Bahman

Bahman venge la mort d'Isfendiar

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Bahman s’assit sur le trône de son grand-père, se revêtit d’une armure et se mit à faire des largesses.

Il donna à l’armée de l’argent, il donna de l’or, il distribua beaucoup de gouvernements de province et de frontières.

Il convoqua une assemblée des sages, des grands et des héros expérimentés dans les affaires et il parla ainsi :

Vous tous, jeunes et vieux, vous tous, hommes à l’esprit serein, vous savez ce qui est arrivé à Isfendiar par la rotation heureuse et malheureuse du sort ; vous savez ce qu’a fait de son vivant Rustem, ce qu’a fait Zal, ce vieillard sorcier et que Faramourz ouvertement et secrètement ne médite que vengeance contre nous.

Et ma tête aussi est pleine de douleur, mon cœur est gonflé de sang et mon cerveau n’est rempli que de vengeance.

Deux héros comme Nousch-Ader et Nousch-Zad, à qui la mort n’inspirait jamais de la crainte, puis un homme comme Isfendiar, qui a fait revivre dans le monde la fortune des rois, furent tués dans le Zaboulistan d’une manière si lamentable que les bêtes en devinrent folles de douleur et que les images dans le palais pleurent encore sur le meurtre d’Isfendiar.

En pensant à ce sang de nos parents illustres, ô mes jeunes et vaillants cavaliers, aucun homme de race pure ne cachera dans l’ombre le joyau de sa vertu, chacun sera pour le monde un ciel protecteur, imitant le roi Feridoun, qui, pour venger le sang de Djemschid, a fait disparaître Zohak du nombre des braves sur la terre.

Plus tard Minoutchehr a amené d’Amol une puissante armée contre Tour et le farouche Selm, est allé en Chine, a vengé son grand-père et a mis les plaines au niveau des montagnes par des monceaux de morts.

Keï Khosrou, lorsqu’il eut échappé à Afrasiab, a rempli la terre de sang comme une mer.

Mon père est venu et a demandé le prix du sang de Lohrasp ; et j’ai devant moi un devoir semblable, car Faramourz, après que son père eut péri, a levé la tête jusqu’au soleil brillant, est allé dans le Kaboul pour venger Rustem et a abaissé dans la poussière le pays entier ; on ne distinguait plus la terre au milieu du sang et on lançait les chevaux sur les cadavres amoncelés.

Mais moi je suis encore plus propre à la vengeance, car je pousse mon cheval contre les éléphants et les lions et je vengerai Isfendiar, un cavalier tel qu’on n’en trouverait pas si l’on énumérait tous les héros illustres dans le monde.

Que vous semble-t-il et que répondez-vous ?

Essayez de me donner un avis qui porte bonheur.

L’armée entendit les paroles de Bahman, tous les amis du roi s’écrièrent :

Nous sommes les esclaves, nos cœurs sont remplis de tendresse pour toi.

Tu sais mieux que nous ce qui s’est fait autrefois ; tu es le plus puissant des hommes de guerre.

Fais tes volontés dans le monde et puisses-tu en tirer de la gloire et du renom !

Personne ne désobéira à tes ordres, car qui oserait enfreindre le pacte qui nous lie ?

Cette réponse de l’armée rendit le roi encore plus ardent pour la vengeance ; tous se préparèrent pour la guerre du Séistan ; c’est elle qu’ils voulaient, c’est pour elle qu’ils se levèrent.

À l’aube du jour les trompettes résonnèrent, la poussière que soulevaient les troupes rendit le ciel couleur d’ébène et une glorieuse armée se mit en route, cent mille cavaliers prêts à frapper de l’épée.

Dernière mise à jour : 7 sept. 2021