Guschtasp

Rustem tient conseil avec sa famille

...

Rustem, de son côté, arriva dans son palais, et Destan le vit dans l’état où il se trouvait;

Zewareh et Faramourz se mirent à pleurer, ils se consumèrent de douleur en voyant ces blessures;

Roudabeh s’arracha les cheveux et se déchira le visage en entendant leurs cris.

Zewareh s’approcha de lui et défit sa ceinture; on le débarrassa de sa cuirasse en peau de léopard, et tous les sages du pays s’assirent ensemble autour de lui.

Rustem ordonna que ceux qui espéraient pouvoir guérir Raksch le lui amenassent.

L’illustre Destan s’arracha les cheveux;

Il frottait ses joues sur les blessures de son fils, disant:

Pendant ma longue vie je n’ai jamais vu un fils si noble!

Rustem lui répondit:

A quoi servent ces plaintes?

Le ciel a voulu que cela se passât ainsi.

Mais j’ai devant moi quelque chose de plus pénible à faire, et qui remplit mon âme de plus de soucis que ces blessures.

Quelles que soient les excuses que je ferais pour fléchir ce cœur de pierre, Isfendiar ne cherchera qu’à m’humilier par des paroles et par des actes pleins d’arrogance.

J’ai traversé le monde entier, j’ai appris ce qui est connu et ce qui est secret, j’ai saisi le Div blanc par la ceinture et l’ai jeté par terre comme une branche de tremble, et je céderais devant Isfendiar et sa force, et cette fortune du combat!?!

Mes flèches ont traversé des enclumes;

Quand elles ont rencontré un bouclier, elles l’ont trouvé faible;

Mais j’ai eu beau les lancer contre la cuirasse d’Isfendiar, c’était comme si l’on frappait un rocher avec des épines.

Autrefois quand je saisissais une pierre, ma main l’écrasait comme un concombre;

Maintenant j’ai saisi la ceinture d’Isfendiar, mais ma main qui le serrait n’a fait aucune impression sur lui.

Quand un crocodile voyait mon épée, il se cachait sous les pierres;

Mais cette épée ne perce pas la cuirasse sur la poitrine d’Isfendiar, ni même l’étoffe de soie qui lui couvre la tête.

Je rends grâce à Dieu de ce que la nuit était sombre, et de ce que, dans cette obscurité, son œil était trouble.

J’ai échappé à la griffe de ce dragon, mais je ne sais si cette délivrance me sauvera.

Quand je réfléchis, je ne vois d’autre moyen que de monter demain sur Raksch, et de m’en aller dans un lieu où Isfendiar ne-saurait trouver ma trace; et s’il se met à trancher des têtes dans le Zaboulistan, il finira par s’en lasser, quand même l’envie de faire du mal lui durerait longtemps.

Zal lui dit:

Ô mon fils! sois raisonnable.

Puisque tu as fini ton discours, écoute-moi.

Il y a un moyen de sortir de tout dans le monde, si ce n’est de la mort, qui a une autre issue.

Je connais un moyen de salut pour toi, accepte-le!

J’appellerai à notre aide le Simourgh, et s’il veut se faire mon guide, mon pays et mon royaume resteront intacts;

Sinon notre patrie sera réduite en ruines par Isfendiar, ce méchant homme à qui plaît tout ce qui est mal.

Dernière mise à jour : 7 sept. 2021