

Ô reine qui portes haut la tête !

Je suis resté ici trop longtemps.

Il m’a dit :

Pars et demande à Keïdafeh le tribut de son pays ; si tu tardes à revenir, j’irai avec mon armée et ne lui laisserai ni pays, ni couronne, ni trône, ni luma’ère du jour, ni contentement, ni dignité royale, ni fortune. »

Lorsque Theïnousch entendit les paroles d’Iskender, il se déchaîna comme un vent furieux. disant :

cc Ô misérable insensé, tu vas cesser de compter parmi les hommes !

Ne sais-tu pas devant qui tu es assis ?

Ne reste pas assis devant la reine et ne montre pas Les mains.

Ta tête est pleine de colère et d’arrogance et tu ne me dis pas même qui est le roi au a nom duquel tu parles.

N’était le respect dû à la reine, a je te trancherais la tête, comme on arrache de la a branche une orange ; mais cette nuit même je montrerai à l’armée ta tête coupée en vengeance de la mort de Fourna Sa mère éclata contre lui, car elle voyait que sa tête ardente pour le combat s’égarait.

Elle dit à Theînousch :

Il ne parle pas en son propre nom.

Déchire la peau à celui qui l’a envoyé. »

Elle ordonna qu’on emmenât son fils et qu’on le conduisît hors de sa présence et de son palais.

Puis elle dit à Iskender en secret :

Theïnousch est un fou qui n’a pas de raison, mais il ne faut pas le laisser préparer

en secret quelque coup, quelque malheur et quelque violence.

Tu es un homme sage, tu as de l’intelligence, réfléchis pour voir ce qu’il convient de faire. »

Iskender lui répondit. :

C’est vrai et il faudrait que tu fisses revenir Theïnousch. »

La maî- tresse du monde rappela son fils et le fit asseoir dans cette glorieuse cour.

Iskender lui dit :

Ô homme illustre !

Si tu veux’atteindre le désir de ton cœur, sois calme.

Je ne t’en veux pas pour ce qui s’est passé, j’accepte toutes les paroles que tu prononces.

C’est moi qui souffre de l’injustice d’Iskender, qui se tient tranquillement sur son trône, la couronne sur la tête, pendant qu’il m’envoie de cette façon demander tribut à cette reine auguste, pour que tout le mal qui peut en résulter tombe sur mois de la part de ses ennemis.

Je me hâterai de lui rapporter ta réponse et je vais Le proposer, ô prince, un plan qui te portera bonheur.

Si je saisis sa main de ma main, si je le l’amène là où tu te seras arrêté et de façon qu’il ne soit pas accompagné de troupes et que tu le voies sans épée, sans trône, sans couronne, que me donneras-tu alors de son royaume, comment me prouveras-tu ta reconnaissauce ? »

Theïnousch l’écoute et répondit :

J’ai compris tes paroles et il ne faut pas les laisser vieillir.

Si tu exécules le plan que tu proposes, si tu l’ais ce qui dépend de toi et si tu agis de bonne foi, je le doni

. " nerai ta part du trésor, des caisses d’or et de tout le reste, des chevaux et des serviteurs du roi et je serai encore ton obligé.

Tu seras le maître du monde et connaîtras le bonheur ; tu seras mon bon Destour et mon [trésorier dans ce pays. »

Iskender se leva de son siège et saisit de sa main la main du prince pour conclure le traité.

Theïnousch lui demanda :

Comment amèneras-tu cela ?

Par quelle ruse accompliras-tu cet enchantement ? »

Iskender dit :

Quand je quitterai la reine, il faut que tu . lasses route avec moi ; tu emmèneras mille cavaliers de (on armée, tous illustres dans les combats.

J’ai observé à un endroit de la route un bois, où je te placerai en embuscade avec ton escorte.

Je te devancerai pour me rendre auprès du roi et j’observerai son esprit malveillant.

Je lui dirai que Keïdafeh lui envoie tant de richesses que dorénavant il n’aura plus même un désir, mais que le messager de la reine déclare qu’il n’ose pas se présenter devant le roi au milieu de son armée.

S’il plaisait au roi de se rendre avec ses Mobeds auprès de Theînousch et a : de ses sages compagnons, il recevrait dans cette en-ytrevue toutes ces richesses, ces beaux trésors de toute espèce, car Theïnousch paraîtra quand il le verra sans armée ; mais s’il veut s’en retourner sans te voir, rien ne pourra l’en empêcher.

Quand Iskender entendra mes paroles dorées, il ne se doutera pas de ma ruse et de mon plan, il se mettra sous

: l’ombre de ces arbres et demandera à son trésorier du vin, sa couronne et un trône.

Entoure-le alors avec ton escorte vaillante et mets en repos ton esprit sur la tournure du sort ; ce sera le moment de ce ma vengeance et l’accomplissement de tes désirs et dorénavant personne ne t’inquiétera plus.

Quand tu te seras emparé de lui, je t’appartiendrai, je serai, si tu me l’ordonnes, le gardien de ce pays pour toi.

V te Alors mes affaires prospéreront, mes vœux les plus hardis seront remplis et tu ramèneras ici bien des trésors, des esclaves et des chevaux caparaçonnés. »

Theïnousch entendit ces paroles et s’en réjouit ; il se redressa comme un noble cyprès et répondit :

J’espère que le jour brillant deviendra sombre de-

I vant lui et qu’il tombera inopinément dans mes filets, par suite du sang qu’il a versé dans le monde, le sang de Dara fils de Darab, des princes du Sind et de Four, le vaillant roi de l’Inde. »

Keïdafeh avait écouté le discours d’Iskender et avait vu avec l’œil de l’intelligence sa ruse ; elle sourit en dessous de cet expédient en cachant ses deux lèvres de corail sous sa robe de toile fine.

Iskender la quitta et son esprit subtil était rempli de soucis.

Dernière mise à jour : 7 sept. 2021