Feridoun

Avènement de Feridoun au trône

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Feridoun, lorsqu’il se vit le maître fortuné du monde et qu’il ne connut plus d’autre roi que lui-même, prépara le trône et la couronne dans le palais impérial, selon l’usage des rois.

Dans un jour heureux, le premier du mois de Mihr, il posa sur sa tête le diadème royal.

Le monde était délivré de toute crainte du mal, tous suivaient la voie de Dieu ; ils éloignèrent de leurs cœurs toute contestation et instituèrent solennellement une fête.

Les grands s’assirent joyeusement, tenant chacun une coupe de rubis.

Le vin et la face du jeune roi brillaient d’un même éclat, le monde resplendissait de lumière, la lune était nouvelle.

Feridoun ordonna d’allumer un feu et tous y brûlèrent de l’ambre et du safran.

C’est lui qui a institué la fête Mihrgan et l’usage de s’y reposer et de s’asseoir au banquet vient de lui.

Aujourd’hui encore le mois de Mihr rappelle son souvenir.

N’y montre pas un visage soucieux et triste.

Le monde fut en son pouvoir pendant cinq cents ans, dont il n’employa pas un seul jour à jeter les fondements de quelque chose de mauvais.

Le monde ne lui resta pas pour toujours ; ainsi, mon fils, ne te livre pas à tes désirs, ne te consume pas en soucis.

Sache que le monde ne reste à personne et que personne ne peut y trouver beaucoup de joie.

Firanek n’avait pas de nouvelles de ce qui s’était passé ; elle ignorait que son fils était devenu roi de la terre, que Zohak avait été privé du trône impérial et que les jours de sa puissance étaient écoulés, quand il arriva à la mère un message de son noble fils, lui annonçant qu’il était possesseur de la couronne.

Elle s’apprêta à la prière, se purifia la tête et le corps et fit d’abord ses adorations au maître du monde.

Elle prosterna son front contre terre, prononça des malédictions contre Zohak et chanta les louanges du Créateur pour le changement heureux de son sort.

Puis tous ceux qui étaient dans le besoin et qui tenaient caché leur malheur, elle les secourut en secret ; elle n’en parla pas et ne dévoila pas leur misère.

Elle passa ainsi une semaine en bonnes œuvres jusqu’à ce qu’elle ne connût plus de pauvres.

Dans la seconde semaine, elle fit les apprêts d’une fête pour les grands au front superbe.

Elle orna sa maison comme un jardin, elle convia tous les grands à son festin.

Toutes les richesses qu’elle avait amassées, tous ses joyaux les plus secrets, elle les apporta.

Elle ouvrit toutes les portes de ses trésors, elle résolut de distribuer tout ce qu’elle y avait déposé ; elle vit que c’était le temps de prodiguer ses richesses, l’or lui paraissant sans valeur depuis que son fils était roi du monde.

Des habits et des joyaux dignes d’un roi, des chevaux arabes aux brides d’or, des cuirasses et des casques, des javelots et des épées, des diadèmes et des ceintures, elle n’épargna rien.

Elle fit charger des trésors sur des chameaux et tourna son cœur pur vers le maître du monde.

Elle envoya tous ces trésors à son fils et sa langue prononça de nouveau des bénédictions.

Lorsque le maître du monde vit ces présents, il les reçut en adorant sa mère.

Les chefs de l’armée apprenant ces nouvelles, se réunirent auprès du roi, disant :

Ô roi victorieux, toi qui connais le Créateur, que la gloire soit à Dieu et que sa grâce soit sur toi !

Que ta vie soit heureuse comme ce jour !

Que ton bonheur croisse, que ceux qui le veulent du mal périssent, que le ciel te donne la victoire !

Sois toujours illustre et clément !

Tous les hommes instruits par l’expérience se mirent en route de tous côtés pour rendre hommage au roi, mêlant les joyaux et l’or et les répandant sur le trône du roi.

Tous les grands de tout son empire se rangèrent en cercle autour de sa porte dans ce jour de bonheur.

Ils implorèrent Dieu pour qu’il bénît le trône de Feridoun et sa couronne et son diadème et son sceau ; tous levèrent la main vers le ciel, tous prononcèrent des vœux pour son bonheur en disant :

Que le roi puisse vivre éternellement !

Que son sort soit toujours heureux !

Puis Feridoun fit le tour du monde pour voir ce qui était découvert et ce qui était caché.

Partout où il vit une injustice, partout où il vit des lieux incultes, il lia par le bien les mains du mal, comme il convient à un roi.

Il ordonna le monde comme un paradis, il planta des cyprès et des roses à la place des herbes sauvages.

Il passa d’Amol à Temmischeh et fit construire un palais dans cette forêt célèbre, en cet endroit du monde que tu nommes Kous et auquel tu ne connais aucun autre nom.

Dernière mise à jour : 7 sept. 2021