Feridoun

Naissance de Minoutchehr

...

Prête attention à l’événement que la voûte bleue du ciel amena, après qu’elle eut tourné pendant neuf mois.

Il naquit de la belle Mahaferid, pleine de vertus, un fils digne de toute manière du diadème et du trône.

Aussitôt qu’il fut sorti du sein de sa tendre mère, on le porta au roi.

Celui qui le portait dit :

Ô maître de la couronne, que ton âme se réjouisse !

Regarde cet Iredj.

Les lèvres du maître du monde se remplirent de sourire, tu aurais dit qu’Iredj lui était né de nouveau ; il prit l’enfant illustre entre ses bras et adressa une prière à Dieu :

Plût à Dieu que ma vue me fût rendue, qu’il me permit de voir la face de cet enfant !

Et Dieu, dès que Feridoun l’eut prié, lui accorda ce qu’il demandait et lui rendit la vue.

Le roi, aussitôt qu’il vit ce monde plein de lumière, jeta les yeux sur le nouveau-né, disant :

Que ce jour soit béni !

Que le cœur de mes ennemis soit déchiré !

Il fit apporter du vin brillant et des coupes précieuses et donna à l’enfant au visage ouvert le nom de Minoutchehr, en prononçant ces paroles :

Une branche digne d’une mère et d’un père purs a porté ses fruits.

Il éleva l’enfant de manière que le vent du ciel n’osait passer sur lui.

Le pied de l’esclave qui le portait ne touchait jamais la terre, il ne marchait que sur du musc odorant et la tête couverte d’un parasol de brocart.

Aussi les années passèrent sur lui sans que les astres lui envoyassent de malheur.

Le glorieux roi lui enseigna les vertus dont il avait besoin pour régner.

Feridoun ayant recouvré son cœur et ses yeux, le monde entier fut de nouveau rempli de sa renommée.

Feridoun donna à Minoutchehr un trône d’or, une massue pesante, la couronne royale de turquoises, la clef de son trésor, rempli d’or et de joyaux, le trône, le collier, le diadème, la ceinture et une enceinte de brocart de couleurs variées, remplie de tentes de peaux de léopard.

Les chevaux arabes avec des brides d’or, les épées indiennes à fourreau d’or, les cuirasses, les casques, les cottes de mailles de Roum, qui pouvaient se déboutonner ; puis les arcs blancs et les flèches de bois de peuplier, les boucliers de Chine et les javelots pour le combat ; tous ces trésors, qu’il avait amassés et préparés avec des peines infinies, il les vit tous dignes de Minoutchehr, il sentit son cœur plein d’amour pour lui.

Puis, il ordonna à tous les chefs de son armée, à tous les grands de ses royaumes, de venir auprès de lui et ils vinrent tous le cœur enflammé de vengeance.

Ils le saluèrent comme roi et versèrent des émeraudes sur sa couronne.

Le mouton et le loup marchèrent ensemble dans le monde entier, à cette fête nouvelle et dans ce grand jour.

On y voyait les chefs de guerre, Karen, le fils de Kaweh ; et Schiroui, le terrible lion ; Guerschasp, portant haut la tête et frappant vite de l’épée ; Sam, le fils de Neriman, le champion du peuple ; Kobad et Keschwad à la toque d’or et beaucoup de princes protecteurs du monde ; et lorsque toute l’armée était rassemblée, la tête du roi s’élevait au-dessus de tout le peuple.

Dernière mise à jour : 7 sept. 2021