Djemschid

Mort de Djemschid

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Après cela, de grands tumultes remplirent l’Iran et de tous côtés il n’y eut que combats et discordes ; le jour brillant et pur devint noir ; les hommes brisèrent les liens de Djemschid, la grâce de Dieu se retira de lui et il tomba dans la tyrannie et la démence.

De tous côtés s’élevèrent des rois ; sur toutes les frontières se montrèrent des grands de l’empire, qui rassemblèrent des armées et se préparèrent pour le combat, car ils avaient arraché de leur cœur l’amour de Djemschid.

Tout à coup une armée sortit de l’Iran et se dirigea vers le pays des Arabes.

Ils avaient entendu dire qu’il y avait là un homme inspirant la terreur, à face de serpent ; et les guerriers de l’Iran, qui tous demandaient un roi, se dirigèrent vers Zohak.

Ils lui rendirent hommage, comme à leur maître : ils lui donnèrent le titre de roi de l’Iran.

L’homme à face de serpent vint dans l’Iran, rapide comme le vent, pour se mettre la couronne sur la tête ; il rassembla une armée de toutes les provinces de l’Iran et de l’Arabie.

Il tourna son regard vers le trône de Djemschid, il prit le monde comme une bague pour le doigt.

La fortune abandonna Djemschid et le nouveau roi le serrant de près, il s’enfuit et lui laissa le trône et la couronne, le pouvoir, la tiare, le trésor et l’armée ; il disparut et le monde devint noir pour lui, quand il eut abandonné à Zohak son trône et son diadème.

Durant cent ans personne dans le monde ne le vit ; il avait disparu des yeux des hommes ; mais dans la centième année, ce roi infidèle à la pure doctrine apparut un jour sur le bord de la mer de Chine.

Zohak le saisit à l’improviste et ne lui accorda pas un long délai ; il le fit scier en deux et délivra le monde de lui et de la peur qu’il inspirait.

Djemschid s’était caché pendant quelque temps devant l’haleine du serpent, mais à la fin, il ne put se soustraire à lui.

Ainsi disparut son trône royal et sa puissance ; le sort le brisa comme une herbe fanée.

Qui était plus grand que lui sur le trône des rois ?

Mais quel fruit lui revint d’avoir supporté tant de soucis ?

Sept cents ans avaient passé sur lui et lui avaient apporté tout bonheur et tout malheur.

À quoi sert une vie longue ?

Car le monde ne te révèle jamais le secret de ton sort.

Il te nourrit de miel et de sucre et ton oreille n’est frappée que de sons agréables ; mais au moment où tu te vantes qu’il a versé sur toi ses faveurs, que toujours il te montrera sa face d’amour ; au moment où il te flatte et te caresse, quand tu lui as ouvert tous tes secrets, alors il joue avec toi un jeu perfide et fait saigner ton cœur de douleur.

Mon cœur est fatigué de ce monde transitoire.

O Dieu, délivre-moi promptement de ce fardeau !

Dernière mise à jour : 7 sept. 2021