Bahram Gour

Bahram s'enfuit de l'Inde avec la fille du roi Schenguil

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Lorsque Bahram eut commencé à vivre avec la fille de Schenguil, sa femme reconnut qu’il était le roi du monde.

Elle pleurait jour et nuit par tendresse pour lui, tenant ses deux yeux fixés sur son visage et Schenguil, qui s’aperçut de son amour pour son mari, cessa de suspecter celui-ci.

Un jour ils étaient assis ensemble gaiement, parlant de toutes choses, importantes et futiles et le roi Bahram dit à Sepinoud :

Je sais que tu me veux du bien et je vais te dire mon secret, mais prends garde qu’il reste entre nous.

Je veux quitter l’Hindoustan ; m’approuves-tu en cela ?

Je t’emmènerai avec moi, mais il faut que personne de’la cour n’en sache rien.

Ma position dans l’Iran est plus grande qu’ici et le Créateur du monde est mon protecteur.

Si tu te décides à partir, ta raison t’aura bien inspirée.

Partout tu seras saluée comme reine et ton père se tiendra à genoux devant ton trône. »

Sepinoud répondit :

Ô homme qui portes haut la tête !

Cherche ce qu’il y a de mieux et ne te détourne pas de la voie de la sagesse.

La meilleure à des femmes est celle qui rend son mari toujours souriant.

Quand même toute mon âme tremblerait de ce que tu me proposes, je ne te faillirais pas dans l’action. »

Bahram lui dit :

Alors cherche un moyen, mais sans dire un mot à personne de notre secret. »

Sepinoud réponditnO toi qui es digne du trône, je préparerai ce qu’il faut, si la fortune m’est favorable.

Il y a non loin d’ici un lieu de fête, une forêt dans laquelle mon père prépare un festin.

On tient ce lieu pour fortuné et l’on y rassemble les idolâtres.

Il y a vingt l’arsangs jusqu’à cette forêt ; et il faut pleurer quand on se trouve devant toutes ces idoles.

Dans ce lieu on fait des chasses d’onagres et c’est une fête pourles cavaliers du Kanoudj ; le roi et son armée s’y rendront et il n’y aura plus de place pour passer dans la forêt.

Or, si tu veux partir, saisis cette occasion ; puisse la fête durer éternellement et puisses-tu rester toujours jeune !

Aie patience d’ici à cinq jours et quand la couronne qui illumine le monde aura paru et quand le roi aura quitté la ville, alors prépare-toi à partir et mets-toi à l’œuvre. »

Bahram dit à sa femme :

Fais tes arrangements et n’en parle à personne ; nous voulons tous les deux la même chose. »

Il resta ainsi jusqu’à ce que le lieu de la fête fût paré et que les grands partissent.

Lorsque Schenguil se mit en route pour la plaine, la femme de Bahram [il lui dit :

Barzoui est malade, il se fait excuser auprès du roi et le prie de n’avoir pas d’inquiétude pour lui ; mais il dit qu’une fête est chose fâcheuse quand on n’est pas en bonne santé et que le roi glorieux le comprendra. »

Schenguil répondit :

À Dieu ne plaise qu’il pense à la fête s’il est malade ! »

Puis, il partit de Kanoudj à l’aube du jour et se rendit en toute hâte au lieu de la fête.

Lorsque la nuit fut devenue profonde, sa femme dit à Bahram :

Mon cher mari, voici le moment de partir. »

Il revêtit sa cotte de mailles et monta à cheval, accrocha le lacet à la selle, prit sa massue dans sa main, fit monter Sepinoud, prononça tout bas le nom de Dieu et lança son cheval jusqu’à ce qu’il fût arrivé près du fleuve (Indus).

Il aperçut alors sur la route des bagages de marchands ; c’étaient des marchands iraniens, hardis dans leurs voyages par eau et par terre.

Quand ils virent le visage de Bahram, le roi des rois se mordit les lèvres et leur ordonna de ne pas se prosterner.

Il n’avait pas dévoilé son secret même à ses compagnons et alors il dit aux marchands :

Soyez discrets ; votre silence nous sauvera et le contraire nous perdrait.

Si ce secret était connu dans l’Inde, le sang inonderait la terre d’Iran comme une mer.

Celui qui sait se taire réussit ; il faut fermer les lèvres et ouvrir les deux mains.

Pour que je retrouve 5 ’ mon trône, je vais lier vos langues par un grand serment, vous jurerez de ne jamais désobéir au roi Bahram et de garder son secretm Lorsqu’ils eurent juré ainsi et prêté ce serment et que le cœur du roi fut délivré de cette inquiétude, il leur dit :

Gardez dans vos cœurs mon secret et tenez-le pour précieux comme votre vie, si vous voulez changer mes chaînes en diadème.

Si je suis perdu pour le trône, il s’avancera de tous côtés des armées qui sont prêtes et il ne restera ni marchand, m roi, ni Dihkan, ni armée, ni trône, ni couronne. »

Quand ils l’entendirent parler ainsi, ils s’approchèrent en pleurant et le visage inondé de larmes, disant :

Puissent la vie des grands être ta rançon et la jeunesse et la royauté ton ornement !

Si le trésor de ton secret était découvert, notre pays se couvrirait d’une mer de sang et qui oserait seulement penser à chose pareille et faire de sa raison une hache et de son intelligence une cognée ? »

Bahram écouta ces paroles et bénit ces hommes illustres, à la foi pure, puis il courut jusqu’au bord du fleuve, où il trouva ses amis iraniens tous endormis ; il lança un navire pour ses compagnons et prépara une barque dans laquelle il fit asseoir Sepinoud et ils touchèrent terre à l’autre bord lorsque parut le jour, au moment où le soleil qui éclaire le monde commença à briller.

Dernière mise à jour : 7 sept. 2021