Guschtasp

Zerir est tué par Bidirefsch

Le roi fut heureux de l’entendre et célébra ses louanges.

Il lui donna son propre destrier et sa selle, il lui donna son javelot trempé avec du poison, javelot qui aurait percé une montagne de fer.

Le magicien haineux et impur s’avança contre le vaillant et prudent cavalier; mais quand il le vit de loin, si fort et si animé, le visage couvert de poussière, les yeux remplis de larmes, tenant en main une massue comme Sam le héros, quand il vit devant lui une montagne de morts, il n’osa pas se présenter en face de Zerir.

Il se glissa inaperçu derrière lui, et lança son javelot trempé avec du poison sur le cavalier, fils de roi, qui ne s’y attendait pas.

Le javelot traversa la cuirasse du prince, son corps royal fut inondé de sang et il tomba de cheval.

Hélas! ce vaillant fils de roi!

Le vil Bidirefsch mit pied à terre, le dépouilla entièrement de son armure, amena le cheval de Zerir au maître de la Chine et lui porta sa ceinture, son beau drapeau et son diadème couvert de pierreries.

Toute l’armée des Turcs poussa un cri de joie, et l’on plaça le drapeau sur le dos d’un éléphant.

Guschtasp regarda du haut de la montagne et n’aperçut plus cette lune qui tournait au milieu de la poussière; il dit:

Je crains que cette lune qui tournait, et dont la lumière ne cessait d’éclairer cette armée, que mon vaillant frère, le fortuné Zerir, qui abattait les lions féroces, n’ait été renversé de cheval, car les braves cessent de s’élancer et d’attaquer;

je n’entends plus les cris des fils des grands; est-ce que le chef des nobles serait tué?

Il envoya des hommes à cheval sur le champ de bataille, là ou l’on apercevait le drapeau noir, et leur dit:

Allez voir ce qu’est devenu mon royal frère, car mon cœur étouffe de sang dans mon inquiétude pour lui.

Le roi de la terre était dans cet état lorsqu’un des messagers revint en versant des larmes de sang, et lui dit:

Ta lune, le gardien de la couronne et de ton armée, le Pehlewan du monde, le vaillant Zerir, hélas! a été tué misérablement par les cavaliers turcs!

Bidirefsch, le chef de tous les magiciens de la terre, l’a jeté à terre et a emporté le drapeau de Kaweh.

Lorsque le roi du monde apprit que Zerir était tué, l’image de la mort se dressa devant lui;

il déchira tous ses vêtements jusqu’au nombril, versa de la poussière sur la couronne royale, et dit au sage Djamasp:

Que dirai-je maintenant au roi Lohrasp?

Comment oserai-je envoyer un messager à sa cour, que dirai-je à mon vieux père?

Hélas! ce héros, fils de roi! hélas! il a disparu comme la lune brillante dans le brouillard!

Amenez-moi Gulgoun, le destrier bai de Lohrasp, et placez sur son dos la selle de mon cheval;

je partirai, je le vengerai, car je péris de la douleur que me cause sa mort: je veux essayer de le venger; je veux répandre sa foi et sa religion.

Le Destour plein d’expérience lui dit:

Reste; ce n’est pas à toi de chercher à le venger;

et Guschtasp, obéissant aux ordres du Destour, qui connaissait les secrets de l’avenir, mit pied à terre, se rassit, et dit à ses troupes:

Qui parmi vous est le lion qui vengera le noble Zerir, qui lancera son destrier pour ce combat, qui ramènera le cheval et la selle de mon frère?

Je fais une promesse devant Dieu le maître du monde, une promesse d’honnête homme et de roi: Quiconque s’avancera pour ce combat, je lui donnerai ma fille Homaï.

Mais aucun homme de l’armée ne s’avança, personne ne fit un pas.

Dernière mise à jour : 7 sept. 2021