Hormuzd

Hormuzd nomme Bahram Djoubineh Pehlewan de l'armée

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Le roi de l’Iran était heureux, il se sentait délivré du souci que lui causait l’armée de Saweh.

Il donna à Bahram le commandement de ses troupes et éleva jusqu’aux nues sa vaillante tête et tous les héros qui cherchaient du renom saluèrent Bahram comme leur chef.

Le Sipehbed se présenta devant le roi dans son armure de combat et lui dit :

Le roi me permet-il que je passe une revue pour connaître le nombre de : hommes et pour voir qui, parmi eux, est propre à la guerre ou qui se fera attendre au moment où il s’agira d’acquérir de la gloire ? »

Le roi lui dit :

Tu es le chef de l’armée, c’est de toi que dépend notre fortune, bonne ou mauvaise. »

Le Sipehbed partit pour le lieu des revues et fil passer devant lui les troupes.

Il choisit une armée parmi les Iraniens, pour laquelle il prit tous les meilleurs cavaliers et l’on écrivit les noms de douze mille cavaliers armés de cottes de mailles et montés sur des chevaux caparaçonnés ; mais on ne comprit nounou). -dans les rôles que des hommes de quarante ans et l’on refusa ceux qui étaient plus âgés ou plus jeunes.

Bahram fils de Bahram était commandant en chef et homme célèbre par sa bravoure.

Il mit à la tête des guerriers illustres, pour marcher au jour de la bataille devant le front de l’armée, un homme du nom de Yelan Sineh, dont la poitrine était pleine d’ardeur pour le combat ; il devait faire voltiger son cheval, rappeler aux braves leur naissance et réveiller dans leur cœur l’envie de se battre.

Ensuite, il chargea lzed Guschasp, qui, dans son élan, ne détournait pas son cheval d’un feu brûlant devant lui, de protéger les bagages et de tenir les deux ailes de l’armée sur la même ligne.

Enfin, derrière l’armée devait se placer Nerda Guschasp, homme qui du haut de son cheval saisissait les lions par la queue.

Ensuite le Pehlewan dit à l’armée :

Ô hommes illustres, à l’esprit clairvoyant !

Si vous voulez que Dieu vienne à votre aide et qu’il dissipe les ténèbres de votre position, n’opprimez personne, ne causez pas de dommage, ne vous servez jamais de vos armes pour faire du mal.

Lorsque le bruit des trompettes résonne dans la nuit sombre, levez-vous à l’instant et dirigez vos destriers de manière à remplir de terreur les ténèbres.

Dès qu’il s’agit de combattre, il faut que ni les chevaux ni les hommes ne pensent à l’étendue de leurs forces ni au besoin de repos. »

Lorsque le roi apprit comment Bahram préparait tout avec intelligence, il fut heureux de ses discours et de ses actes ; il ouvrit son trésor et paya la solde ; il remit de même à Bahram ses magasins d’agmes et en ouvrit les portes ; il fit venir en ville quelques troupeaux de chevaux de guerre qu’il avait sur les pâturages et ordonna au Pehlewan de lui demander tout ce qu’il fallait.

Il ajouta :

Tu as vu des combats de toute espèce et tu as entendu parler de la quantité d’armes et d’hommes que l’illustre Saweh possède ; jusqu’au jour du combat les Turcs feront trembler le sol du champ de bataille et pourtant tu n’as choisi dans mon armée que douze mille cavaliers couverts de cottes de mailles et montés sur des chevaux caparaçonnés.

Je ne comprends pas comment tu pourras agir avec si peu de monde au jour de la bataille, d’autant plus qu’au lieu d’hommes jeunes, prêts à frapper de l’épée, tu n’as choisi que des hommes de quarante ans !

Le Sipehbed répondit :

Ô roi à l’étoile fortunée, aux paroles douces !

Tu connais les histoires des grands qui ont été jadis rois du monde.

Si le roi mon maître veut les écouter, je prouverai par elles que, quand on est soutenu par la fortune victorieuse, le petit nombre des troupes importe peu.

On avait enchaîné dans le Hamaveran Keï Kaous, ce et une armée innombrable le gardait.

Rustem choisit douze mille cavaliers parmi les meilleurs et les plus braves et délivra de ses fers Kaous, sans que ces illustres guerriers eussent subi un désastre.

De même Gouderz, fils de Keschwad, chef des grands et des hommes libres, emmena douze mille cavaliers sur des chevaux caparaçonnés pour venger Siawusch.

Une autre fois le noble Isfendiar conduisit de même douze mille braves contre Ardjasp et trouva moyen de faire ce qu’il a fait et de détruire la forteresse et l’armée des Turcs.

Si une armée est plus nombreuse, elle perd de sa bravoure et de son intelligence et le chef qui mène au combat des troupes innombrables en est embarrassé dans la bataille.

Ensuite tu dis que des hommes de quarante ans ne se battront pas mieux que des jeunes gens.

Mais un homme de quarante ans a de l’expérience.

Il a plus de courage que tout autre ; il se souvient avec attendrissement du pain et du sel qu’il te doit ; il a vu bien des vicissitudes du sort, il craint les discours des malveillants et la honte et ne recule pas devant les combats ; enfin l’âme d’un homme qui a servi ne se laisse pas décourager, car il pense à sa femme, à ses enfants et à ses parents.

Un jeune homme voit un appât et tombe dans une embûche ; il n’a pas de patience au moment où il faudrait tarder ; il n’a ni femme, ni enfants, ni champs ensemencés ; il ne distingue pas ce qui a de la valeur de ce qui n’en a pas ; et comme on ne peut pas acquérir de l’intelligence sans expérience, il ne comprend pas ce qui est important dans une affaire.

S’il est victorieux dans le combat, il est heureux, se réjouit et s’arrête et s’il est vaincu, il s’enfuit et son ennemi ne voit de lui que le dos »

À ces paroles, le visage du roi devint frais comme une rose de printemps :

il lui dit :

Va, revêts ta cuirasse de combat et sors du palais pour aller au Meîdan. »

Le Sipehbed quitta le roi, demanda une ceinture, une cotte de mailles ’et un casque roumi, jeta un caparaçon sur son destrier isabelle et attacha au crochet de la selle un lacet roulé.

Le roi du monde se rendit au Meîdan avec son vizir, armé de raquettes de balles et de flèches et le Sipehbed arriva au Meî- dan du roi avec une cuirasse, une massue et un casque roumi.

Le roi en le voyant le bénit et le Sipehbed baisa la terre devant lui.

Le roi fit apporter un drapeau impérial à figure de dragon violet, le même qu’on avait porté devant Rustem dans les batailles.

Le roi de l’Iran le saisit rapidement, le caressa de la main en souriant et le remit à Bahram avec maintes bénédictions, ajoutant :

Celui dont tu tiens le drapeau est l’homme que les rois, mes ancêtres, appelaient le chef du peuple et dont le nom était Rustem le Pehlewan, le conquérant du monde, le victorieux, le clairvoyant.

Puisses-tu être heureux et dévoué au roi !

Je crois que tu es un autre Rusrr lem en bravoure, en vaillance et en dévouementn [ : Le Pehlewau le bénit, disant :

Puisses-tu être victorieux et serein d’esprit ! »

Le Sipehbed rentra du Meîdan chez lui, le drapeau de Rustem en main ; les héros du roi se dispersèrent et le Pehlewan de l’armée se sentit heureux.

Dernière mise à jour : 26 sept. 2021