Guschtasp

Isfendiar fait l'éloge de sa famille

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Isfendiar écouta ces paroles de Rustem, il se mit à sourire et son cœur s’épanouit; il lui dit:

J’ai entendu parler de toutes les douleurs et de tous les soucis que tu as éprouvés pendant tes travaux et tes combats;

Ecoute maintenant le récit de ce que j’ai fait, et comment je me suis élevé au-dessus de tous ceux qui portent haut la tête.

J’ai pris d’abord les armes pour défendre la foi, et j’ai délivré le monde des adorateurs des idoles dans des combats tels que personne ne voyait plus la face du monde, et que la terre avait disparu sous les morts.

Je suis de la race de Guschtasp, qui est fils de Lohrasp;

Lohrasp était fils d’Awrend Schah, qui, dans son temps, possédait un trône et un nom glorieux.

Awrend était descendant de Keï Peschin, à qui son père lui-même rendait hommage;

Peschin était de la race de Keï Kobad, de ce roi sage, au cœur plein de justice, et ainsi tu peux remonter jusqu’au roi Feridoun, qui était le fondateur des Keïanides et l’ornement du trône.

Ma mère est fille de Kaisar, qui est le diadème sur la tête du peuple de Roum.

Le Kaisar est de la race de Selm, d’une race illustre, glorieuse et juste; car Selm était fils de Feridoun, le plus glorieux héros parmi tous les rois.

Je dis, et personne ne le niera, que ceux qui s’égarent sont le grand nombre et, que ceux qui suivent la vraie voie sont le petit nombre.

Tu sais que toi et ton grand-père avez été des serviteurs devant mes aïeux, ces rois puissants, sages et saints.

Je ne veux pas abuser de cette circonstance, mais tu as reçu ta royauté des rois mes ancêtres, quoique aujourd’hui tu te précipites dans la révolte.

Reste jusqu’à ce que j’aie tout dit;

Si j’avance une fausseté, tu me la signaleras.

Depuis que Lohrasp a remis le trône à Guschtasp, je suis armé et puissant par la force que donne la fortune, et quiconque est venu de la Chine pour nous combattre a cessé de recevoir des hommages.

Plus tard, lorsque mon père, à l’instigation de Gurezm, m’eut jeté dans les chaînes et me tenait loin des fêtes, mes chaînes ont porté malheur à Lohrasp, et les Turcs ont couvert de leur armée la surface de la terre.

Djamasp m’amena des forgerons pour me délivrer de mes liens pesants; mais leur travail m’impatientait, mon âme avait envie de l’épée, mon cœur se gonflait, j’ai jeté un cri de rage contre les forgerons, je les ai repoussés, je me suis soulevé de la place où j’étais assis, et j’ai brisé de ma main toutes mes chaînes.

De là je me suis rendu sur le champ de bataille, où la fortune avait abandonné Guschtasp;

Ardjasp s’enfuit devant moi avec toute sa cour illustre;

Je me suis bravement ceint pour le combat, et je les ai poursuivis comme un lion furieux.

Ensuite tu as entendu, comment aux sept stations, toute une armée de Divs s’est mise contre moi, et comment je suis entré par ruse dans le château d’airain, comment j’y ai détruit tout un monde, comment j’ai vengé les Iraniens, comment j’ai pris les armes pour verser le sang des grands.

Ce que j’ai fait dans le Touran et en Chine, ce que j’ai supporté de fatigues et de dangers dépasse tout ce que jamais un onagre a souffert d’un léopard, ou la gueule du crocodile prise par le grappin des pêcheurs.

Il y avait un château sombre sur la crête d’une montagne, placé par son élévation au-dessus de l’atteinte de la foule;

Quand j’y arrivai, je trouvai qu’ils étaient tous des adorateurs des idoles, des gens confus et semblables à des hommes ivres.

Depuis le temps de Tour fils de Feridoun, personne n’avait enlevé à cette forteresse sa gloire d’être imprenable.

Par ma bravoure je me suis emparé de ces murailles, et j’ai jeté par terre toutes ces idoles.

J’y ai allumé le feu que Zerdouscht avait apporté du paradis dans une cassolette.

Grâce à Dieu, l’unique, le distributeur de la justice, je revins dans l’Iran, n’ayant laissé debout nulle part un ennemi, n’ayant laissé en vie aucun brahmane dans les temples d’idoles.

Je me suis toujours jeté seul dans le combat, et personne n’a souffert autant que moi dans les batailles.

Maintenant que nous avons beaucoup parlé de nous-mêmes, prends une coupe de vin, si tu as soif.

Dernière mise à jour : 7 sept. 2021