Guschtasp

Seconde Station - Isfendiar tue les lions

Kergsar n’avait en partage que le chagrin de voir la fortune des hommes de guerre et d’Isfendiar.

Celui-ci ordonna qu’on lui amenât le prisonnier, qui vint en tremblant et les yeux remplis de larmes; il lui donna trois coupes de vin, et lui demanda:

Que dis-tu maintenant? quelle merveille vais-je voir?

Kergsar répondit au prince:

Ô maître de la couronne, roi au cœur de lion! à la prochaine station tu seras attaqué par des lions, aux griffes desquels le crocodile ne résiste pas;

et l’aigle courageux, si vaillant qu’il soit, n’ose pas voler au-dessus de la route des lions.

Isfendiar, au cœur serein, se mit à sourire, et lui dit:

Ô Turc infortuné, tu verras demain comme je serai brave en face des lions et en les combattant.

Lorsque la nuit fut devenue profonde, le roi ordonna à l’armée de quitter ce lieu, et l’armée se mit en marche dans les ténèbres et en célébrant ses louanges.

Quand le soleil eut converti le sombre voile de la nuit en un voile de brocart jaune, le Sipehbed arriva au lieu du campement des braves et dans la plaine où il devait combattre les lions; il fit appeler Beschouten, lui donna des conseils sans nombre, et lui dit:

Je te confie cette noble armée, et je pars pour livrer combat.

Alors il partit, et lorsqu’il fut près des lions, le monde devint sombre devant leurs âmes.

L’un était un mâle et l’autre une femelle; ils arrivèrent sur lui vaillamment et bravement.

Le mâle s’étant approché, Isfendiar le frappa d’un coup d’épée qui donna à sa face la couleur du corail, et le fendit en deux depuis la tête jusqu’au milieu du dos;

le cœur de la lionne fut rempli de terreur, mais elle bondit comme avait fait le mâle et s’élança sur lui; le héros la frappa de son épée, et fit rouler sa tète dans la poussière.

La main et la poitrine du héros étaient couvertes de sang;

il se jeta dans l’eau et se lava la tête et le corps, en demandant de l’aide à Dieu seul, le très-saint.

Il dit au maître suprême de la justice, au très-saint:

C’est toi qui as tué ces bêtes fauves par ma main.

Pendant ce temps les troupes étaient arrivées; Beschouten regarda les poitrines et les membres des lions, et toute l’armée rendit hommage à Isfendiar et l’appela le prince le plus illustre de la terre.

Ensuite le héros qui leur avait servi de guide se rendit aux tentes du camp; on dressa les tables, et le chef de l’armée, à l’esprit pur, fit apporter des mets délicats.

Dernière mise à jour : 7 sept. 2021